Entrevue avec le «seul» gestionnaire qui ne sache rien prévoir

Publié le 13/01/2017 à 06:00

Entrevue avec le «seul» gestionnaire qui ne sache rien prévoir

Publié le 13/01/2017 à 06:00

Par Stéphane Rolland

Ne demandez pas à Yves Choueifaty si le «rallye Trump» se poursuivra après l’investiture du président républicain. En fait, le président et fondateur de la firme TOBAM, à Paris, se vante d’être «le seul gestionnaire de portefeuille qui ne sache absolument rien prévoir». Partisan convaincu de la diversification, il grince des dents lorsque ceux qui abandonnent la boule de cristal se jettent «aveuglément» dans les bras de la gestion indicielle sans en comprendre les faiblesses. Les Affaires a rencontré le professionnel parisien lors d’un passage à Montréal.

«Je suis le seul gestionnaire de portefeuille de cette planète qui ne sache rien prévoir, insiste M. Choueifaty. Tous les autres ont une boule de cristal. Moi, je n’en ai pas. Comme j’étais intéressé par ce métier, je me suis demandé “comment puis-je investir si je ne sais pas prévoir”. La réponse m’est apparue assez naturelle, c’est qu’il faut diversifier.»

Le principal intéressé a donc fait de la diversification la colonne vertébrale de sa stratégie d’investissement. Chez TOBAM, qu’il a fondé en 2005, il a mis au point une stratégie de «diversification maximale» afin d’éviter «tous les biais possibles» à la Bourse. L’idée est d’éviter que les titres de ses portefeuilles aient des corrélations trop fortes entre eux. Autrement dit, ne pas accorder trop de poids à un secteur en particulier, à une stratégie (valeur ou croissance, par exemple) ou à des facteurs macro-économiques (prix du pétrole, taux d’intérêt).

Pour illustrer sa stratégie, il donne l’exemple de trois actions américaines : Boeing (NY., BA), Bank of New York Mellon Corp (NY., BK) et Bank of America (NY., BA). De ces trois titres, il avoue être incapable de dire lequel va obtenir le meilleur rendement. Idem lorsque vient le temps de prédire lequel sera le plus risqué. Toutefois, il a la certitude que la corrélation entre les deux banques américaines sera plus forte qu’avec Boeing. Au fil du temps, les corrélations entre certains titres peuvent changer pour diverses raisons imprévisibles, lui avons-nous indiqué. «Les corrélations ne sont pas stables», admet le gestionnaire. Mais, la hiérarchie entre elles reste stable.

En diversifiant son portefeuille, l’épargnant devrait obtenir un meilleur rendement en «évitant les bulles». Pour sa part, M. Choueifaty estime que sa stratégie est en mesure de procurer un rendement annuel de 1% à 4% supérieur à celui de l’indice de référence. Son portefeuille est entre 10% et 30% moins volatils, affirme-t-il. Sur une période de quinze ans, il anticipe que son portefeuille sous-performera entre deux et quatre années.

«La gestion indicielle, une machine à capter les bulles»

Bien des investisseurs partagent l’hypothèse de M. Choueifaty sur l’impossibilité de prévoir et sur l’importance de la diversification. Ceux-ci se tournent en grand nombre vers les fonds indiciels. D’ailleurs, la valeur des fonds en gestion passive à travers le monde a triplé depuis 2007, selon Morningstar, contre une progression de 54% pour la gestion active. Les adeptes de la gestion indicielle font erreur, croit le gestionnaire. Les indices ne sont pas aussi diversifiés qu’aimeraient le croire les investisseurs passifs.

L’investisseur canadien en sait quelque chose, souligne-t-il. Le deux tiers du S&P/TSX est concentré dans les ressources naturelles et dans les financières. À New York, le déséquilibre est moins prononcé pour le S&P 500, mais il n’est tout de même pas suffisamment diversifié, estime le gestionnaire.

De plus, le défaut des indices capi-pondérés comme le S&P/TSX ou le S&P 500 est d’accorder plus de poids aux sociétés ayant les plus grandes capitalisations boursières. De ce fait, les gros joueurs pèsent plus lourd dans un indice, ce qui réduit leur diversification, pour le meilleur et pour le pire. Par exemple, la Banque RBC (Tor., RY) représente environ 9% du S&P/TSX 60. Si la pondération avait été également répartie entre les 60 plus grandes capitalisations canadiennes, la Royale ne représenterait que 1,66% du portefeuille.

Cette particularité en fait des «machines à capter les bulles avant qu’elles n’éclatent», croit M. Choueifaty. «Il y a plein de gens qui disent que la gestion indicielle, ça ne coûte pas cher, déplore-t-il. En fait, c’est la façon pas chère d’acheter systématiquement ce qui est cher. »

 

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