Démasquez les escrocs

Publié le 01/10/2009 à 00:00, mis à jour le 08/10/2013 à 11:05

Démasquez les escrocs

Publié le 01/10/2009 à 00:00, mis à jour le 08/10/2013 à 11:05

Les escroqueries de Bernard Madoff aux États-Unis et de Vincent Lacroix et d'Earl Jones au Québec ont fait de nombreuses victimes. Certaines ont même perdu toutes leurs économies. Selon la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario (CVMO), il est impossible de protéger les gens contre la fraude. Je ne suis pas d'accord dans le cas des victimes de Bernard Madoff et d'Earl Jones. Le premier a usé d'un stratagème classique selon lequel les gens se font promettre des rendements élevés chaque année (de 8 à 14 %) et reçoivent effectivement des dividendes en conséquence.

Pourquoi me serais-je méfié ? Simplement parce que je n'ai jamais eu vent de personne qui ait touché un rendement de 8 à 14 % année après année, quelle que soit la tenue des marchés. Par conséquent, chaque fois qu'elles voient pareils rendements, les autorités devraient soupçonner une fraude. À moins d'en être complice, toute grande firme de vérification interne aurait dû se rendre compte des irrégularités à l'analyse des états financiers.

Dans le cas d'Earl Jones, la situation diffère parce qu'il n'était pas enregistré, même s'il est évident que la loi l'obligeait à l'être. Sa méthode était fondamentalement la même. Comme il n'était pas enregistré, il ne faisait l'objet d'aucun contrôle, et son stratagème pouvait continuer. Mais il a été plus odieux encore, faisant croire à ses victimes qu'il était leur ami et qu'il voulait les aider. Il ne plaçait pas l'argent dans une banque dépositaire et communiquait peu de renseignements comptables. Il ne faisait pas non plus l'objet de vérifications internes, et ses clients devaient le croire sur parole. Il n'y avait aucun contrôle. La tentation était énorme, assez pour pervertir un saint, ce qu'il n'était pas.

Les effondrements boursiers ont habituellement pour effet de braquer les projecteurs sur ces crapules. Tant que les marchés sont assez stables ou à la hausse, il est difficile de les coincer. Toutefois, en période de crise financière, leur ruse est mise au jour parce qu'ils sont incapables de regarnir leurs coffres pour verser les dividendes sur les anciens capitaux dans lesquels ils s'étaient servis.

Il est facile de tirer une leçon de ces escroqueries. Ne faites pas confiance à ceux qui vous font miroiter des rendements élevés année après année ; ne comptez jamais sur des rendements qui n'ont aucune commune mesure avec ceux de placements ordinaires, et ne laissez jamais un gestionnaire de placement détenir votre argent. Assurez-vous que la garde de vos placements est confiée à une banque, à une société de fiducie ou à une autre grande institution (jamais à un petit courtier). Assurez-vous que tout gestionnaire de placement dont vous retenez les services est enregistré auprès du gouvernement, qu'il a des états financiers et que l'on peut accéder à un dossier de vérification détaillé à son sujet.

Comme le poisson lors d'une partie de pêche, l'investisseur cupide se fait sou-vent attraper.

* Président du conseil, Jarislowsky Fraser

stephen.jarislowsky@transcontinental.ca

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