Le jargon financier pour les nuls

Publié le 03/07/2015 à 13:53

Le jargon financier pour les nuls

Publié le 03/07/2015 à 13:53

L'une des choses les plus fascinantes à propos des placements, c'est que par moments on dirait qu'ils ont un langage à part. Pour qui ne s'y connait pas, la presse financière (et parfois ce site), c'est comme du français écrit par des étrangers : on connaît bien les mots, mais la signification en est obscure.

C'est pourquoi, de temps à autre au cours de l'année écoulée, nous avons demandé aux lecteurs de nous envoyer des exemples de termes et de jargon financiers qu'ils ne comprennent pas, ou du moins qu'ils ne comprennent pas bien. Les réponses ont été nombreuses et nous avons retenu beaucoup de vos suggestions dans nos précédents articles de l'Avis des pros (que l'on peut consulter ici, ici et là).

Donc sans plus tarder, replongeons-nous dans notre dernier bain de jargon financier:

1. Contrat d'échange sur risque de crédit (ou Swap sur risque de crédit) : Instrument financier (en fait un produit dérivé) dans lequel une partie concernée accepte de prendre un risque de crédit sur un investissement à revenu fixe au nom d'une autre partie, moyennant des frais. Habituellement, celui qui achète un contrat d'échange le fait pour une question d'assurance, au cas où l'émetteur d'une obligation que l'acheteur détient ferait défaut sur cette obligation (autrement dit, si l'émetteur de l'obligation n'est pas en mesure d'effectuer les paiements comme promis). Le vendeur du swap sur risque de crédit accepte de compenser toute perte encourue au terme du paiement de l'obligation si l'émetteur de l'obligation fait défaut et reçoit des paiements périodiques (généralement une portion du revenu généré par l'obligation) en tant que compensation. Les swaps sur risque de crédit ont joué un rôle important durant la crise financière de 2008 car le nombre croissant de prêts hypothécaires défaillants a coûté cher aux firmes qui avaient vendu des contrats d'échange sur ces hypothèques, notamment la compagnie d'assurance AIG (AIG).

2. Coût moyen pondéré du capital (CMPC) : Mesure du coût du capital d'une société (le montant qu'elle doit payer pour financier ses actifs) pondérée proportionnellement en fonction de la source. Donc, si 60 % du coût du capital d'une société proviennent d'actions qu'elle a émises (par exemple les versements de dividendes aux actionnaires) et 40 % proviennent des obligations qu'elle a émises (par exemple les intérêts sur les obligations), ces pourcentages sont pondérés en conséquence pour déterminer le coût moyen du capital de la société.

3. Déplacement vers le bas sur la courbe des rendements : Changement du prix d'une obligation à l'approche de son échéance, autrement dit quand elle se déplace vers le bas sur la courbe de rendement ascendante. Par exemple, quand une obligation sur cinq ans ayant un rendement de 2 % approche de son échéance, elle commence à rivaliser sur le marché ouvert avec des obligations à échéance plus courte et à rendement plus faible, faisant ainsi augmenter son prix. Donc, si de toutes nouvelles obligations sur trois ans payent 1 % et que l'obligation sur cinq ans n'a plus que trois ans avant d'atteindre son échéance, le prix de l'obligation sur cinq ans augmentera en conséquence pour rendre compte de son rendement plus élevé (2 %). Cet exemple est basé sur une courbe de rendement ascendante, ce qui est souvent le cas, mais pas tout le temps. Dans le cas d'une courbe de rendement descendante, le contraire de ce qui est décrit ci-dessus se produirait, le prix de l'obligation perdant de la valeur à mesure qu'elle se rapproche de son échéance.

4. Marge : Emprunt effectué pour acheter des titres. Les investisseurs peuvent acheter des titres sur marge par l'intermédiaire de leur courtier, par exemple, s'ils préfèrent ne pas utiliser leurs liquidités pour les acheter directement. Toutefois, l'investisseur devra payer des intérêts sur l'emprunt et risquer un appel de marge, c'est-à-dire le droit d'un prêteur d'exiger l'argent qui lui est dû, en totalité ou en partie, à n'importe quel moment.

5. Plateforme de négociation opaque : Système de négociation géré par des institutions financières dans lequel les ordres ne sont pas rendus publics comme dans le cas de la Bourse de Toronto ou de la Bourse de New York. Le terme de « plateforme de négociation opaque » fait allusion à ce manque de transparence. Les investisseurs institutionnels peuvent avoir recours aux plateformes de négociation opaques pour exécuter des ordres de négociation conséquents afin d'assurer un meilleur prix que celui qu'ils obtiendraient sur les places boursières, pour empêcher les autres investisseurs de négocier des parts en connaissant à l'avance les autres ordres de négociation qui sont en cours et pour faire des économies de coûts. Les plateformes de négociation opaques ont fait l'objet de nouvelles règles au Canada il y a quelques années et elles ont fait l'objet d'un examen détaillé aux États-Unis dernièrement.

6. Politique fiscale ou monétaire : La politique fiscale fait référence à l'utilisation par le gouvernement de ses revenus et dépenses pour influencer l'économie. Par exemple, la mise en place par le gouvernement fédéral d'un programme de relance (des dépenses) visant à dynamiser l'emploi, ou la mise en oeuvre de coupures fiscales pour approvisionner l'économie. La politique monétaire fait référence au contrôle des réserves liquides et des taux d'intérêt par la banque centrale, généralement dans le but d'influencer le taux d'inflation des prix et pour permettre de combattre le chômage.

7. Survendu(e) : Mot de jargon financier qui signifie qu'une action se vend à un énorme rabais par rapport à sa valeur actuelle. C'est une façon de dire que trop d'investisseurs ont vendu l'action et ont ainsi fait chuter son prix. À l'inverse, une action dont le prix est plus élevé qu'elle ne le mérite est qualifié de « surachetée ». Les deux termes peuvent s'appliquer aussi à l'ensemble du marché.

8. Taux de croissance annuel composé : Méthode qui mesure le taux de croissance d'une société dans le temps en aplanissant les rendements irréguliers. Par exemple, disons qu'une société gagne 1 milliard $ une année, 1,2 milliard $ la deuxième année, 1,8 milliard $ la troisième année, et 2 milliards $ la quatrième année. La croissance de la société les deuxième, troisième et quatrième années représente des gains respectifs de 20 %, 50 % et 11 % par rapport aux années précédentes. Le taux de croissance annuel composé de la société durant cette période est de 26 %, ce qui représente ce que son taux de croissance aurait été si ses bénéfices avaient été constants durant cette période plutôt que la réalité turbulente. Le taux de croissance annuel composé peut être particulièrement utile lorsqu'on examine le taux de croissance des sociétés qui ont des schémas de croissance irréguliers ou volatils.

9. Taux de rendement minimal : Taux de rendement requis par un investisseur pour justifier le montant de risque que prend ce dernier. Le terme peut être utilisé dans un sens général pour représenter le niveau auquel un placement est jugé rentable.

10. Transparence : Degré auquel une compagnie ou une institution est encline à divulguer des renseignements sur son fonctionnement. Après la crise financière, de nombreux politiciens ou commentateurs ont exigé une meilleure transparence de la part de l'industrie des services financiers.

11. Visibilité : Degré auquel la performance future d'une société peut être présentement prévisible. Par exemple, une firme peut avoir une bonne visibilité de ses revenus grâce à un contrat à long terme avec un client important.

À la une

Dette et déficit du fédéral: on respire par le nez!

19/04/2024 | François Normand

ANALYSE. Malgré des chiffres relativement élevés, le Canada affiche le meilleur bilan financier des pays du G7.

Budget fédéral 2024: «c'est peut-être un mal pour un bien»

19/04/2024 | Philippe Leblanc

EXPERT INVITÉ. Les nouvelles règles ne changent pas selon moi l'attrait des actions à long terme.

Multiplier la déduction pour gain en capital, c'est possible?

19/04/2024 | WelcomeSpaces.io

LE COURRIER DE SÉRAFIN. Quelle est l'avantage de cette stratégie?