Les banques canadiennes sont-elles vraiment de mauvais placements à long terme ?


Édition du 17 Octobre 2015

Les banques canadiennes sont-elles vraiment de mauvais placements à long terme ?


Édition du 17 Octobre 2015

Par Philippe Leblanc

Je lisais récemment un article du Globe & Mail qui énonçait les quatre défis clés auxquels les grandes banques canadiennes font face :

> L'économie canadienne se contracte ;

> Le secteur pétrolier pourrait avoir de la difficulté à rembourser ses dettes ;

> Les nouvelles technologies permettent à de nouveaux acteurs d'attaquer la mainmise des grandes banques sur leur marché ;

> Les prix relativement élevés d'actifs que pourraient acheter les banques rendent leur croissance difficile.

À ces défis, il faudrait ajouter que le marché immobilier canadien est bien évalué, voire surévalué dans certaines régions du Canada, et que les Canadiens sont trop endettés. En outre, les banques subissent toujours une pression à la baisse sur leurs marges d'intérêt, un phénomène qui pourrait bien durer encore un certain temps dans le contexte économique actuel.

Un revers à la médaille

Par contre, je me méfie toujours des articles ou des exposés qui ne présentent qu'un seul côté de la médaille. Voyons cet autre côté.

Ainsi, la valeur des grandes banques canadiennes a sensiblement baissé au cours des derniers mois. On notera que leur évaluation est relativement basse, alors que les titres se négocient en moyenne à 10,1 fois les bénéfices prévus de 2016 (octobre). Qui plus est, à leurs cours récents, ces titres offrent un rendement en dividende moyen de 4,5 %. Je suis d'avis que les marchés escomptent en grande partie les défis auxquels font face les banques canadiennes.

Mieux capitalisées et plus diversifiées

Une des leçons de la crise de 2008-2009 est que les grandes banques mondiales doivent être très bien capitalisées afin de traverser toute crise qui pourrait survenir. Même si les banques canadiennes étaient déjà mieux capitalisées que la plupart des grandes banques mondiales, elles n'ont pas échappé à la vague de réglementation qui a secoué le secteur bancaire au cours des dernières années. Par exemple, le ratio de capital total de la Banque Royale a augmenté pour passer de 11,5 %, en 2007, à 13,4 %, en 2014. C'est sans compter le fait que les calculs du capital se font maintenant selon les normes internationales Bâle III qui sont nettement plus exigeantes que les normes antérieures.

Grâce à leurs efforts de diversification, notamment la gestion de patrimoine et les marchés des capitaux, les banques canadiennes tirent une partie décroissante de leurs revenus de leurs activités bancaires traditionnelles. Dans le cas de la Banque Royale, 50,3 % de ses bénéfices en 2014 ont été attribuables aux activités autres que bancaires ; en 2005, cette proportion était de 65,8 %.

La Banque Royale est mieux diversifiée aujourd'hui qu'elle ne l'était en 2005. Pourtant, en 2005, son titre se négociait à près de 14 fois ses bénéfices par rapport à un ratio actuel de 11,0 fois ses bénéfices des 12 derniers mois.

Par ailleurs, une des forces des grandes banques réside dans leur capacité d'offrir une gamme étendue de services financiers sous un même toit, à un point de service unique, la succursale bancaire. Par exemple, elles sont très bien placées pour desservir l'entrepreneur qui vend sa société, lui offrant à la fois financement, acheteur et des services de gestion du nouveau patrimoine. Quant aux défis technologiques, il est vrai qu'ils existent, mais les banques ne sont-elles pas les mieux placées pour investir les sommes importantes que nécessitent les solutions technologiques ?

Il y a quelques années, après la crise de 2008-2009, de nombreux observateurs vantaient les mérites du système économique canadien et la solidité de nos banques. Les institutions financières du pays avaient réussi à traverser la crise sans trop de difficultés, et plusieurs les considéraient comme «les meilleures du monde». De plus, le modèle canadien était reconnu internationalement comme «un exemple». Six ans plus tard, les investisseurs étrangers évitent le marché canadien, et les titres de nos grandes banques sont boudés.

Je me méfie toujours des superlatifs, tout comme des opinions trop négatives. La réalité est rarement entièrement blanche ou noire, mais souvent grise. Nos banques canadiennes n'ont probablement jamais été «les meilleures du monde» mais elles méritent mieux que ce que les investisseurs leur accordent présentement.

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100, une boutique de gestion de patrimoine, et éditeur de la Lettre financière COTE 100, distribuée depuis 1988. Divers comptes sous la gestion de COTE 100 possèdent des actions de banques canadiennes.

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