Pas de flambée du pétrole prévue à court terme

Publié le 13/03/2010 à 00:00

Pas de flambée du pétrole prévue à court terme

Publié le 13/03/2010 à 00:00

Par Marie-Claude Morin

Le prix du baril de pétrole est-il mûr pour un rebond ? Ce serait prématuré, croient les experts, qui pensent que le prix du baril ne dépassera pas 90 $ US en fin d'année. Il stagne entre 70 et 80 $ US depuis l'automne.

Les prévisions des experts varient, car ils ne s'entendent pas sur la vigueur de la reprise économique, dont dépend le prix du pétrole. Cependant, tous les experts consultés sont un peu surpris du cours actuel de 80 $ US.

Par exemple, Bob Gorman, stratège en chef de TD Waterhouse, juge que le prix du baril est légèrement surévalué compte tenu de la demande, qui est inférieure de 2 % au niveau historique correspondant à un tel cours, et du niveau des stocks, qui sont à 95 jours, alors que la moyenne historique est de 86 jours.

" La discipline de l'OPEP, les bonnes données économiques au Canada et aux États-Unis et l'intérêt des spéculateurs soutiennent le prix du pétrole ", dit-il. M. Gorman s'attend à ce que le baril stagne entre 70 et 85 $ US d'ici la fin de 2010, mais croit qu'il rebondira à long terme.

À la Banque Laurentienne, on juge aussi le marché trop optimiste. " La reprise de l'économie mondiale, surtout celle des pays industrialisés, s'essoufflera lorsque les politiques fiscales et monétaires prendront fin ", dit l'économiste Sébastien Lavoie.

Si un tel scénario se concrétise, les investisseurs se réfugieront dans le marché américain. Une bonne nouvelle pour le billet vert, mais un frein aux produits libellés en dollars américains, comme le pétrole et les matières premières. Selon l'institution, le baril touchera un creux de 60 ou 70 $ US à la fin de 2010, puis retrouvera sa vigueur en 2011, lorsque la croissance s'installera réellement.

D'autres croient plutôt que la reprise est bel et bien enclenchée. " Les entreprises manufacturières augmenteront la production et les consommateurs retrouveront leurs habitudes de déplacements. Cela haussera le prix du baril à 85 ou 90 $ US d'ici la fin de 2010 ", explique Ian Nakamoto, directeur de la recherche chez MacDougall, MacDougall & MacTier.

Acheter sur faiblesse

Les investisseurs opportunistes et sélectifs trouveront encore des occasions dans le secteur pétrolier.

Le titre de certaines entreprises solides et aux réserves imposantes pourrait reculer exagérément si le baril chute (autour de 70 $ US) ou si elles annoncent de mauvaises nouvelles qui n'auraient qu'un effet passager, explique Jean-René Ouellet, analyste principal chez Valeurs mobilières Desjardins.

Dans cette catégorie, Suncor Energy est sur toutes les lèvres. L'entreprise a déçu au dernier trimestre, mais elle offre encore un bon potentiel de croissance des revenus et de la rentabilité.

Canadian Natural Resources (CNR) et Talisman Energy plaisent aussi. La hausse récente du dividende de CNR traduit un haut niveau d'optimisme de la part de la direction, estime Ian Nakamoto. Quant à Talisman, le marché ne reconnaît pas son potentiel et la sous-évalue constamment, dit-il.

Pour sa part, M. Ouellet recommande le titre de Canadian Oil Sands à ceux qui prévoient des prix élevés à long terme.

Pour les plus prudents, il suggère des pétrolières intégrées comme Husky Energy et Imperial Oil, moins exposées à une baisse du baril.

Il déconseille toutefois les fiducies de revenu, qui ne pourront pas maintenir leurs distributions une fois qu'elle se seront converties en société par actions, en 2011.

À la une

Monique Leroux: notre productivité reflète notre manque d’ambition

Édition du 10 Avril 2024 | François Normand

TÊTE-À-TÊTE. Entrevue avec Monique Leroux, ex-patronne de Desjardins et ex-présidente du CA d'Investissement Québec.

Budget fédéral 2024: «c'est peut-être un mal pour un bien»

EXPERT INVITÉ. Les nouvelles règles ne changent pas selon moi l'attrait des actions à long terme.

Gain en capital: la fiscalité va nuire à l’économie, selon le patron de la Nationale

Le banquier craint que la mesure ne décourage l’investissement au Canada.