Le seul avantage gratuit dans les placements

Publié le 09/06/2014 à 10:58

Le seul avantage gratuit dans les placements

Publié le 09/06/2014 à 10:58

Supposons qu'un ami sans expérience préalable des placements ait hérité d'un million de dollars et soit excité par une action technologique recommandée par son beau-frère. Vous lui conseilleriez probablement de ne pas placer la totalité de la somme dans cette action, mais plutôt d'investir dans un portefeuille diversifié d'actions et d'autres catégories d'actifs.

Supposons maintenant qu'au lieu d'une action particulière, votre ami envisage d'investir tout son magot dans un FNB diversifié d'actions canadiennes. Vous lui conseilleriez probablement de diversifier sa mise dans plusieurs catégories d'actifs, mais lui conseilleriez-vous d'investir dans des marchés boursiers en dehors du Canada? Dans l'affirmative, combien?

Les investisseurs du monde entier ont une préférence marquée pour leur pays d'origine lorsqu'il s'agit de se constituer un portefeuille de placement, surtout dans le domaine des actions. Les investisseurs canadiens ne font pas exception à la règle. Bien que ce soit moins un problème pour les investisseurs américains puisque le marché américain est diversifié au niveau des secteurs économiques et qu'il représente une grosse portion du marché boursier mondial, c'est un problème (ou ça devrait l'être) pour les investisseurs dans les pays où le marché boursier a moins d'envergure. C'est particulièrement vrai pour les pays comme le Canada, dont les marchés sont concentrés dans quelques secteurs économiques.

La diversification est le seul avantage que l'on puisse obtenir gratuitement dans les placements. En diversifiant, les investisseurs peuvent réduire le risque et, potentiellement, améliorer le rendement. Pour en faire la preuve, imaginez que le rendement d'un portefeuille fluctue entre -15 % et 25 % de sorte que le rendement moyen est de 5 %. Au fil du temps, son rendement composé sera de 3,1 %.

Maintenant, supposons que grâce à la diversification, il soit possible de créer un portefeuille dont les rendements varient de -5 % à 15 %. Le rendement moyen de ce portefeuille est aussi de 5 %, mais son taux de rendement composé sera d'environ 4,5 %. Cela illustre l'évidence mathématique selon laquelle, si l'on a deux portefeuilles dont le rendement moyen est le même, celui qui a la plus faible volatilité surclassera l'autre. Par conséquent, il faut saisir la moindre occasion de réduire la volatilité sans réduire le rendement moyen.

Les occasions de réduire la volatilité par la diversification proviennent du fait que différentes catégories et différents marchés ont chacun leur propre cadence. J'en veux pour exemple le comportement des marchés boursiers canadien et américain. Bien que les économies canadienne et américaine soient étroitement liées, leurs marchés boursiers sont des entités distinctes. Pour mettre cela en évidence, j'ai calculé la corrélation des rendements mensuels de l'Indice composé S&P/TSX et de l'Indice S&P 500 pendant la période allant de janvier 1988 à avril 2014 (j'expliquerai plus tard pourquoi j'ai choisi cette période). Cette corrélation est d'environ 0,6, chiffre considérablement plus faible que le 1,00 qui s'appliquerait si les deux indices étaient alignés l'un sur l'autre. (Dans tous les exemples fournis dans cet article, les rendements de tous les indices d'actions étrangères sont convertis en dollars canadiens.)

Pendant cette période, l'Indice composé S&P/TSX a connu un écart-type annualisé d'environ 14,4 %, et le S&P 500 un écart-type d'environ 12,9 %. Une combinaison de ces deux indices à proportions égales, rééquilibrée tous les mois, aurait un écart-type d'environ 12,2 %, inférieur à celui de chaque indice pris séparément.

Bien sûr, le Canada et les États-Unis ne constituent que les marchés développés de l'Amérique du Nord. Pour obtenir une diversification vraiment mondiale, il faut y inclure les marchés d'Europe et d'Asie. L'Indice MSCI EAEO est probablement la représentation la plus populaire des marchés développés à l'extérieur de l'Amérique du Nord. EAEO est l'acronyme de « Europe, Australasie et Extrême-Orient », et l'indice comprend donc l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Les fonds indiciels et les FNB axés sur l'EAEO sont les moyens les plus simples pour la plupart des investisseurs d'accéder à une participation à ces marchés. Ou alors, on peut investir dans un fonds activement géré qui a pris cet indice comme point de référence.

J'ai examiné les rendements mensuels de l'Indice MSCI EAEO, sur la période allant de janvier 1988 à avril 2014. Pris tout seul, il a eu un écart-type d'environ 15,1 %, plus élevé à la fois que celui de l'Indice composé S&P/TSX et de l'Indice S&P 500. Sa corrélation avec ces deux indices a été respectivement de 0,55 et de 0,63, et il pourrait donc procurer une diversification aux investisseurs canadiens. Un portefeuille constitué à 40 % de l'Indice composé S&P/TSX, 40 % de l'Indice S&P 500 et 20 % de l'Indice MSCI EAEO, rééquilibré tous les mois, aurait eu un écart-type d'environ 12 %, soit moins que tous les indices pris séparément.

Les investisseurs canadiens peuvent aussi puiser dans les pays émergents. Comme pour l'EAEO, la participation aux marchés émergents peut être obtenue en investissant dans un FNB qui piste les indices ou en investissant dans des fonds activement gérés qui ont pour point de repère un indice des marchés émergents.

Un de ces indices est l'Indice MSCI Marchés émergents, qui comprend les pays émergents d'Asie, d'Amérique latine et d'Europe. Puisque les rendements de cet indice ont commencé à être enregistrés en 1988, j'utilise la période de janvier 1988 à avril 2014 pour toute l'analyse que j'effectue dans cet article. Sur cette période, cet indice a eu un écart-type annualisé d'environ 20,7 %, qui est considérablement plus élevé que ceux des indices des marchés développés que nous avons évoqués plus haut. Toutefois, la corrélation des rendements de cet indice avec ceux des indices des pays développés est assez faible (0,62 avec l'Indice composé S&P/TSX, 0,53 avec le S&P 500 et 0,58 avec le MSCI EAEO).

Par conséquent, bien que combiner l'indice des marchés émergents avec les indices des marchés développés puisse faire augmenter la volatilité générale, l'impact peut en être minimisé. Par exemple, un portefeuille constitué à 40 % de l'Indice composé S&P/TSX, à 40 % du S&P 500, à 15 % du MSCI EAEO et à 5 % du MSCI Marchés émergents, rééquilibré tous les mois, aurait un écart-type d'environ 12,1 %, qui est à peine plus élevé que le portefeuille à 40-40-20 que nous avons évoqué plus haut.

Il est important de noter que toute l'analyse présentée ici consiste à décrire la manière dont la combinaison des participations aux différents marchés d'actions affecte la volatilité. Toutefois, réduire la volatilité n'est pas le seul but de la construction de portefeuille. Le rendement attendu du portefeuille est important lui aussi. Par exemple, si vous croyez que les actions des marchés émergents vont surclasser à long terme celles des marchés développés, il est logique d'avoir une participation quelconque aux marchés émergents même si la volatilité de votre portefeuille s'en trouve un peu augmentée.

Bien que la diversification en actions mondiales soit une bonne stratégie à long terme, il y a des moments où on a l'impression que ça ne marche pas. Au cours de la crise financière de 2008-2009, les marchés boursiers du monde entier ont perdu de la valeur. Toutefois, c'est à ce moment-là que les taux d'intérêt des créances souveraines de haute qualité ont chuté. Les investisseurs dont le portefeuille était diversifié entre actions et obligations ont perdu bien moins que ceux qui n'avaient investi que dans les actions. Par conséquent, bien que la diversification parmi les actions mondiales soit un élément important de la construction de portefeuille, la diversification parmi les catégories d'actifs est elle aussi importante.

par Paul Kaplan, Morningstar

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