Faire voyager ses placements : six destinations suggérées

Offert par Les Affaires


Édition du 23 Juillet 2015

Faire voyager ses placements : six destinations suggérées

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Édition du 23 Juillet 2015

Par Dominique Beauchamp

Avec six ans de marché haussier aux États-Unis et une Bourse canadienne plombée par les ressources, le terrain semble plus fertile à l’étranger. En exploration autour du monde, trois gestionnaires chevronnés d’actions mondiales nous dévoilent chacun leurs meilleures suggestions de placement. Le résultat : six entreprises connues et moins connues d’Europe, d’Asie et des États-Unis pour diversifier votre portefeuille.

CSX  

David Winters, gestionnaire du Fonds Renaissance Marchés mondiaux, a trouvé un placement attrayant dans sa propre cour.

Le chemin de fer CSX, qui dessert la côte est, est un titre gagnant-gagnant à ses yeux. Il recèle un bon potentiel à court et à long terme, et ce, à bon prix.

Frappée de plein fouet par deux hivers rigoureux et la chute du volume de transport de charbon, la société multiplie les initiatives pour élever sa productivité plus près de celles des meilleurs opérateurs.

Son ratio d’exploitation, qui mesure les dépenses en proportion des revenus, devrait passer de 69 %, en 2015, à 65 %, en 2019.

Son nouveau réseau de transport intermodal de marchandises s’approche pendant ce temps d’un point de bascule, après d’importants investissements.

La hausse des tarifs et des revenus absorbera les coûts fixes de ses nouveaux terminaux, mais la société densifie aussi son service intermodal.

« Son évaluation est peu chère pour une société qui agit avec une certaine urgence pour améliorer son exploitation », note M. Winters. L’action s’échange en effet à un multiple de moins de 16 fois les bénéfices prévus en 2016.

À plus long terme, CSX pourrait être emportée à son tour par la dernière vague de consolidation de son industrie, croit M. Winters.

Canadien Pacifique (Tor., CP, 157,57 $), qui veut améliorer la fluidité du nœud ferroviaire de Chicago, pourrait revenir à la charge avec une nouvelle offre. Des pourparlers en octobre 2014 avaient échoué.

 

Sun Hung Kai Properties

Le principal promoteur immobilier de Hong Kong, Sun Hung Kai Properties (SHKP), ne s’est pas remis d’un procès pour corruption pour lequel le coprésident du conseil, Thomas Kwok, et son adjoint ont été reconnus coupables, en décembre 2014.

La chute récente des Bourses chinoises a aussi entraîné la Bourse de Hong Kong dans son sillage.

M. Kwok, 63 ans, un membre de la famille fondatrice, a versé des sommes et des avantages totalisant 3,2 millions de dollars à un haut fonctionnaire de la ville de Hong Kong, en échange de faveurs.

Son frère Raymond Kwok, aujourd’hui le seul président du conseil de SHKP, a été acquitté.

Ce scandale n’empêche pas le promoteur de continuer à ériger et à gérer des immeubles résidentiels et commerciaux de qualité, comme il le fait depuis des décennies, estime David Winters.

L’action s’échange à un rare rabais de 35 à 40 % par rapport à la valeur de ses actifs, au lieu de son habituelle plus-value, ajoute-t-il.

La société dispose aussi d’importantes banques de terrains, achetés à bon prix, qu’elle peut vendre ou transformer en immeubles locatifs rentables, indique M. Winters, qui suit l’entreprise depuis 20 ans.

De plus, la société se finance avec prudence, assure-t-il.

SHKP a signé certaines des tours les plus prestigieuses de la région, dont l’International Commerce Centre à Kowloon, l’International Finance Centre au centre de Hong Kong, le Central Plaza et le Sun Hung Kai Centre à Wan Chai, le Millennium City à Kowloon Est et le Grand Century Place à Mong Kok.

La société, dont la famille fondatrice a encore 40 % des actions, exploite aussi des hôtels, gère des stationnements et détient des investissements dans des services connexes d’accès Internet, de logistique et de transport.

 

Anheuser-Busch InBev

David Ragan, gestionnaire du Fonds Mawer d’actions internationales, considère le premier brasseur du monde comme l’une des entreprises les mieux gérées.

La société mère des bières Budweiser, Corona, Labatt et Stella Artois s’approprie 20 % des volumes et 30 % des bénéfices de son industrie.

Seize de ses marques réalisent des ventes d’un milliard de dollars et plus.

La croissance est modeste, mais la multinationale belge transforme sa force de frappe et ses coûts flexibles en bons rendements financiers, comme en témoigne son rendement actuel de 18 % de l’avoir des actionnaires.

Bien que la croissance interne soit la priorité, Anheuser-Busch InBev rentabilise ses acquisitions en augmentant les ventes et les prix, sans leur allouer plus de capital, explique M. Ragan. Il donne l’exemple du brasseur mexicain Modelo, acheté au prix fort en 2013.

En l’absence d’acquisition, la société partage son surplus de capital avec ses actionnaires. Son dividende a décuplé, depuis 2000.

La société a déjà racheté la moitié des actions prévues au programme de rachat annuel d’un milliard de dollars américains.

Son évaluation de 12 fois le bénéfice d’exploitation n’est pas bon marché, mais elle est raisonnable pour une entreprise de cette envergure, dit M. Ragan.

Son principal potentiel de croissance se situe en Asie-Pacifique, où le brasseur réalise déjà 18 % de ses revenus en occupant le créneau haut de gamme. En Chine, ses marques Budweiser, Harbin et Sedrin accaparent 18,5 % du marché.

 

Intertek Group

La multinationale d’inspection, de test physique et de certification Intertek Group Plc est le genre d’entreprise méconnue qui plaît à David Ragan.

En affaires depuis 130 ans, la société teste toutes sortes de produits, des jouets aux automobiles, en passant par les cellulaires, les aliments et les produits de beauté.

Quelque 38 000 employés sont répartis dans 1 000 laboratoires, dans 100 pays.

Un marché mondial, peu de concurrents, des dépenses en capital modestes et la gestion rigoureuse de l’ingénieur Wolfhart Hauser, son président, se conjuguent pour donner de bons rendements financiers, au fil du temps.

L’an dernier, la société a accru ses flux de trésorerie de 41 % et son dividende de 6,7 %, malgré le déclin des commandes de l’industrie pétrolière et chimique (entraîné par la chute du pétrole).

La société complète sa croissance interne par de petites acquisitions ciblées. Ainsi, en 2014, 10 petites transactions ont ajouté 3 % à ses revenus.

Puisque les perspectives incertaines de l’industrie pétrolière compriment son évaluation en Bourse, « le moment est aussi bien choisi pour miser sur le rétablissement éventuel de sa croissance et de ses rendements historiques », fait valoir M. Ragan.

Depuis 2012, la société a réaligné ses ressources afin de protéger ses marges, entre autres en procédant à 1 100 mises à pied en 2014.

 

Teva Pharmaceutical

Le fabricant israélien de médicaments génériques Teva Pharmaceutical Industries est loin de l’euphorie entourant les titres de biotechnologie.

Son action s’échange à un multiple de seulement 11 fois ses bénéfices, parce que la société a perdu l’exclusivité pour son médicament Copaxone contre la sclérose en plaques.

« Certains craignaient qu’elle perde jusqu’à 80 % de ses revenus, mais la société a limité les dégâts à 25 %. Cela témoigne du fait qu’elle réussit à protéger sa part de marché en changeant la posologie du Copaxone et en faisant croître d’autres médicaments respiratoires », indique James Harper, gestionnaire du Fonds de croissance Templeton. 

Teva est aussi au cœur d’un bras de fer contre Mylan Laboratories (Nasdaq, MYL, 68,46 $ US), qui refuse une proposition hostile de 40 milliards de dollars américains depuis avril.

Mylan riposte aux avances de Teva avec son propre projet d’acquisitions sur l’irlandaise Perrigo Co. Plc, pour 32,7 G$ US.

Teva a déjà accumulé 4,6 % des actions de Mylan afin de renforcer ses droits légaux en tant qu’actionnaire aux Pays-Bas où Mylan est incorporée, ce qui en fait le huitième actionnaire en importance.

Avec 4,6 % des actions de Mylan, le réputé investisseur John Paulson, du fonds de couverture Paulson & Co, est en faveur de l’offre de Teva.

Des rumeurs veulent aussi que Teva soit sur le point de déposer une offre formelle de 82 à 86 $ US par action.

Une telle fusion créerait un géant des médicaments génériques, avec des revenus de 27 G$ US et un potentiel énorme de synergies.

« Si Teva gagne son pari, son action réagira bien puisque Mylan l’aidera à combler des trous dans son offre de médicaments. Si, au contraire, Teva ne l’emportait pas, son action pourrait reculer, ce qui offrirait une nouvelle occasion d’acheter une société qui est fondamentalement sous-évaluée », raisonne M. Harper.

Teva met aussi au point un médicament sous-cutané prometteur pour le traitement des migraines.

 

Petrofac

Le fournisseur londonien de services d’ingénierie-construction auprès de l’industrie pétrolière et gazière a été ravagé par la chute du pétrole. Son titre a reculé de 21 % depuis un an.

L’action s’échangeait à prix d’aubaine en janvier, soit à un multiple de six fois ses bénéfices, lorsque James Harper l’a cueilli.

« Il est encore attrayant, quand on sait que le coût marginal pour produire un baril de pétrole est certainement plus élevé que le cours actuel du baril de Brent. Puisque la demande reste ferme, les prix devraient éventuellement remonter pour que les producteurs puissent satisfaire cette demande », fait valoir le portefeuilliste.

Non seulement Petrofac a des clients solides au Moyen-Orient pour ses projets clés en main, mais son carnet de commandes record de 20,5 G$ représente quatre ans de revenus.

M. Harper s’attend à un rétablissement des bénéfices, à partir de 2016, d’autant que la société termine un projet coûteux de gaz naturel, Laggan-Tormore, sur les îles Shetland.

Il est aussi possible qu’elle vende certaines de ses activités moins rentables au Mexique.

En attendant que le surplus de pétrole se résorbe, l’investisseur reçoit un dividende de 4,5 %.

« Pour ce genre de compagnie, il faut être disposé à ignorer les fluctuations à court terme et se concentrer sur ses perspectives de croissance assez stables à plus long terme », dit-il.

 

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