Dividendes: Un parachute pour votre portefeuille

Publié le 27/12/2008 à 00:00

Dividendes: Un parachute pour votre portefeuille

Publié le 27/12/2008 à 00:00

Par François Rochon

Le dividende, c'est la tirelire des adultes devenus investisseurs à long terme. Au cours d'une vie, des milliers de dollars s'accumulent, à raison de 0,25 $ ou de 0,50 $ versés dans votre portefeuille tous les trois mois pour chaque action détenue.

Le dividende, c'est aussi le revenu stable qui jouit d'un avantage fiscal par rapport aux revenus d'intérêt. Ainsi, un titre de dividendes, tout comme un fonds commun de placement axé sur le dividende, donne son rendement maximum hors REER. Ce placement convient très bien aux retraités et à tous les détenteurs de portefeuille non enregistré. "Il faut toujours inclure des titres de dividendes dans un portefeuille hors REER en raison de cet avantage fiscal", souligne Alain Element, planificateur financier à la succursale d'Outremont de la Banque de Montréal.

Le dividende constitue donc une source de revenu intéressante. Même l'investisseur qui n'a pas besoin d'un revenu régulier aura avantage à investir dans ces titres, puisqu'il est possible de recevoir ce dividende sous forme d'actions, grâce à un programme de rachat automatique. Autrement dit, en plus de générer d'éventuels gains en capital, le nombre d'actions augmente de lui-même !

Le titre à dividende, c'est aussi le refuge, le placement "pépère" qui devient soudainement plus attrayant lorsque la tempête souffle sur les marchés boursiers. En effet, le dividende agit généralement comme un parachute quand rien ne va plus. "En général, note Marc Dalpé, le dividende procure un rendement minimum. Si les banques canadiennes n'avaient pas versé de bons dividendes, leurs actions auraient baissé davantage en 2008", ajoute le conseiller en placement du groupe Dalpé-Milette, une équipe de conseillers en placement qui oeuvrent chez Valeurs mobilières Desjardins.

Comment les choisir ?

Les dividendes sont-ils intéressants dans toutes les circonstances ? Presque. L'attrait du dividende varie selon les taux d'intérêt qu'offrent d'autres types de placements, comme les obligations gouvernementales. "Lorsque les taux baissent, le dividende est avantageux. Il l'est moins lorsque les taux augmentent", dit André D'Amours, gestionnaire à la Financière Banque Nationale.

Malgré son attrait, un taux de dividende élevé ne devrait jamais être le seul motif pour acheter les actions d'une entreprise. D'autant plus que, pour diverses raisons, il arrive que des entreprises affichent un taux de dividende anormalement élevé. Et cela est particulièrement vrai lorsque la Bourse pique sérieusement du nez.

Selon André D'Amours, le dividende n'est qu'un indicateur parmi d'autres au sein de son modèle quantitatif de sélection des titres. "Nous analysons toujours l'entreprise de manière à déterminer si elle présente la solidité nécessaire au maintien de son taux de dividende", précise le gestionnaire. De façon générale, il évite les sociétés qui versent plus de 70 % de leur bénéfice estimé.

Le gestionnaire s'intéresse aussi aux perspectives de croissance de l'entreprise qui permettront une augmentation régulière du taux de dividende. "L'augmentation du dividende est un signe extrêmement fort qui indique que la direction de l'entreprise a confiance en l'avenir", estime André D'Amours. Au Canada, plusieurs entreprises, notamment celles du secteur financier, augmentent régulièrement leur dividende.

Ordinaires, privilégiées ou fonds ?

Il existe trois façons de profiter des avantages des dividendes. La première, qui est aussi la plus simple, consiste à acheter les actions ordinaires d'une entreprise solide en appliquant les mêmes critères de sélection que s'il s'agissait d'une entreprise qui ne verse pas de dividendes. "Nous achetons des actions pour la partie croissance du portefeuille, explique Marc Dalpé. Une partie de cette croissance peut venir du dividende, mais celui-ci n'est pas la raison de l'achat." Il cite l'exemple de la Banque Royale. "Je l'achète parce que j'estime qu'elle est bien gérée et qu'elle maintient un très bon rendement sur le capital depuis 25 ans", précise le conseiller. Les portefeuilles des clients de Marc Dalpé comptent tout de même entre 30 et 35 % de titres à dividendes.

La deuxième façon est d'opter pour des actions privilégiées. Le taux de dividende est établi dès l'émission du titre. En général, la valeur de l'action est fixée à 25 dollars. Ainsi, une banque pourra émettre des actions privilégiées portant un taux de dividende de 5 %, soit 1,25 $. C'est ce montant que vous recevrez, et non 5 % de la valeur au marché de l'action. La valeur d'une action privilégiée fluctue comme celle d'une action ordinaire, bien qu'elle soit moins volatile.

En théorie, les détenteurs d'actions privilégiées ont aussi la priorité sur les détenteurs d'actions ordinaires si la société fait faillite. "Mais la différence sur le plan de la protection est vraiment très mince, et le rendement supérieur ne compense pas la faiblesse de cette sécurité", croit Marc Dalpé.

Enfin, le fonds commun de placement constitue la troisième manière de profiter des avantages des dividendes. Un tel fonds convient bien à l'investisseur qui veut encaisser des revenus réguliers à partir d'un portefeuille non enregistré (hors REER). "Le fonds de dividendes idéal ne devrait contenir que des actions privilégiées", estime Michel Marcoux, président d'Avantages Services Financiers (voir l'encadré pour ses trois suggestions) Après tout, le but est de profiter au maximum de l'avantage fiscal.

Le problème, c'est que ce genre de fonds est pratiquement inexistant. "À l'intérieur des fonds dits "de dividendes", il y a un peu de tout, remarque Alain Element. La source du revenu peut être un gain en capital, des intérêts ou des dividendes, ce qui annule la plus grande partie de l'avantage fiscal." Autre bémol : la diversification peut laisser à désirer. "Il ne faut pas se leurrer, fait remarquer Michel Marcoux. Au Canada, les fonds d'actions privilégiées contiennent surtout des titres bancaires."

Quel que soit le moyen utilisé, miser sur le dividende pour s'enrichir demeure une voie intéressante. Les turbulences boursières présentent souvent de belles occasions de mettre la main sur des titres de qualité qui offrent un taux de dividendes anormalement élevé qui, tôt ou tard, stimulera la hausse de l'action. En septembre, le contexte était particulièrement attrayant. Ainsi, le ratio du rendement des obligations sur celui des dividendes des banques varie historiquement entre 1,3 et 2,5 fois. Début septembre, il était de 0,70. "Je n'ai pas vu souvent une telle sous-évaluation des marchés", s'étonne le gestionnaire.

AVANTAGE FISCAL

Les intérêts sont imposés à 100 %, tandis que les dividendes de source canadienne bénéficient d'un crédit d'impôt. Il n'y a pas de crédit d'impôt pour les dividendes de sources étrangères.

RACHAT AUTOMATIQUE

Le détenteur du titre peut recevoir le dividende sous forme d'action plutôt qu'en argent. L'avantage principal d'un programme de rachat automatique : la transaction est gratuite. La plupart des entreprises qui versent régulièrement un dividende offrent le rachat automatique. Consultez leur site Web respectif pour connaître leurs conditions.

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