Emprunter ou non à des fins de placement ?

Publié le 25/10/2008 à 00:00, mis à jour le 08/10/2013 à 07:46

Emprunter ou non à des fins de placement ?

Publié le 25/10/2008 à 00:00, mis à jour le 08/10/2013 à 07:46

Ma chronique intitulée " Il est trop risqué d'emprunter pour investir " publiée dans notre dernier numéro a suscité plusieurs commentaires.

En voici deux.

L'investissement par effet de levier est une stratégie risquée qui ne convient pas à tous.

Mais compte tenu de la baisse marquée des indices depuis un an, un épargnant qui a une bonne tolérance au risque et qui a un horizon d'investissement de trois à cinq ans a de bonnes chances d'être récompensé.

- M. Cardin

Comme je l'ai indiqué dans ma chronique, je ne suis pas totalement opposé à l'emprunt à des fins d'investissement. Mais il faut être conscient que cette stratégie amplifie autant les pertes que les gains. En effet, selon une simulation réalisée par la Régie des rentes du Québec (RRQ), une perte de 10 % pourrait se transformer en une perte de 61 % si on a emprunté pour investir !

Cette stratégie, indique la RRQ, procure une valeur ajoutée quand le rendement réalisé après impôts est plus élevé que le coût du financement.

" Cette stratégie s'adresse aux investisseurs qui ont une grande tolérance au risque, car elle implique de détenir un portefeuille composé uniquement d'actions ", explique Daniel Laverdière, directeur principal de la planification financière à la Banque Nationale. En effet, les titres à revenu fixe ne procuront pas un rendement suffisant pour couvrir les frais d'intérêts.

Autre problème lié à cette stratégie : ceux qui empruntent à des fins de placement le font souvent dans un but spéculatif, en pariant sur la hausse d'un titre ou d'un secteur.

Déduction des intérêts

Un autre lecteur a réagi à l'affirmation suivante : " Pour réaliser un rendement de 5 % après avoir soustrait vos frais d'intérêts et les impôts, il faudrait que vos placements vous procurent un rendement brut supérieur à 10 %. "

Michael Forbes, de Gestion de patrimoine Brisebois et Forbes, nous précise que dans le cas d'un prêt hors REER, les frais d'intérêts sont déductibles d'impôt.

Si le coût de financement est de 5 %, le rendement nécessaire pour couvrir les coûts d'emprunt s'établira à environ 7,5 % si ce rendement est soumis au taux d'imposition maximal et qu'il est composé exclusivement de revenus d'intérêts, explique M. Forbes.

J'ai effectivement omis de mentionner dans ma chronique que les frais d'intérêts pouvaient donner droit à une déduction d'impôt. Il y a cependant une raison à cela : cette stratégie ne fait pas l'unanimité chez les fiscalistes.

Daniel Laverdière croit qu'il ne faut pas se laisser aveugler par la possibilité de déduire les frais d'intérêts. " Il ne faut jamais oublier l'aspect financier de la transaction ", dit-il, en parlant de la nécessité de réaliser un rendement supérieur au coût de l'emprunt.

De plus, bien que l'Agence du revenu du Canada permet à certaines conditions de déduire des intérêts, les règles pourraient bientôt changer.

La Cour suprême du Canada rendra sous peu une décision dans l'affaire Lipson. Dans cette affaire, le fisc a fait valoir que la stratégie employée par les Lipson pour déduire les intérêts d'un emprunt représentait une utilisation abusive des dispositions de la Loi de l'impôt sur le revenu.

Si le fisc obtient gain de cause, il pourrait modifier les règles portant sur la déductibilité des intérêts.

En raison de l'incertitude qui plane sur cette question, M. Laverdière juge préférable de ne pas utiliser les stratégies de déduction des intérêts pour le moment.

yannick.clerouin@transcontinental.ca

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