Un coach pour vos finances


Édition de Février 2015

Un coach pour vos finances


Édition de Février 2015

Pour que votre épargne fructifie au maximum, vous avez besoin de quelqu'un qui connaît mieux que vous les règles du jeu. Quel genre de coach financier devriez-vous compter dans votre équipe ?

Selon un sondage mené en octobre 2014 par CROP pour la Banque Laurentienne, 64 % des Québécois de 18 à 34 ans ne font jamais appel à un conseiller financier. Si ce pourcentage diminue avec l'âge, malgré tout près de la moitié des répondants de 55 ans et plus affirment ne pas se faire aider par un professionnel de la finance.

Pourtant, comme au gym, les résultats sont meilleurs quand on est épaulé par un entraîneur. On épargnerait davantage quand on est conseillé. La firme de recherche Morningstar a calculé que les placements des investisseurs «conseillés» obtenaient un rendement annuel 1,82 % plus élevé que ceux des investisseurs autonomes.

«Ce n'est pas parce que les conseillers sont plus intelligents que les autres, dit Fabien Major, associé principal chez Major Gestion Privée. C'est plutôt parce qu'ils connaissent leur domaine et qu'ils ne se laissent pas emporter par leurs émotions.»

Cependant, si les avantages généraux d'un conseiller financier sont démontrés, comment repêcher le coach qui vous aidera à atteindre vos objectifs ?

Qui fait quoi ?

On peut facilement se perdre dans l'univers des services financiers personnels. Le terme «conseiller financier» est un fourre-tout commode pour décrire toutes sortes d'experts qui offrent des services substantiellement différents. Ce n'est pas un titre reconnu.

Il y a d'abord le planificateur financier. Son approche est holistique en ce sens qu'il a un regard global sur la vie financière de ses protégés, à la différence du coach obsédé par l'idée de vous faire gagner uniquement de la masse musculaire. Sa mission est non seulement de vous aider à atteindre vos objectifs de retraite, mais il veille aussi à protéger votre santé financière, d'où ses compétences en matière d'assurance, de succession et de fiscalité. C'est un généraliste.

Il y a aussi le courtier en épargne collective. Il est autorisé à vendre des placements, mais uniquement des titres d'organismes de placement collectif (fonds communs de placement). C'est le courtier de l'investisseur moyen, qui s'occupe de la gestion d'un REER, par exemple. Parfois, le courtier en épargne collective porte aussi le chapeau de planificateur financier.

Puis, il y a le courtier en placement (ou courtier en valeurs mobilières) qui peut offrir un éventail plus large de produits financiers (actions, obligations, fonds communs de placement). «Il peut agir comme conseiller dans certains cas, mais le plus souvent, il recevra du client une instruction précise et s'y conformera», explique Sylvain Théberge, porte-parole de l'Autorité des marchés financiers (AMF). Ses clients sont en général des investisseurs plus aguerris. Enfin, le conseiller en sécurité financière est le spécialiste des produits d'assurance de personne. Il est en mesure de proposer un portefeuille de protection qui peut comprendre des produits d'assurance vie, d'assurance invalidité, d'assurance maladies graves et d'autres produits finan-ciers élaborés par les compagnies d'assurance.

Comment ne pas engager Vincent Lacroix

Cela dit, quel que soit son titre, on recherchera principalement quatre qualités chez un conseiller financier : l'honnêteté, la compétence, le courage et la flexibilité.

Entendons-nous, l'honnêteté et la compétence devraient être le strict minimum exigé lorsqu'on confie la gestion de ses placements à un professionnel.

Hélas, au cours des dernières années, les Vincent Lacroix et Earl Jones de ce monde ont rendu les investisseurs suspicieux. C'est normal. L'AMF souligne toutefois que 99,6 % des gens ont une excellente relation avec leur conseiller financier. «Par contre, c'est le 0,4 % qui fait le plus parler de lui...», dit Sylvain Théberge.

Un conseiller financier malhonnête ne l'écrira pas sur sa carte professionnelle. Mais il y a des signes qui ne trompent pas. «Une lumière rouge devrait s'allumer quand un supposé courtier vous demande un chèque personnel pour faire un placement en votre nom, poursuit Sylvain Théberge. C'est une chose qu'un courtier honnête ne ferait jamais.» L'Autorité a conçu un guide pour aider les investisseurs à détecter d'autres «lumières rouges». Le conseiller ne vous fournit aucune documentation écrite et complète sur le placement qu'il souhaite vous vendre ? Attention ! Il vous présente des arguments douteux du genre : «Il faut investir aujourd'hui, demain il sera trop tard» ou «J'ai une source qui me dit que la valeur de cette entreprise va exploser bientôt» ? Danger ! Il vous vante les vertus d'un placement «sans risque» dont le rendement annuel dépasse les 15 % ? Sauvez-vous en courant !

La compétence du conseiller se vérifie au minimum en s'assurant que la personne avec qui on souhaite travailler est inscrite au registre de l'AMF [www.lautorite.qc.ca] et qu'elle a le droit de vendre des produits financiers ou d'exercer des activités liées au conseil.

Un coach ou un exécutant ?

Vient ensuite la notion de courage du conseiller. À moins de savoir précisément quoi faire et comment pour faire fructifier ses actifs, il est évident qu'on doit laisser à son planificateur financier ou à son courtier une certaine marge de manoeuvre. Et celui-ci doit avoir le courage de vous donner l'heure juste. «Le courage, dit le planificateur financier indépendant Jean Dupriez, c'est de pouvoir dire non à un client qui veut spéculer et non investir. C'est parfois plus difficile pour un conseiller débutant qui ne veut pas contredire son client et risquer de le perdre.»

«Pour ma part, j'ai déjà congédié des clients, dit Fabien Major. Quand le client a une personnalité changeante, qu'il me téléphone parce qu'il veut tout à coup investir dans le marché asiatique parce qu'il a lu que ça allait monter ou qu'il remet constamment en question ses projets à long terme... ça ne peut pas fonctionner.»

Pour quelle équipe joue-t-il ?

Enfin, on souhaitera que son coach financier soit le plus flexible et le plus indépendant possible.

Jean Dupriez, qui oeuvre dans cette industrie depuis 30 ans, classe les courtiers en placement en trois catégories : les «captifs», les «semi-liés» et les «agents libres».

Les «captifs» travaillent pour une succursale bancaire et vendent principalement des produits financiers maison. Un fonds Desjardins vendu par un conseiller de Desjardins, par exemple. Les fonds peuvent être de bonne qualité, là n'est pas la question. Il faut simplement ne pas oublier que pour l'investisseur, le champ des possibilités est plus restreint. Par contre, les services de ce type de courtier en placement sont généralement gratuits.

Les semi-liés sont aussi des représentants de grandes institutions financières. Ils ont des produits maison à vendre, mais bénéficient d'une certaine marge de manoeuvre et pourront proposer certains autres placements. Ils sont généralement employés d'une maison de courtage affiliée (RBC Valeurs mobilières ou Financière Banque nationale, par exemple).

Quant aux agents libres, ils travaillent pour des entreprises qui n'ont pas de produits financiers en particulier à mettre en avant.

«Habituellement, les gens choisiront un conseiller indépendant pour la proximité du service, ajoute Sylvain Théberge, de l'AMF. La sécurité qu'ils pourraient trouver auprès d'une institution bancaire s'associe au sentiment d'être un client parmi tant d'autres...» Cela ne veut pas dire que vous ne recevrez pas un service attentionné et de qualité auprès de votre institution financière. Par contre, le conseiller aura sûrement moins de marge de manoeuvre.

Qu'il soit indépendant ou pas, vous devrez surtout vous assurer que vous avez des atomes crochus avec votre conseiller. Vous êtes plus terre à terre et du genre «relationel» ? Ne vous engagez pas dans une relation à long terme avec un conseiller qui n'arrive pas à sortir de son jargon et ne demande pas de nouvelles de vos enfants. Cherchez un coach qui vous ressemble.

COACH FINANCIER : 3 QUESTIONS AVANT DE L'ENGAGER

1. Qui sont vos clients ?

Votre conseiller financier a-t-il des clients dont le profil est semblable au vôtre ? Correspondez-vous à sa clientèle habituelle ? Vous ne voulez pas être le premier travailleur autonome monoparental qu'il conseille. N'hésitez pas à lui demander ce qu'il suggère aux clients qui vous ressemblent...

2. Quelle est votre rémunération ?

La formule de rémunération peut varier, et ce, pour tous les types de conseillers. Le planificateur financier peut recevoir un salaire ou des honoraires, et parfois être payé à commissions s'il est aussi représentant en épargne collective. De manière générale, ce dernier est payé à commissions, qui proviennent des frais de gestion que les sociétés de fonds communs vous facturent. Les courtiers sont payés à commissions ou par des frais de gestion, ou les deux. Le mode de rémunération peut avoir un impact sur la qualité du service. L'idée est de s'assurer que votre intérêt et le sien sont le plus alignés possible. Par exemple, s'il vous conseille souvent d'acheter et de vendre des titres, méfiez-vous s'il est payé à la transaction.

3. Quelles seront nos communications ?

Aurez-vous un accès facile au conseiller, par courriel ou par téléphone ? Et s'il gère vos placements, à quelle fréquence en recevrez-vous un relevé ? Un rapport trimestriel est souhaitable en général.

LES CONSEILS D'UN ROBOT ?

L'industrie des services-conseils financiers en ligne automatisés (ou robots-conseillers) fait fureur depuis quelques années. Ils ont tout pour séduire : des frais de gestion peu élevés, des services de rééquilibrage de portefeuilles de placements ou des conseils pour planifier sa retraite, et ce, directement sur Internet. Pour établir votre profil d'investisseur, un système en ligne vous pose une série de questions en vue de cerner votre tolérance au risque. Après quoi, il vous attribue une «cote» et crée un portefeuille de placement (de fonds indiciels, le plus souvent) qui correspond à votre situation.

Aux États-Unis, ces robots-conseillers affichent déjà plus de 15 milliards de dollars américains d'actif sous gestion. Et ils font tranquillement leur nid au Canada. Le site américain WealthBar.com vient en effet de lancer ses activités en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique. D'autres provinces s'ajouteront bientôt. À surveiller !

À la une

Equifax Canada teste l'ajout de l'historique du loyer dans la cote de crédit

Il y a 36 minutes | La Presse Canadienne

L’agence soutient qu’elle a testé de petits volumes de données sur le paiement des loyers pour évaluer leur pertinence.

Repreneuriat: des employés au rendez-vous

REPRENEURIAT. Le taux de survie des coopératives est bien meilleur que celui des entreprises privées.

La hausse de l'impôt sur le gain en capital rapporterait 1G$, selon Girard

Mis à jour à 13:47 | La Presse Canadienne

C’est ce qu’a indiqué le ministre des Finances, Eric Girard, mardi en commission parlementaire.