Les avantages fiscaux du CELI ont charmé plus d'un investisseur. Photo : DR
Vous avez ouvert un CELI il y a un an. Vous vous demandez sans doute maintenant comment mieux en profiter. Voici notre plan.
" J'ai ouvert un CELI chez ING. Une partie est placée dans un CPG qui rapporte 3 %, et une autre dans un compte à rendement élevé de 2 %. En un an, je n'épargnerai qu'un gros 30 dollars d'impôt. Il doit bien exister des manières plus excitantes d'utiliser le CELI. "
C'est dans ces termes que Daniel Germain m'a commandé cet article sur le compte d'épargne libre d'impôt. Il a beau être rédacteur en chef d'Affaires Plus, comme tout investisseur, il s'interroge sur les façons d'utiliser astucieusement le dernier-né de l'industrie financière.
Pour l'instant, le CELI souffre de sa jeunesse, et aussi des taux d'intérêt anémiques. Pendant la deuxième année d'existence du CELI, en 2010, un investisseur qui utilisera tous ses droits de cotisation y aura versé au total 10 000 dollars. Avec des taux de 2 ou 3 %, il n'y a pas de quoi écrire à sa mère au sujet du rendement obtenu, même à l'abri de l'impôt.
" Beaucoup de nos clients se servent encore du CELI comme d'un compte de banque, avec peu de rendement mais sans risque, remarque Simon Thibault, planificateur financier chez BMO Groupe financier, à Mascouche. À l'autre extrême, une minorité d'investisseurs visent le coup de circuit parce qu'ils peuvent se permettre de tout perdre. " Entre ces deux points limites, il reste encore et toujours les règles de base de l'investissement.
Le CELI à sa place
D'abord, il faut savoir ce que représente l'argent déposé dans votre CELI : s'agit-il d'une provision pour acheter une nouvelle automobile dans deux ans ? Pour financer un voyage l'an prochain ? Pour constituer un fonds d'urgence ? Pour accumuler un capital retraite hors REER ? Pour ajouter une source de revenus à l'abri de l'impôt ?
" L'investisseur doit se demander sérieusement ce qu'il veut faire de cet argent, croit Denis L'Hostie, directeur principal, planification financière, à la Banque Laurentienne. S'il ne croit pas en avoir besoin à court ou à moyen terme, il devrait immédiatement adopter une stratégie d'investissement à long terme. "
François Chartier, conseiller en placement chez le courtier de la Financière Banque Nationale, sépare la gestion des liquidités pour des projets à court terme de l'intégration du CELI à un portefeuille de placement, pour la retraite, par exemple.
Dans le premier cas, la protection du capital doit primer. Il faut accepter le bas rendement actuel des certificats de placement garanti (CPG) et choisir les échéances en fonction du moment projeté pour le retrait.
Dans le second cas, le CELI doit prendre sa place au sein de votre portefeuille. En général, nous avons tous, outre un compte de banque, un compte REER, et parfois un compte de courtage de valeurs mobilières hors REER. Le CELI est un nouveau compte. " Toutefois, ajoute François Chartier, il faut d'abord déterminer les placements qu'on veut faire, pour décider ensuite du meilleur compte. " Or, la principale caractéristique du CELI est de protéger du fisc tous les revenus et les gains en capital obtenus. " Je recommande donc à mes clients d'y mettre, parmi les placements qu'ils auraient faits de toute façon, ceux qui seraient les plus touchés par l'impôt ", ajoute le conseiller.
CELI ou Bungee ?
Les avantages fiscaux du CELI, en particulier l'absence d'impôt sur le gain en capital, ont charmé plus d'un investisseur. Ce dernier facteur, combiné à la remontée boursière de 2009, a suffi pour que certains investisseurs se lancent en Bourse et réussissent de bons coups. Certains ont même essayé le day-trading. C'est toujours plus facile quand tout remonte en flèche après une descente en piqué.
Peut-on vraiment spéculer à l'intérieur du CELI, c'est-à-dire viser le coup spectaculaire qui pourrait tout aussi bien se transformer en fiasco ? François Chartier pense que ce n'est pas une bonne idée de se mettre tout d'un coup à miser sur un penny stock, ces titres hautement spéculatifs qui ne coûtent que quelques sous l'action. " Le principal inconvénient, c'est qu'on ne peut déduire une perte en capital si le placement tourne mal, remarque-t-il. Par contre, si le placement s'avère un bon coup, l'avantage est évident puisque l'investisseur n'aura pas à payer d'impôt sur le gain en capital. "
La plupart des investisseurs ont toutefois avantage à se concentrer sur leur plan de match original et à éviter les sentiers hasardeux. " Le CELI n'est pas un moyen d'investir dans des titres que nous n'aurions jamais osé acheter auparavant, prévient Denis L'Hostie. Il faut vraiment établir des objectifs et toujours tenir compte de notre profil d'investisseur, en particulier de notre tolérance au risque. En fait, ajoute ce planificateur financier, l'investisseur peut très bien employer la stratégie qu'il a élaborée dans son REER pour construire son portefeuille CELI. "
Surtout, il ne faut pas oublier que tous les placements admissibles à un REER le sont aussi à un CELI. Ce dernier n'est ni un compte avec activités, ni une sorte de casino. CELI ou pas, la tolérance au risque demeure un facteur clé à considérer. " Si vous êtes allergique aux fortes fluctuations que peut connaître un titre comme Research in Motion, le CELI n'arrangera pas les choses ", conclut François Chartier.
