Douze titres explosifs qui redonnent espoir

Publié le 19/02/2009 à 00:00

Douze titres explosifs qui redonnent espoir

Publié le 19/02/2009 à 00:00

Par François Rochon

Si les indices boursiers ne montrent pas de signes de rebond durable, c'est à cause des difficultés des secteurs financier et pétrolier, qui pèsent beaucoup dans les Bourses.

Est-il trop tard pour monter dans le train de la reprise ? Non, car les experts croient qu'il y a encore de bonnes occasions à saisir.

Nous vous présentons 12 titres de tailles et de secteurs différents parmi les plus explosifs depuis trois mois (le pourcentage indiqué à côté de chacun équivaut à leur hausse depuis leur creux atteint en octobre,novembre ou décembre). La remontée moyenne de 37 % des deux tiers des entreprises composant l'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto depuis novembre indique que les investisseurs cherchent déjà à devancer l'éventuelle reprise économique. "Ceux qui achètent aujourd'hui regardent de 12 à 24 mois devant eux. Aux cours actuels, ils sont prêts à parier que la récession se terminera à la fin de 2009. Nous sommes de ceux-là", indique Christian Godin, gestionnaire chez Montrusco Bolton.

"Comme un couple qui ouvre le bal avec une danse qui incite les autres à danser, la succession de rebonds boursiers finira par former un véritable mouvement haussier", dit Pierre Bernard, gestionnaire chez IA Clarington.

"Puisque la chute n'a épargné aucun titre, l'occasion est belle de miser sur des entreprises bien gérées au bilan solide", affirme Valérie Cecchini, vice-présidente, gestionnaire de portefeuilles chez Investissements Standard Life.

Invitation à la prudence

La prudence reste de mise, car la remontée des titres est avant tout une récupération des fortes pertes essuyées l'automne dernier, dit Norman Raschkowan, chef des investissements de la Corporation financière Mackenzie. La vente d'actions pour des raisons fiscales, par les investisseurs désireux de réduire leurs gains en capital, a amplifié la chute des cours l'an dernier, souligne Irwin Michael, gestionnaire des Fonds ABC, qui se dit méfiant devant le regain des titres.

Sociétés québécoises

Exfo + 91 %
Du 16 oct.2008 au 17 fév. 2009

Exfo Ingénierie électro-optique ne compte que des partisans parmi les financiers consultés. Le fournisseur de solutions de test et de surveillance pour l'industrie des télécommunications est mieux géré et plus solide que ses rivaux au moment où son secteur traverse une période difficile, affirme Valérie Cecchini, vice-présidente, gestion de portefeuille, chez Investissements Standard Life.

"L'expérience acquise après l'éclatement de la bulle techno en 2000 lui a sûrement bien servi. Les dirigeants ont bien cultivé les relations avec les clients", croit Pierre Bernard, gestionnaire chez IA Clarington.

Exfo vient de racheter le quart de ses actions pour 30 millions de dollars.

Elle vient aussi de réaliser une troisième acquisition depuis avril 2008; elle a mis la main sur la petite entreprise suédoise PicoSolve, qui offre depuis peu des instruments de mesure de la capacité de transmission de réseaux optiques à très haut débit, un marché appelé à croître annuellement de 46 % entre 2009 et 2011, selon Infonetics Research.

Le titre d'Exfo n'est plus l'aubaine qu'il était à son cours déprimé d'octobre. Mais l'entreprise est l'une des rares pour lesquelles les analystes ont augmenté de 42 % leurs prévisions de bénéfice pour 2009, à 0,27 $ US par action.

Groupe Canam + 75 %
Du 7 oct.2008 au 17 fév. 2009

L'action du fabricant québécois d'acier de structure est encore bon marché, même si elle a grimpé depuis que la vente de trois blocs d'actions par un investisseur a fait plonger son cours jusqu'à 3,73 $ en octobre 2008.

Son titre s'échange à moins de 9 fois le bénéfice prévu en 2009, car les analystes prévoient que le bénéfice stagnera cette année et l'an prochain, explique Martin Dufresne, gestionnaire chez Fiera Capital.

Canam est touchée par le ralentissement de la construction commerciale et résidentielle. Par contre, sa division d'acier pour les ponts fonctionne à plein régime et lui permettra de rester rentable pendant la récession.

"N'ayant presque pas de dette, Canam est en bien meilleure position qu'avant pour aller à la guerre", indique M. Dufresne.

Au cours actuel, Canam est un bon choix de placement, parmi les petites entreprises sensibles à l'économie, pour miser sur une reprise de la construction à la mi-2010, explique-t-il.

Canam a indiqué à plusieurs reprises qu'elle réaliserait des acquisitions pendant la récession si elle trouve des occasions à bon prix.

Transat A.T. + 53 %
Du 4 déc.2008 au 17 fév. 2009

Le principal voyagiste au pays a le bilan et la stratégie qu'il faut pour braver la récession et sortir gagnant de la lutte qui l'oppose à ses rivaux, affirme Pierre Bernard.

Au cours actuel, son action vaut seulement 8 fois le bénéfice prévu en 2009. C'est peu pour parier sur la possibilité que l'entreprise retrouve en 2010 son niveau de rentabilité de 2007, surtout avec 5 $ par action de liquidités, dit-il.

La guerre des prix cet hiver pour les voyages dans le Sud et la possibilité que les Canadiens et les Européens voyagent moins cet été pourraient faire rechuter le titre, reconnaît Martin Ferguson, portefeuilliste chez Mawer Investment Management.

"Toutefois, dans un horizon de trois à cinq ans, j'ai confiance que mes actions me procureront un rendement intéressant", dit-il.

"L'entreprise est bien positionnée et bien gérée. Je crains seulement que l'effet de la récession incite les Canadiens à voyager un peu moins", dit pour sa part Valérie Cecchini.

À son avis, l'occasion se représentera sans doute d'acheter l'action à meilleur prix.

Banque Nationale + 41 %
Du 18 déc.2008 au 17 fév. 2009

Aucune des banques n'est à l'abri d'autres pertes sur prêts et de radiations d'actifs de valeur douteuse, car le déclin du marché immobilier et les pertes d'emplois ne font que commencer au Canada.

Toutefois, la Nationale est l'une des banques que les financiers suggèrent le plus, surtout pour ce qu'elle n'a pas.

Ainsi, dans le contexte actuel, les caractéristiques suivantes la favorisent : elle n'a aucune activité en sol américain; elle est aussi moins présente que ses rivales en Ontario et dans l'Ouest canadien, deux régions durement frappées par la crise de l'automobile et la dégringolade du pétrole, dit Marc-André Robitaille, gestionnaire du Fonds AGF Dividendes.

La Banque Nationale fait également partie des suggestions d'André-Philippe Hardy, analyste chez RBC Marchés des Capitaux, bien qu'il juge que les titres bancaires ne sont pas aussi bon marché que leur ratio cours-bénéfice le laisse croire.

Pour la Nationale, il prévoit une baisse de 13 % du bénéfice par action en 2009, à 4,77 $, et une diminution du rendement de l'avoir des actionnaires de 23 à 15,6 %. Ses prévisions sont de 8 % inférieures à celles de ses collègues. Il estime que le titre peut s'apprécier de 26 % d'ici 12 mois, pour atteindre 42 $.

Sociétés canadiennes

Groupe Aecon + 77 %
Du 21 nov.2008 au 17 fév. 2009

La première entreprise de construction au Canada n'a pas froid aux yeux. Elle s'appuie sur son bilan solide pour acheter deux constructeurs très actifs en Alberta afin de tirer profit des activités pétrolières.

Aecon a acquis le constructeur de routes South Roch pour 35 millions de dollars (M$) en décembre et est en voie d'acquérir le constructeur centenaire Lockerbie & Hole pour 200 M$.

"Aecon veut se positionner pour profiter de l'éventuelle reprise des projets de sables bitumineux", explique Benoît Caron, analyste à la Financière Banque Nationale.

Entre-temps, Aecon bénéficiera du carnet de commandes bien garni des deux entreprises acquises pour effectuer la construction de routes, de ponts, d'écoles et d'hôpitaux, dit Frédéric Bastien, analyste chez Raymond James.

Après ces achats, Aecon continuera de tirer la plus forte proportion de ses revenus, soit 41 %, de la construction d'infrastructures. Elle réalisera le tiers de ses revenus en Alberta.

Au cours actuel, le titre d'Aecon n'est pas chèrement évalué, mais l'entreprise doit au moins réussir à préserver sa rentabilité en 2009 et 2010 pour s'apprécier, selon M. Bastien. Il fixe son cours cible d'un an à 13,25 $.

Potash + 60 %
Du 21 nov.2008 au 17 fév. 2009

Plusieurs facteurs favorables ont permis au titre du premier producteur mondial de potasse de rebondir de 60 % depuis son creux touché le 5 décembre.

Toutefois, cette hausse marquée refroidit l'enthousiasme des experts à l'égard du titre. Certains craignent que les dirigeants soient trop optimistes en prédisant une reprise de la demande pour les engrais dès le printemps.

"Nous avons profité de la remontée du titre pour diminuer notre placement dans cette société, car son volume de ventes baissera cette année", dit Valérie Cecchini, d'Investissements Standard Life.

L'action de Potash a aussi réagi à l'annonce par la Chine d'une hausse de 17 %, à 17,7 milliards de dollars américains, des subventions aux fermiers chinois pour les aider à acheter des semences. La Chine est le plus gros consommateur d'engrais au monde.

Potash croit aussi pouvoir obtenir un prix supérieur à celui de l'an dernier (547 $ US la tonne) pour la potasse exportée en Chine. L'entreprise s'attend à ce que la Chine augmente de 27 % ses importations de potasse en 2009, mais les analystes en doutent.

Toute baisse du titre serait une occasion pour les investisseurs de l'acheter pour profiter d'une appréciation à plus long terme, dit Edwin Chee, analyste chez BMO Marchés des capitaux.

Groupe TMX + 50 %
Du 20 nov.2008 au 17 fév. 2009

L'exploitant de la Bourse de Toronto profiterait directement d'une reprise boursière au cours de l'année, car cela raviverait l'intérêt des investisseurs pour ses actions. Cela stimulerait aussi les volumes de négociation qui procurent à TMX environ le quart de ses revenus.

Une hausse des cours boursiers hausserait aussi les revenus que le Groupe TMX obtient des frais de maintien qu'il prélève des entreprises inscrites en Bourse, car ces frais sont établis en fonction de la valeur boursière de celles-ci.

Entre-temps, le Groupe TMX tire bien son épingle du jeu malgré la baisse des volumes de transactions, l'absence d'appels publics à l'épargne et l'arrivée de nouveaux rivaux.

Son bénéfice baissera cette année avant de rebondir en 2010, prévoit John Reucassel, analyste chez BMO Marchés des capitaux. Il estime que le titre peut s'apprécier d'encore 14 % pour atteindre 38 $ d'ici 12 mois.

L'entreprise reste rentable et dégage des flux de trésorerie positifs qui lui permettront de racheter deux millions d'actions en 2009 et de verser un dividende solide, qui procure en ce moment un rendement de 4,6 %, dit-il.

John Aiken, de Valeurs mobilières Dundee, croit que l'action de TMX a grimpé trop vite en janvier, si bien que son évaluation par rapport au bénéfice prévu en 2009 est plus élevée que celles d'autres exploitants de Bourses.

Research In Motion + 28 %
Du 3 déc.2008 au 17 fév. 2009

Le fabricant des appareils BlackBerry est périodiquement victime de son propre succès en Bourse. Au moindre signe qu'elle ne pourra atteindre ses objectifs de bénéfice, certains financiers doutent de la capacité de l'entreprise de maintenir une forte croissance.

Bien que RIM ait indiqué que les nouveaux abonnés dépassent de 20 % ses objectifs au quatrième trimestre qui se terminera le 28 février, l'avertissement que ses marges seront inférieures aux prévisions a fait flancher son titre de 10 % au cours de la semaine du 9 février.

Il faut dire que la multiplication des mises à pied fait craindre que la société perde ses utilisateurs les plus rentables, dit Stéphane Gagnon, portefeuilliste au Fonds des professionnels.

L'évaluation modeste du titre, à 14 fois le bénéfice prévu en 2009, reflète déjà ces craintes.

RIM vient de lancer les appareils Bold et Storm. Or, chaque fois qu'elle lance une plateforme technologique, ses marges faiblissent temporairement. Cette fois, c'est à cause des coûts encore élevés de la technologie mobile de troisième génération.

"À long terme, il est plus important que Research In Motion augmente le nombre de ses abonnés", dit Valérie Cecchini.

Sociétés américaines

Goldman Sachs + 81 %
Du 21 nov.2008 au 17 fév. 2009

La banque d'investissement new-yorkaise survivra à la crise, même si elle ne retrouvera pas sa rentabilité antérieure, croit Bruce Kent, portefeuilliste chez RBC Dominion valeurs mobilières.

"La nouvelle réglementation interdira aux banques de prendre les mêmes risques d'investissement qu'auparavant", explique-t-il.

Il faudra par conséquent plusieurs années avant que Goldman Sachs retouche son sommet de 247,92 $ US atteint en 2007, croit M. Kent. Le marché a cependant exclu la possibilité qu'elle fasse faillite, qui était reflétée lorsque le titre a touché son creux de 52 $ US en novembre.

François Rochon, gestionnaire de portefeuilles chez Giverny Capital, juge peu significative la récente remontée du titre compte tenu qu'il avait baissé beaucoup.

Mais il croit que Goldman Sachs reste une entreprise solide. "Quand il faudra procéder à une grosse acquisition, c'est encore vers Goldman qu'on se tournera", dit-il.

Amazon + 78 %
Du 20 nov.2008 au 17 fév. 2009

Le pionnier de la vente en ligne a surpris les analystes en dévoilant une croissance de ses ventes de 18 % au quatrième trimestre terminé en décembre.

Amazon s'impose de plus en plus face à des rivales comme eBay, pense François Campeau, portefeuilliste chez Trilogy Advisors, à New York. "La force de cette entreprise est que sa direction voit cinq ans à l'avance", dit-il.

Il fait valoir que la société a choisi de rogner sur ses marges pendant plusieurs années pour fidéliser sa clientèle et accroître son avance sur les concurrentes. Cette stratégie commence à porter fruit. La poursuite de son expansion internationale, la croissance du commerce en ligne et les nouveaux créneaux qu'elle exploite, telle la vente de pièces musicales, assurent à Amazon un brillant avenir, dit M. Campeau.

Seule ombre au tableau : l'action se négocie à 45 fois le bénéfice, ce que M. Rochon juge relativement cher. "Il y a tellement d'autres bons achats à faire à des prix attrayants", juge-t-il.

Best Buy + 72 %
Du 21 nov.2008 au 17 fév. 2009

Le détaillant de produits électroniques a profité de ventes robustes en décembre et de la faillite de sa rivale Circuit City. Le titre a bondi de 72 % depuis son creux de la fin novembre.

François Rochon pense que l'entreprise de Minneapolis possède encore un potentiel intéressant. "Best Buy est une très bonne entreprise qui est simplement revenue à une évaluation plus juste", explique-t-il. Il s'attend à ce qu'elle obtienne la plus grande part de l'ancienne clientèle de Circuit City.

François Campeau met des bémols. Les marges bénéficiaires de l'entreprise, déjà faibles, sont fragilisées par la récession et par le fait qu'un cycle de nouveaux produits électroniques s'achève. Il souligne aussi que des concurrentes à bas prix comme Target et Wal-Mart pourraient hériter d'une part plus grande que prévu des anciens clients de Circuit City.

"Best Buy pourrait souffrir d'un changement culturel où c'est le prix avant tout qui déterminera un achat", craint M. Campeau.

Google + 39 %
Du 21 nov.2008 au 17 fév. 2009

Bien qu'il ait rebondi depuis la fin novembre, le titre du géant de la recherche en ligne ne vaut toujours que 50 % de sa valeur à son sommet de 741,79$ US atteint à la fin 2007.

À un cours de 360 $ US, Google est devenue abordable, estime M. Campeau. La société jouit d'un monopole croissant dans la recherche en ligne, affirme-t-il. "Yahoo est à peu près morte, et Microsoft gagnerait beaucoup à se retirer de la recherche sur Internet."

Seule une intervention du législateur pourrait miner cette position imprenable, ce qui n'est pas à craindre pour l'instant. Les revenus publicitaires de Google devraient mieux résister à la crise que ceux d'autres sociétés, affirme M. Campeau. En effet, la tarification selon le nombre de clics rend le retour de l'investissement facile à mesurer pour les annonceurs.

Pour sa part, M. Rochon estime que Google se négocie maintenant à sa juste valeur. Spencer Wang, analyste chez Credit Suisse, établit un cours cible de 400 $ US dans un an.

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