Les exceptions de l'art

Publié le 01/09/2009 à 00:00, mis à jour le 08/10/2013 à 11:08

Les exceptions de l'art

Publié le 01/09/2009 à 00:00, mis à jour le 08/10/2013 à 11:08

Collectionneur d'art, j'étais de passage à Vancouver récemment et j'ai assisté à ma première vente aux enchères chez le chef de file de l'heure au Canada : Heffel. J'ai fait une offre sur trois lots pour moi-même et sur deux autres à la demande d'un ami. J'ai eu beaucoup de " chance " en n'achetant aucune des cinq oeuvres et en conservant ainsi mon argent. Les oeuvres convoitées étaient de petits tableaux d'E. J. Hughes, de Goodrich Roberts et de Jean-Paul Lemieux. Le premier était un dessin ; le deuxième un autoportrait, et le dernier, un très petit portrait des débuts de Lemieux.

Je m'attendais à ce que les prix soient bas. Surprise ! Chacune des oeuvres s'est vendue au prix du catalogue, voire à un prix supérieur. Dans tous les cas, sauf un, l'autoportrait de Roberts, mon offre la plus élevée, bien au-delà du prix espéré dans le catalogue, ne s'est jamais rapprochée du prix d'adjudication.

Les prix des actions, de l'immobilier et d'autres objets de collection s'effondrent. Chaque jour amène son lot de pertes d'emplois et de fermetures d'usines, et l'épargne revient à la mode. Pourquoi de tels prix dans le marché de l'art ?

En fait, leurs prix chutent également dans l'ensemble, mais ceux des oeuvres haut de gamme, même des petites pièces, explosent ! La pièce de résistance à l'enchère était une oeuvre remarquable d'Emily Carr, une peintre qui de son vivant ne mangeait pas à sa faim. Elle a été adjugée pour quelque 2,2 millions de dollars, le prix le plus élevé jamais payé pour une toile d'Emily Carr.

Les oeuvres d'art sont en grande partie uniques, particulièrement les peintures et les dessins. Comme elles sont uniques et que l'oeuvre de chaque artiste est limitée à la production d'une vie, les pièces de renom des grands artistes tendent à voir leur prix grimper au fur et à mesure que les musées ou d'autres collections permanentes acquièrent les oeuvres de qualité du quartile supérieur. Le feu ou la détérioration en font aussi disparaître un grand nombre.

Les chefs-d'oeuvre se font donc de plus en plus rares sur le marché. Une vive concurrence, souvent mondiale, s'ensuit entre les collectionneurs, notamment entre les musées et les milliardaires, pour qui quelques millions, voire 50 millions de dollars, ne posent aucun problème s'ils désirent vraiment mettre la main sur une peinture. J'ai néanmoins été très surpris de voir que les prix chez Heffel étaient à ce point supérieurs à ceux qu'ont obtenus d'autres oeuvres semblables il y a à peine six mois ou un an. On peut y voir un manque de confiance dans les autres types d'investissements.

Les oeuvres haut de gamme se révèlent donc un des investissements à long terme les plus sûrs et les plus recherchés. Les modes influent sur les prix, mais les fluctuations touchent davantage les oeuvres qui se classent dans les troisième et quatrième quartiles. Une des façons de devenir un investisseur prospère est de s'intéresser à l'art. On y trouve du plaisir, et une vente aux enchères peut être aussi palpitante qu'une partie de hockey.

stephen.jarislowsky@transcontinental.ca

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