Donner, ça se calcule

Offert par Les affaires plus


Édition de Novembre 2014

Donner, ça se calcule

Offert par Les affaires plus


Édition de Novembre 2014

Les dons spontanés, c'est bon pour le moral, mais ce n'est pas la meilleure façon de soutenir une cause.

Le Ice Bucket Challenge a été un coup de génie. Cette campagne de financement «virale», qui consistait à se verser un seau d'eau glacée sur la tête et à mettre au défi des amis d'en faire autant sur les réseaux sociaux, a connu un succès phénoménal. Les participants devaient faire un don pour la sclérose latérale amyotrophique, une maladie rare.

Vous avez relevé le défi ? Qui peut vous en vouloir ? Mais est-ce la meilleure façon de soutenir une cause et de faire un don de charité ?

Au cours d'une année, vous recevez une quantité industrielle de courriels d'amis ou de connaissances qui vous demandent de commanditer leur voyage à vélo ou leur escalade afin de soutenir une cause. Qui n'a pas été arrêté dans la rue pour aider Oxfam, Médecins sans frontières ou la Croix-Rouge ?

Quelle cause soutenir? Tableau de 50 organismes de bienfaissance

Cessez de vous disperser

Personne ne vous reprochera les deux dollars pour L'Itinéraire. Mais nos experts sont unanimes : vous devriez cesser de verser 10 dollars à gauche, 20 dollars à droite... «Quand on donne, on veut croire qu'on aide à changer les choses. Ce qui n'est pas le cas si vous dispersez vos dons aux quatre vents», explique Daniel Asselin, président d'Épisode, une société spécialisée en campagnes de financement.

«Les gens ont intérêt à con-centrer leurs dons. En effet, plus le montant est petit, plus il en coûte cher à l'organisme de le traiter sur le plan administratif», explique Caroline Bergeron, responsable du programme de Certificat en gestion philanthropique à la Faculté de l'éducation permanente de l'Université de Montréal.

«On parle maintenant du marché de la philanthropie ; les gens sont tellement sollicités qu'ils n'ont plus d'autre choix de se discipliner», croit Daniel Asselin.

Comment faire, alors ? D'abord, déterminez le montant que vous voulez donner chaque année et inscrivez-le à votre budget. Vous constaterez plus clairement combien vous êtes en mesure de donner.

Mais quelle cause choisir ? Vous avez l'embarras du choix. Éducation, santé, recherche scientifique, arts, animaux, environnement, itinérance ? La liste est longue. Et complexe.

Supposons que vous ayez opté pour la santé, plus spécifiquement le cancer. Vous devez déterminer de quelle façon vous voulez apporter votre contribution. Voulez-vous soutenir la recherche ? Contribuer à l'achat d'appareils de haute technologie ? Accompagner les personnes en phase terminale ? Lutter contre un cancer spécifique : prostate, sein, cerveau, des enfants ? Voulez-vous soutenir un hôpital ou un institut en particulier ? Les aidants naturels ? Permettre de meilleurs soins à domicile aux personnes atteintes ?

Bref, vous avez le pouvoir de décider ce qu'on fera de votre argent. Une fois ce choix établi, vous devrez vérifier à quoi se consacre chacune de ces fondations et oeuvres de bienfaisance.

Étudier la question

C'est plus facile de donner spontanément de petits montants. Si l'objectif est d'avoir bonne conscience, alors c'est l'idéal. Mais si vous voulez contribuer au règlement d'un problème, le processus est plus compliqué. «Il n'y a pas de formule magique ; il faut étudier le sujet et aller chercher l'information», affirme Me Christian Bolduc, associé, président-directeur général de BNP Stratégies.

Pour cela, il n'y a pas 36 façons : le site de l'ARC renferme beaucoup de chiffres ; on y retrouve en quelque sorte les déclarations fiscales des organismes caritatifs.

Si un organisme n'est pas enregistré auprès de l'ARC, il ne peut délivrer de reçu d'impôt. Et demandez-vous pourquoi cet organisme refuse d'ouvrir ses livres.

Toutefois, comme le souligne Caroline Bergeron, certaines organisations peuvent ne pas être enregistrées et défendre une cause tout à fait louable. C'est le cas notamment de Greenpeace, qui est considérée comme un lobby et non comme un organisme de bienfaisance.

Ensuite, vous pouvez visiter le site Internet des fondations ou des oeuvres de bienfaisance ; leur rapport annuel vous en dira beaucoup plus long sur leur mission, sur leurs projets et sur la façon dont elles utilisent l'argent qu'elles reçoivent. «C'est comme consulter les états financiers d'une entreprise à la Bourse avant d'y investir», souligne Daniel Asselin.

Tout au long du processus, souvenez-vous que la meilleure cause est toujours celle qui vous tient le plus à coeur. N'hésitez pas à dire non à un collègue de travail, à un ami ou à un voisin qui pédale, court ou grimpe pour une cause qui vous touche moins.

Et n'oubliez pas d'être cohérent : financer l'ascension de l'Himalaya - et donc prendre l'avion pour aller au bout du monde - pour lutter contre le réchauffement climatique est illogique.

Fondation privée ? Publique ? OEuvre de bienfaisance ?

Grosso modo, il existe au Québec 860 fondations privées, 1 138 fondations publiques et 14 475 oeuvres de bienfaisance.

Pour vous aider à vous y retrouver, sachez que la plupart des fondations publiques recueillent de l'argent auprès de la population en organisant des événements : campagnes de Centraide du Grand Montréal, de la Fondation du CHU Sainte-Justine, du Musée des beaux-arts de Montréal, etc.

Elles diffèrent en cela des fondations privées, dont les fonds proviennent essentiellement d'un individu ou d'une famille.

Autre particularité : alors que les fondations privées soutiennent en général plusieurs bénéficiaires, les fondations publiques n'existent souvent que pour une seule cause. Par exemple, la Fondation de l'Orchestre symphonique de Montréal ou la Fondation la Maison du Père.

On a souvent tendance à confondre la fondation publique et l'oeuvre de bienfaisance. Sauf exception, les fondations amassent, gèrent et redistribuent de l'argent à des oeuvres de bienfaisance, qui à leur tour dispensent des services à la population. Logique : les compétences pour diriger ces organismes sont très différentes.

Fiscalité

On vous l'a dit : charité bien ordonnée commence par soi-même. Alors, n'oubliez pas de réclamer vos reçus pour l'impôt. Au Québec, le taux du crédit combiné provincial/fédéral en 2014 est de 20 % pour un don de 200 dollars ou moins, et de 24 % pour un don de plus de 200 dollars.

En outre, depuis mars 2013, les individus qui font un premier don peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt fédéral supplémentaire de 25 % sur les premiers 1 000 dollars des dons versés. Pour être admissible, vous ou votre conjoint ne devez avoir déclaré aucun don de charité au cours des cinq déclarations fiscales précédentes.

Québec accorde un crédit d'impôt de 25 % pour un premier don culturel important effectué avant le 1er janvier 2018. Le don doit se situer entre 5 000 et 25 000 dollars et être destiné à un seul organisme. Ce crédit est porté à 30 % si le don s'élève à 250 000 dollars ou plus. +

Sur le Web

Adresse de la liste des organismes de bienfaisance de l'Agence du revenu du Canada : www.cra-arc.gc.ca/ebci/haip/srch/advancedsearch-fra.action

Quelle cause soutenir? Tableau de 50 organismes de bienfaissance

À la une

Assistons-nous à un retour en force des leaders toxiques?

MAUDITE JOB! «Ma boss est une folle furieuse! Comment se fait-il que de tels leaders existent encore de nos jours?»

Bourse: ce qui bouge sur les marchés avant l'ouverture jeudi 18 avril

Mis à jour il y a 8 minutes | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Les marchés mondiaux étaient mitigés jeudi matin.

Budget fédéral 2024: l'art de se tirer dans le pied

17/04/2024 | Daniel Dufort

EXPERT INVITÉ. Le gouvernement de Justin Trudeau «s’autopeluredebananise» avec son «budget mémorable».