Courtage en ligne: comment investir à l'étranger sans se ruiner

Publié le 16/11/2013 à 00:00

Courtage en ligne: comment investir à l'étranger sans se ruiner

Publié le 16/11/2013 à 00:00

Par Stéphane Rolland

Francys Brown, fiscaliste de Corporation financière FBSA [Photo : Jérôme Lavallée]

Série 4 de 4 - Le courtage en ligne - Un nombre croissant d'épargnants se tournent vers le courtage en ligne pour gérer leurs placements de façon autonome. Tentés par l'aventure ? Lisez notre série de quatre textes sur le secteur, qui vous guideront dans vos décisions.

Les marchés boursiers américains sont à portée de clics pour les utilisateurs d'un compte de courtage en ligne. L'attrait de Wall Street ne doit pas vous faire oublier d'analyser l'impact de la conversion des devises et de la fiscalité.

La Bourse américaine, beaucoup plus diversifiée que sa contrepartie canadienne, concentrée dans trois secteurs, a la cote auprès des investisseurs. Depuis plus de deux ans, le S&P 500 a procuré un rendement nettement supérieur à celui de la Bourse de Toronto. Investir à l'étranger amène cependant un risque supplémentaire : celui associé à la conversion des devises.

«Dernièrement, la tendance a favorisé les investisseurs canadiens, tandis que le dollar américain s'est apprécié par rapport au dollar canadien», note Jean Soublière, président de la Fédération Actif, un mouvement coopératif d'éducation financière. «Les investisseurs doivent toutefois comprendre que le contraire peut également se produire», nuance-t-il.

Doubles frais

Investir à l'étranger est une étape importante dans la diversification d'un portefeuille, plaide Sébastien Trudel, planificateur financier et conseiller en sécurité financière. Ceux qui font cavalier seul relativement à leur compte de courtage en ligne doivent cependant bien comprendre qu'ils paieront pour convertir les devises, prévient l'auteur de L'investisseur zen.

Règle générale, les courtiers à commissions réduites majorent de 1 à 2 % le taux de change en vigueur sur les marchés. Cela varie d'un courtier à l'autre et en fonction de nombreux facteurs, comme la valeur de l'opération et la conjoncture du marché des devises.

Comme des frais de conversion s'appliquent tant lors de l'achat que de la vente des titres, les frais de change totalisent de 2 % à 4 %.

Le client d'un compte de courtage en ligne devra d'abord acheter des dollars américains, et ensuite acheter le titre en question. «Beaucoup d'investisseurs ne se rendent pas compte qu'ils paient deux fois, déplore M. Trudel. Ça peut valoir la peine dans ce cas d'ouvrir un compte libellé en dollars américains.»

En optant pour un compte libellé en dollars américains, l'investisseur paie une fois pour convertir les devises qu'il y transfère. Il n'a plus à payer des frais de recouvrement pour les transactions réalisées à même ce compte. La majorité des courtiers à escompte offrent des comptes libellés en dollars américains.

Pour les investisseurs qui n'auraient pas de compte libellé en dollars américains, M. Trudel leur suggère d'adopter une stratégie «acheter et conserver» afin de réduire le nombre de transactions.

Certains courtiers, comme Courtage direct Banque Nationale, peuvent aussi réduire les frais de change si l'investisseur réalise une transaction d'achat et de vente le même jour. Pour ce faire, l'investisseur doit communiquer avec le service à la clientèle de son courtier escompteur.

Le fisc a la mémoire longue

Investir chez nos voisins du Sud demande aussi une bonne organisation, soit de conserver tous les relevés de transaction importants, note Francys Brown, fiscaliste de Corporation fiscalité financière FBSA. L'investisseur qui vend un titre américain (comptes réguliers) devra calculer son rendement à partir du prix payé en dollars canadiens à l'origine.

«Il sera difficile pour un investisseur de se souvenir du prix qu'il a payé il y a dix ans s'il n'a pas bien conservé ses documents, donne en exemple le fiscaliste. Sinon, les contribuables sont contraints d'y aller approximativement lorsqu'ils font leur déclaration de revenus, ce qui peut leur faire perdre de l'argent ou entraîner un litige avec le fisc.»

Notez aussi que les investisseurs ne disposent pas du crédit d'impôt pour dividendes lorsque ceux-ci proviennent de sociétés étrangères. Ottawa imposera les dividendes comme un revenu d'intérêt, mais accordera un crédit d'impôt sur les retenues fiscales aux États-Unis afin d'éviter la double imposition. Autrement dit, vous payez le plein impôt canadien, moins la retenue faite par les États-Unis. Au total, le taux marginal maximal sur les dividendes sera de 49,97 %.

Deux formulaires à remplir

Les particuliers dont la valeur des biens aux États-Unis est supérieure à 60 000 dollars américains doivent remplir le formulaire 706NA destiné à l'agence du revenu des États-Unis (Internal Revenue Service, IRS). Même s'il y a une exemption d'impôt pour les actifs de moins de 5,25 millions de dollars américains, les investisseurs sont tout de même tenus de remplir le formulaire.

Au Canada

Les Canadiens qui détiennent au moins 100 000 $ US en actifs étrangers doivent remplir le formulaire T1135 de l'Agence du revenu du Canada. Dans le cas des utilisateurs de compte de courtage, ceux-ci ne sont pas tenus de le remplir si leur courtier leur fournit un formulaire T3 ou T5 pour les revenus de fiducies ou de placements à l'étranger, selon une modification adoptée par le gouvernement depuis cette année.

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