Les experts commencent à croire que la Bourse a atteint son creux en octobre, bien qu'ils se gardent d'affirmer que le pire soit passé.
" Nous croyons que les indices boursiers ont atteint un creux en 2008 ", a écrit Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux, dans une note à ses clients le 3 novembre.
Selon M. Delisle, la remontée amorcée durant la dernière semaine d'octobre donne lieu à un optimisme prudent : " Comme dans tout marché baissier, nous prévoyons que les indices testeront leur creux durant le premier semestre de 2009. La série de mauvaises nouvelles économiques et la baisse des bénéfices des entreprises pourraient facilement tuer toute reprise ", prévient M. Delisle.
Signes positifs
Sans affirmer que le pire est passé, Luc Girard, directeur, groupe conseil en portefeuilles, chez Valeurs mobilières Desjardins, note qu'il y a plusieurs signes qui laissent présager une stabilisation des Bourses.
" Le taux LIBOR des prêts interbancaires aux États-Unis et l'indice de volatilité VIX sont en baisse depuis quelques semaines ", rappelle-t-il.
Cela signifie que les banques ont recommencé à se prêter entre elles et que la panique boursière fait place à des comportements plus rationnels, selon lui.
" Peu importe si les marchés redescendent sous les niveaux d'octobre, la Bourse offre actuellement beaucoup d'occasions sur un horizon de placement de trois à cinq ans ", affirme M. Girard.
Les stratèges de Citi (anciennement Citigroup) estiment pour leur part qu'il est difficile de déterminer si les Bourses ont atteint leur creux parce qu'on ignore combien de temps la situation économique se détériorera.
" Avec un marché du crédit dysfonctionnel, les prix des maisons qui plongent et un contexte économique incertain, pour ne nommer que ces problèmes, il est bien difficile d'affirmer que le creux du marché baissier a été atteint ", dit Archie Foster, directeur des produits chez Citi.
Depuis leur plancher annuel touché le 10 octobre, le Dow Jones et le S&P 500 ont rebondi respectivement de 12 et de 14 %. À Toronto, l'indice S&P/TSX a quant à lui rebondi de 19 % depuis son creux du 27 octobre.
Malgré les plongeons des indices en septembre et en octobre liés aux craintes de récession, les bénéfices des entreprises répondent aux attentes depuis le début de la publication des résultats financiers du troisième trimestre.
Environ les deux tiers des entreprises qui composent l'indice S&P 500 ont dévoilé leurs résultats. De ce nombre, 10 % ont fait part de résultats conformes aux prévisions, 60 % ont affiché un rendement meilleur que prévu, et 30 % ont déçu, selon des données compilées par BMO Marchés des capitaux.
Cette situation peut toutefois être attribuable au fait que de nombreuses prévisions de bénéfices ont été revues à la baisse au cours des dernières semaines, particulièrement dans les secteurs des matériaux et de la consommation discrétionnaire, dit M. Foster.
À la Bourse de Toronto, seulement le quart des entreprises du S&P/TSX ont dévoilé leurs résultats, et la moitié d'entre elles ont battu les prévisions.
Les gains chuteront au quatrième trimestre
Les bénéfices risquent toutefois de chuter au quatrième trimestre, car le contexte économique mondial s'est détérioré depuis un mois.
Selon les données compilées par Bloomberg, les bénéfices des sociétés du S&P 500 (excluant les financières) devraient diminuer de 2,4 % au quatrième trimestre.
Les stratèges de Credit Suisse croient cependant que ces prévisions seront révisées à la baisse au cours des prochains mois. Ils prévoient que les gains des sociétés du S&P 500 chuteront de 10 % en 2008 et de 7 % en 2009.
Charles Huot, directeur général, actions institutionnelles, de BMO Marché des capitaux, rappelle que les investisseurs anticipent les cycles économiques de six à neuf mois.
La Bourse rebondira donc bien avant la reprise de la croissance des bénéfices, que l'équipe de BMO prévoit vers la fin de 2009.
denis.lalonde@transcontinental.ca
