La FED et l'inflation: les facteurs imprévisibles

Publié le 18/12/2013 à 18:50

La FED et l'inflation: les facteurs imprévisibles

Publié le 18/12/2013 à 18:50

Par Stéphane Rolland

Nul ne peut prédire l'avenir. Même si les experts s'appuient sur des thèses solides, ils peuvent se tromper. Quels sont les éléments les plus incertains pour 2014 ? La politique monétaire américaine et la trajectoire de l'inflation, confient nos experts.

Clément Gignac, vice-président et économiste en chef de l'Industrielle Alliance, désigne la Fed lorsqu'on lui demande de cibler un élément d'incertitude pour la prochaine année. «Tout le monde pense que la réduction des interventions de la Réserve fédérale [Fed] se fera en douceur, mais ce n'est pas évident», constate l'ancien ministre libéral.

«Si la Fed, qui est un acheteur important, se retire du marché, la question est de savoir qui achètera les obligations, maintenant que les investisseurs institutionnels n'ont plus beaucoup d'appétit pour celles-ci», ajoute-t-il.

Comme son ancien patron à la Banque Nationale, Stéfane Marion nomme le programme d'assouplissement quantitatif de la Fed. L'économiste et stratège en chef de la banque montréalaise considère que le contexte de faible inflation est une bonne nouvelle pour les investisseurs, car il réduit les risques que la banque centrale américaine soit forcée d'intervenir plus rapidement pour juguler l'inflation.

Malgré cette plus grande flexibilité, la réduction de la détente monétaire comporte sa part de risques. «Il y a beaucoup de leviers dans l'économie depuis 2008, note-t-il. Les sociétés ont pu emprunter à faibles taux. On est en droit de se demander ce qui arrivera lorsqu'on enlèvera tout ça.»

Sylvain Ratelle, pour sa part, n'est pas rassuré par la tendance de l'inflation. La croissance de l'indice des prix à la consommation est inférieure à 1 % en Europe et au Canada, note le vice-président et stratège de Valeurs mobilières Banque Laurentienne. La tendance se tempère également chez nos voisins du Sud. «Si l'inflation continue sa trajectoire à la baisse, les marchés commenceront à mettre en doute la capacité des entreprises d'accroître leurs bénéfices en augmentant leurs prix», prévient-il.

Martin Roberge, stratège et analyste quantitatif de Canaccord Genuity, abonde dans le sens de son collègue. Par le passé, le S&P 500 a eu tendance à s'échanger à un multiple de 15 fois les prévisions de bénéfices de l'an prochain lorsque l'inflation était de 1 % à 3 %. «Lorsque l'inflation est inférieure à 1 %, l'évaluation du S&P 500 passe de 15 à 12 fois les bénéfices, explique-t-il. S'il n'y a pas d'inflation, il n'y a nécessairement pas de forte croissance des profits.»

Dans un contexte de faible inflation, l'économie devient plus fragile face au choc, d'autant plus que les banques centrales ont peu de marge de manoeuvre pour stimuler la croissance, souligne M. Roberge. «À 1 % d'inflation, on s'approche dangereusement de la déflation s'il y a un ralentissement économique.»

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