Reporter ses investissements pour contrer le dollar faible : une fausse bonne idée


Édition du 09 Mai 2015

Reporter ses investissements pour contrer le dollar faible : une fausse bonne idée


Édition du 09 Mai 2015

 

Quand le dollar canadien est faible, la tentation est grande de vouloir se limiter aux achats d’équipements essentiels et de reporter les autres investissements à plus tard. Mais cette stratégie « court-termiste » est néfaste à plus long terme pour les entreprises. 
La plupart des biens de capitaux sont importés d’Allemagne et des États-Unis, et l’impact sur le coût est marqué quand le huard perd 20 %. Pour Germain Belzile, maître d’enseignement au Département d’économie appliquée à HEC Montréal, le risque est de voir des entreprises décider de moins investir. « Ce serait dangereux pour l’économie canadienne dans son ensemble, car cela se traduirait par une baisse de la productivité et par un niveau de vie plus faible à long terme », explique-t-il. Continuer à investir dans des machines modernes est vital pour l’avenir des entreprises comme pour celui de l’économie du pays. « Si le progrès technologique n’est pas incorporé et qu’il ralentit, l’impact sur la viabilité des entreprises à long terme sera majeur. »
Ce scénario du report d’investissements pourtant nécessaires s’est déjà produit autrefois. « Le dollar canadien est passé de 90 cents à 63 cents au début des années 1990, raconte le spécialiste. Et les investissements ont été remis aux calendes grecques. » 
M. Belzile n’est pas le seul à s’inquiéter d’une possible baisse des investissements de la part des entreprises canadiennes et québécoises. Suzanne Benoît, pdg d’Aéro Montréal, la grappe aérospatiale du Québec, se montre elle aussi prudente. « La baisse du dollar canadien pourrait être un écueil pour la compétitivité des entreprises si elles décidaient de ne plus investir », souligne-t-elle. Jusqu’à récemment, cela coûtait moins cher d’acheter des robots et d’investir dans l’automatisation, car le dollar canadien était fort. « Il ne faudrait pas tomber dans l’autre extrême et que cela change trop rapidement, prévient-elle. C’est un enjeu pour notre industrie, car si le dollar reste bas, cela pourrait avoir un impact sur l’automatisation des usines. »
Pour le moment, ces craintes ne se sont pas encore matérialisées, puisque d’après Mme Benoît, les effets ne seraient pas visibles avant 18 mois. Sur le terrain, certaines entreprises refusent de choisir la voie de la facilité en s’abstenant d’investir. Pour celles qui bénéficient d’une stratégie de couverture naturelle, il est toujours possible d’acheter leurs équipements en billets verts. C’est le cas du Groupe Meloche, qui fabrique des éléments de fuselage, de moteur et d’aile d’avion à partir de métaux et de machines achetés à l’étranger. « Les équipements les plus chers sont souvent payés en dollars américains, annonce son pdg, Hugue Meloche. Mais si on a un besoin d’un équipement, on ne s’empêchera pas de se le procurer, même si le dollar est faible. »
Pour le chef d’entreprise, il est clair que le niveau du huard ne doit pas influencer la stratégie de l’entreprise en matière d’investissement. « Si on décide de décaler un achat d’un an, qui me dit que le dollar canadien ne sera pas encore plus faible à ce moment-là ? se demande M. Meloche. Nous ne sommes pas en affaires pour jouer en Bourse ! Si on a besoin d’équipement, on ne tiendra pas compte du niveau du dollar canadien, mais de notre plan d’affaires. »
En février dernier, le Conference Board du Canada a fait part de son optimisme quant au fait que la croissance des exportations permise par la baisse du huard devrait se répercuter de manière positive dans les investissements des entreprises. Attention donc à ce que la faiblesse du dollar canadien n’amène les sociétés importatrices à se laisser distancer par les autres dans la course aux investissements !

 

Quand le dollar canadien est faible, la tentation est grande de vouloir se limiter aux achats d’équipements essentiels et de reporter les autres investissements à plus tard. Mais cette stratégie « court-termiste » est néfaste à plus long terme pour les entreprises.

La plupart des biens de capitaux sont importés d’Allemagne et des États-Unis, et l’impact sur le coût est marqué quand le huard perd 20 %. Pour Germain Belzile, maître d’enseignement au Département d’économie appliquée à HEC Montréal, le risque est de voir des entreprises décider de moins investir. « Ce serait dangereux pour l’économie canadienne dans son ensemble, car cela se traduirait par une baisse de la productivité et par un niveau de vie plus faible à long terme », explique-t-il. Continuer à investir dans des machines modernes est vital pour l’avenir des entreprises comme pour celui de l’économie du pays. « Si le progrès technologique n’est pas incorporé et qu’il ralentit, l’impact sur la viabilité des entreprises à long terme sera majeur. »

Ce scénario du report d’investissements pourtant nécessaires s’est déjà produit autrefois. « Le dollar canadien est passé de 90 cents à 63 cents au début des années 1990, raconte le spécialiste. Et les investissements ont été remis aux calendes grecques. »

M. Belzile n’est pas le seul à s’inquiéter d’une possible baisse des investissements de la part des entreprises canadiennes et québécoises. Suzanne Benoît, pdg d’Aéro Montréal, la grappe aérospatiale du Québec, se montre elle aussi prudente. « La baisse du dollar canadien pourrait être un écueil pour la compétitivité des entreprises si elles décidaient de ne plus investir », souligne-t-elle. Jusqu’à récemment, cela coûtait moins cher d’acheter des robots et d’investir dans l’automatisation, car le dollar canadien était fort. « Il ne faudrait pas tomber dans l’autre extrême et que cela change trop rapidement, prévient-elle. C’est un enjeu pour notre industrie, car si le dollar reste bas, cela pourrait avoir un impact sur l’automatisation des usines. »

Pour le moment, ces craintes ne se sont pas encore matérialisées, puisque d’après Mme Benoît, les effets ne seraient pas visibles avant 18 mois. Sur le terrain, certaines entreprises refusent de choisir la voie de la facilité en s’abstenant d’investir. Pour celles qui bénéficient d’une stratégie de couverture naturelle, il est toujours possible d’acheter leurs équipements en billets verts. C’est le cas du Groupe Meloche, qui fabrique des éléments de fuselage, de moteur et d’aile d’avion à partir de métaux et de machines achetés à l’étranger. « Les équipements les plus chers sont souvent payés en dollars américains, annonce son pdg, Hugue Meloche. Mais si on a un besoin d’un équipement, on ne s’empêchera pas de se le procurer, même si le dollar est faible. »

Pour le chef d’entreprise, il est clair que le niveau du huard ne doit pas influencer la stratégie de l’entreprise en matière d’investissement. « Si on décide de décaler un achat d’un an, qui me dit que le dollar canadien ne sera pas encore plus faible à ce moment-là ? se demande M. Meloche. Nous ne sommes pas en affaires pour jouer en Bourse ! Si on a besoin d’équipement, on ne tiendra pas compte du niveau du dollar canadien, mais de notre plan d’affaires. »

En février dernier, le Conference Board du Canada a fait part de son optimisme quant au fait que la croissance des exportations permise par la baisse du huard devrait se répercuter de manière positive dans les investissements des entreprises. Attention donc à ce que la faiblesse du dollar canadien n’amène les sociétés importatrices à se laisser distancer par les autres dans la course aux investissements !

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