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La plupart des économistes ne croient pas qu'à court terme le dollar canadien s'appréciera par rapport à la devise américaine. Sur un horizon à plus long terme, cependant, un tel scénario est possible, ce qui pourrait représenter un défi pour un investisseur canadien ayant un horizon de placement à moyen terme aux États-Unis. Il existe cependant un certain nombre de gestes que peut faire l'investisseur afin de protéger son portefeuille contre le risque de change.
«Quand on évoque un dollar fort, on le fait généralement en opposition au dollar américain», explique Martin Roberge, stratège et analyste quantitatif chez Canaccord Genuity. Pour se protéger contre une hausse éventuelle du huard, il entrevoit quelques options. «De manière plus indirecte, ils peuvent augmenter leur exposition à la valeur refuge qu'est l'or, soit par le truchement de titres aurifères ou en achetant directement le lingot», dit-il.
Le stratège chez Canaccord évoque également l'option des fonds négociés en Bourse (FNB) qui sont de plus en plus populaires et offrent une bonne diversification. «Les investisseurs peuvent faire l'achat d'un panier de titres de ressources ou combiner des FNB selon les secteurs d'exposition souhaités.» M. Roberge mentionne notamment les fonds d'indice de métaux et d'or XBN et XGD de la firme BlackRock, l'un des plus importants gestionnaires de FNB. Pour l'ultime protection, il suggère un FNB qui calque la devise canadienne. «C'est probablement la protection la plus certaine et la plus pure», dit-il.
Pas d'urgence à court terme
Comme d'autres observateurs, Luc Vallée, stratège en chef chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne, ne voit pas d'urgence à se protéger à court terme contre une hausse du dollar canadien. Mais il reconnaît le risque supplémentaire que représente la portion de titres en devises étrangères dans un portefeuille d'investissements. «Au risque inhérent à l'action, on vient ajouter un risque lié au taux de change.» Il est donc sensible à l'aspect protection qu'offrent, par exemple, des FNB couverts contre le risque de change. «Si j'avais un portefeuille en ce moment, je voudrais certainement me protéger contre les risques de dévaluation de l'euro, du yuan et du yen ou, même, des devises de pays émergents.»
Plusieurs investisseurs ont vu leur portefeuille croître de façon notable sous l'effet de la fluctuation des devises ces dernières années. «Les portefeuilles plus exposés aux actions américaines sans couverture ni protection contre le taux de change ont connu d'importants rendements», admet Daniel Straus, expert en FNB à la Financière Banque Nationale. Plusieurs de ces épargnants envisagent aujourd'hui la possibilité de prendre une part de leurs bénéfices et de protéger leur portefeuille contre une hausse éventuelle du dollar canadien. «Ils pourraient, par exemple, sécuriser une partie de leurs bénéfices en transférant leurs actifs dans des FNB similaires, mais qui ont la caractéristique d'offrir une protection contre le taux de change [currency hedged]», mentionne-t-il. L'expert de la Financière Banque Nationale affirme qu'on retrouve de nos jours presque autant de FNB qui offrent une protection liée au taux de change, particulièrement pour le marché américain, que de FNB qui n'en offrent pas. Il recommande toutefois de vérifier au préalable l'impact fiscal d'un tel transfert avant d'aller de l'avant.
Aux nouveaux investisseurs qui veulent entrer sur le marché boursier, Daniel Straus suggère de commencer à bâtir leur portefeuille à l'aide de FNB qui offrent une protection contre le risque de volatilité des devises. «Quand on commence à se constituer un portefeuille, peu importe la pondération et les secteurs d'allocation choisis, l'idée est d'éliminer dès le départ une variable de risque lorsqu'il est question de devises étrangères.» Il concède qu'il existe d'autres écoles de pensée qui prônent le contraire, surtout si les investisseurs sont aguerris et bien renseignés sur les fluctuations des différentes devises. «Mais ce n'est pas le cas de la majorité», dit-il.
