Ces éclopées peuvent-elles rebondir?


Édition du 08 Juillet 2017

Ces éclopées peuvent-elles rebondir?


Édition du 08 Juillet 2017

Par François Normand

Elles ont connu des jours meilleurs, mais aujourd'hui, elles pâtissent de la conjoncture, de la décision d'un client ou d'une erreur stratégique. Bienvenue dans le monde des «éclopées» de la Bourse, des entreprises handicapées qui, ces derniers mois, ont pour la très grande majorité perdu beaucoup de valeur.

C'est parfois dans ces moments que se présentent les meilleures occasions. Aimia, Pages Jaunes, Mediagrif, TFI International, Héroux-Devtek et DavidsTea pourraient-elles éventuellement rebondir ?

Pour comprendre leurs déboires et évaluer leur potentiel de croissance, nous avons décortiqué près d'une quarantaine de rapports d'analystes, en pesant les pour et les contre pour chacune des entreprises.

 

1. AIMIA (AIM ; 1,65 $)

L'entreprise en bref

Aimia est le propriétaire d'Aéroplan, la plus importante société canadienne de marketing de fidélisation. Bilan de santé

L'action a reculé de 79 % depuis le début de l'année.

La décision du transporteur aérien Air Canada d'abandonner, à compter de 2020, le programme de points Aéroplan afin d'élaborer son propre programme de fidélité a fait très mal à l'entreprise.

«Aimia devra complètement inverser le positionnement du programme Aéroplan après avoir perdu cette relation exclusive», affirme Neil Linsdell, analyste chez IA Valeurs mobilières.

Elle pourrait tenter de trouver un autre transporteur qu'Air Canada pour continuer à offrir la récompense, mais la société doit faire vite afin de préserver la fidélité des consommateurs.

Par ailleurs, Aimia fait face à un autre défi de taille : garder ses partenaires fournisseurs de cartes de crédit tels que la TD, la CIBC et AMEX, qui attiraient eux aussi des consommateurs grâce au programme Aeroplan.

Si Aimia perdait d'autres clients importants, cela pourrait avoir un impact sur ses flux de trésorerie disponibles, qui pourraient alors devenir négatifs, prévient l'analyste de Marchés mondiaux CIBC Stephanie Price.

Pour générer de nouvelles liquidités, l'entreprise pourrait en outre être forcée de vendre certains actifs tels que sa participation dans Club Premier, un programme de fidélisation au Mexique.

Un espoir de guérison ?

Malgré la perte du contrat avec Air Canada, Kenric Tyghe, analyste chez Raymond James, demeure optimiste. Selon lui, on surestime le risque associé à la perte du programme Aéroplan. De plus, Aimia peut prendre différentes mesures pour atténuer l'impact, dit-il.

Elle va notamment tenter de réduire ses coûts de 70 millions de dollars (M$) d'ici 2019, souligne Adam Shine, analyste de la Financière Banque Nationale.

«La direction, toutefois, n'a pas fourni de détails sur ce qu'elle pourrait faire», déplore l'analyste, qui n'est pas optimiste pour la suite des choses.

Selon lui, le pire pourrait bien être à venir. «Le ciel sera relativement clair pendant trois ans, mais les nuages et les turbulences pointent à l'horizon.»

Une chose inquiète particulièrement Stephanie Price : la perte de toute espèce de rapport de force du côté d'Aimia pour négocier une bonne entente avec un autre transporteur aérien.

Sachant que la société doit à tout prix remplacer Air Canada d'ici 2020, un transporteur pourrait imposer des conditions beaucoup moins avantageuses pour Aimia.

Cible moyenne : 4,20 $
Surperformance 1
Conserver 4
Sous-performance 5

 

2. TFI INTERNATIONAL (TFII ; 27,68 $)

L'entreprise en bref

TFI International (anciennement TransForce) est une entreprise spécialisée dans le transport au Canada et aux États-Unis. La société est active dans quatre segments : les colis et le courrier, le transport de lots complets, le transport de lots brisés et la logistique.

Bilan de santé

Le titre de l'entreprise a reculé de 27 % depuis le début de l'année.

Au premier trimestre, TFI a enregistré des résultats plus faibles que prévu. La direction a même réduit ses prévisions pour le BAIIA en 2017, les faisant passer de 600-620 M$ à 550-560 M$.

Cette situation tient principalement aux mauvaises conditions de marché aux États-Unis dans le segment du transport par camion. Les rentrées liées au commerce électronique chez TFI sont aussi moins importantes que prévu.

«L'entreprise a progressé de 2 % depuis un an, alors que la croissance était supérieure à 10 % durant les derniers trimestres», souligne Benoit Poirier, analyste chez Desjardins Marché des capitaux.

TFI attribue cette contre-performance à la perte d'un important contrat en Californie, dans un marché où les entreprises évaluent toutes leurs options pour effectuer leurs livraisons de marchandises.

Un espoir de guérison ?

Malgré l'écueil, les revenus de la société devraient continuer à progresser dans les prochaines années. En 2016, ils se sont élevés à 4 milliards de dollars (G$). En 2017 et en 2018, ils devraient s'établir respectivement à 4,9 G$ et 5 G$, selon l'analyste Damir Gunja de Valeurs mobilières TD.

TFI espère aussi faire des acquisitions de quelque 600 M$ aux États-Unis. L'entreprise dispose de bonnes liquidités, ce qui devrait lui permettre de faire ces acquisitions, estime Fadi Chamoun, de BMO Marchés des capitaux.

Les conditions de marché semblent aussi s'améliorer. Deux transporteurs majeurs de l'industrie, Swift Transportation et Knight Transportation, affirment que le rebond observé en mars reflète une amélioration de l'environnement pour le reste de 2017. Damir Gunja demeure prudent à l'égard du titre, principalement en raison de la détérioration du marché du transport par camion attribuable à des excès de capacité.

«Étant donné l'environnement actuel, nous croyons qu'il est prudent pour les investisseurs d'attendre des signes d'amélioration avant d'acheter des actions ou d'accroître leur participation dans TFI.»

Les avis sont toutefois partagés.

Marchés mondiaux CIBC demeure optimiste, notamment en raison de l'amélioration de l'économie américaine et des dépenses de consommation aux États-Unis. Son analyste Kevin Chiang recommande le titre.

Cible moyenne : 33,25 $
Conserver 7
Surperformance 4

 

 3. PAGES JAUNES (Y ; 7,44 $)

L'entreprise en bref

Pages Jaunes est une entreprise du secteur du marketing et des médias, qui publie notamment l'annuaire téléphonique pour Bell et Telus. Elle est en train de migrer vers des activités numériques, qui représentent maintenant plus des deux tiers de ses revenus.

Bilan de santé

Depuis le début de l'année, l'action de Pages Jaunes a dégringolé de 65 %.

Le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) est aussi en recul, sans parler des revenus de l'entreprise, qui font marche arrière depuis trois ans.

En 2014, le chiffre d'affaires de la société s'établissait à 877,5 M$. L'an dernier, il était de 818 M$, et il pourrait descendre à 778,6 M$ cette année, selon Canaccord Genuity.

Comme la plupart des entreprises des secteurs des médias, Pages Jaunes pâtit de la concurrence des Facebook et Google de ce monde, a admis le président et chef de la direction Julien Billot, en marge de l'assemblée annuelle au début du mois de mai.

Pour relancer la société, il a proposé une seconde transformation - qui suit le plan quinquennal qu'il avait amorcé lors de son arrivée en poste, en 2014 - afin de tenter d'augmenter les revenus et les profits.

Sa stratégie ? Ne plus concurrencer directement les géants du Web et plutôt profiter de leur popularité.

Un espoir de guérison ?

Les analystes font preuve de prudence à l'égard de Pages Jaunes.

«La mise à jour stratégique procure peu de certitudes sur les prévisions à moyen terme», souligne Bentley Cross, de Valeurs mobilières TD.

Concrètement, la stratégie de l'entreprise prévoit entre autres de revamper l'offre aux consommateurs, de déployer de nouvelles méthodes de vente, ainsi que de redéfinir et d'améliorer l'expérience client.

Même s'il estime que le titre pourrait reprendre de la vigueur si Pages Jaunes renoue avec la croissance, M. Cross croit que les investisseurs doivent avoir les reins solides pour investir actuellement dans la société. «Il faut avoir une bonne marge de sécurité avant de considérer l'achat d'actions de Pages Jaunes.»

De son côté, Aravinda Galappatthige, analyste chez Canaccord Genuity, estime que la société doit mieux contrôler ses coûts afin de rétablir sa santé financière. Et la tâche risque d'être difficile.

Point positif : Pages Jaunes investit depuis 2014 pour améliorer son offre numérique, une stratégie qui donne des résultats. En 2017-2018, la société s'attend à ce que ses revenus liés au secteur du numérique passent de 582 M$ à 599,4 M$.

Cible moyenne : 7,15 $
Surperformance 1
Conserver 3

 

4. MEDIAGRIF (MDF ; 15,40 $)

L'entreprise en bref

Mediagrif possède et exploite un réseau de commerce électronique qui permet à ses clients des secteurs public et privé de trouver, d'acheter ou de vendre des produits tout en ayant accès à de l'information.

Bilan de santé

L'action de Mediagrif a fondu de 23 % depuis le début de l'année.

La croissance interne est anémique, et il faudra être patient, affirme Maher Yaghi, analyste chez Desjardins Marché des capitaux. «Il faudra probablement quelques trimestres à la croissance interne pour retourner en territoire positif.»

Cela dit, l'acquisition en 2016 d'ASC (Advanced Software Concepts), un fournisseur de technologies de gestion de contrats pour une clientèle située principalement en Amérique du Nord, commence à porter ses fruits.

En fait, la stagnation de la croissance interne chez Mediagrif est «essentiellement due» au déclin des revenus chez Jobboom et LesPAC, selon Desjardins.

Et la grande responsable est la stratégie de bas prix de Jobboom et de LesPAC afin de concurrencer des entreprises moins chères, selon Maher Yaghi.

L'analystes ne jettent pas pour autant la pierre à Mediagrif.

Certes, cette stratégie (notamment la décision de rendre gratuites les annonces sur LesPAC) peut réduire ses revenus à court terme. Par contre, une approche misant sur la publicité plutôt que sur des annonces payantes peut être plus efficace pour affronter les nouveaux acteurs dans le marché des petites annonces.

Cela dit, Mediagrif fait face à un concurrent de taille, Facebook. Cette concurrence qui ne fera que s'accroître, affirme Maher Yaghi. «Les récentes annonces du géant américain nous permettent de croire que LesPAC et Jobboom pourraient affronter plus de concurrence au cours des prochains trimestres.»

Un espoir de guérison ?

Desjardins souligne que Mediagrif génère encore de «solides flux de trésorerie», ce qui procure à la société de la flexibilité pour payer sa dette et financer de futures fusions et acquisitions. Le 21 juin, Mediagrif a fait l'acquisition d'Orckestra, un fournisseur de solutions de commerce unifié et omnicanal qui avait des difficultés financières.

«Le potentiel de fusions et acquisitions, combiné avec une amélioration progressive de ses opérations existantes, devrait permettre à l'entreprise d'accroître ses marges et de continuer à améliorer le rendement des capitaux propres à long terme», estime Yaghi Maher.

De plus, la société peut encore réaliser des synergies avec l'intégration de ASC.

«La direction de Mediagrif a historiquement fait un bon travail en cernant des activités inutiles dans les entreprises qu'elle a acquises», rappelle-t-il.

Selon lui, le bilan positif des intégrations réussies par l'entreprise et la faiblesse relative de sa dette font en sorte qu'elle aurait facilement accès à du financement pour continuer à grandir par des fusions et des acquisitions.

Cible moyenne : 20 $
Conserver 1
Surperformance 4

 

5 DAVID'S TEA (DTEA ; 5,70 $ US)

L'entreprise en bref

David'sTea est un détaillant qui offre une sélection de thés et d'accessoires. L'entreprise exploite 208 magasins au Canada et aux États-Unis.

Bilan de santé

Depuis un an, le titre de l'entreprise a diminué de plus de moitié.

En une phrase, l'analyste Chris W. Krueger, de Lake Street Capital Markets, résume probablement mieux que quiconque les déboires de l'entreprise : «Les choses sont allées de mal en pis pour David'sTea.»

La société doit composer avec la frilosité des consommateurs. Elle exploite aussi des magasins sous-performants, où les ventes sont insuffisantes.

En fait, elle a déjà pris une provision sur ces magasins, car elle sait que les coûts seront supérieurs aux revenus sur l'horizon des baux. Il y en a 21 aux États-Unis et 5 au Canada. De plus, certains baux ne seront pas renouvelés. Et cette situation perdurera au moins jusqu'en 2018.

David'sTea se trouve aussi dans une situation critique sur le plan de ses inventaires, ce qui a un impact sur les résultats de l'entreprise.

«Les surplus d'inventaires devraient exercer une pression sur la marge brute pour les prochains trimestres et entraîner une perte d'exploitation en 2018», affirme l'analyste Kelly Bania, de BMO Marchés des capitaux.

Un espoir de guérison ?

Les ventes de l'entreprise continuent de progresser. Elles se sont élevées à 180,7 M$ pour l'année fiscale 2016 et à 216 M$ en 2017.

Cependant, une augmentation des ventes n'amène pas automatiquement une hausse de la rentabilité (on peut notamment ajouter plusieurs établissements non rentables tout en augmentant les revenus). David'sTea a enregistré une perte opérationnelle de 6,3 M$ cette année comparativement à un bénéfice de 15,2 M$ en 2016.

L'entreprise est en train d'ajuster sa stratégie pour tenter de retrouver la santé financière.

Elle consacrera plus d'énergie à améliorer la performance de ses magasins existants et ralentira le rythme d'ouverture de nouveaux établissements.

«La société a l'intention de ralentir son taux d'expansion l'année prochaine en ajoutant de 15 à 20 magasins, ce qui est inférieur à son plus récent aperçu de 25 à 30 nouvelles unités», souligne Chris W. Krueger.

Le nouveau patron de David'sTea, Joel Silver, affirme que l'entreprise fait face à plusieurs défis commerciaux. La société doit offrir de nouveaux produits et augmenter la part du commerce électronique. Le Web représente à l'heure actuelle 10,6 % de ses ventes totales.

Kelly Bania déplore l'insuffisance d'information sur les orientations pour 2018, année qui doit pourtant être marquée par la relance de la société.

Cible moyenne : 7,88 $
Sous-performance 1
Conserver 4

 

6. HÉROUX-DEVTEK (HRX ; 14,27 $)

L'entreprise en bref

Héroux-Devtek est spécialisée dans le design, le développement, la production et la réparation de systèmes et de composants utilisés principalement dans l'aérospatial et le secteur industriel.

Bilan de santé

Le titre se promène en dents de scie depuis deux ans. En mai, l'action était en recul de près de 15 % par rapport au début de l'année, mais elle vient de rebondir et n'affiche plus qu'un recul de 4 %.

L'entreprise de Longueuil a connu des difficultés ces derniers mois, notamment en raison de la réduction de cadence de production du Boeing 777, dont elle fabrique le train d'atterrissage.

La société a aussi perdu un mandat d'entretien et de fabrication de l'armée de l'air des États-Unis (Hercules C-130, KC-135 et Boeing E-3).

Selon Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux, ce contrat représentait des revenus de 25 M$ par année, soit 6 % du chiffre d'affaires. Les contrats militaires représentaient 49 % du chiffre d'affaires de Héroux-Devtek en 2016.

Tim James, de Valeurs mobilières TD, estime que ce contexte défavorise le titre en Bourse. «Il empêchera un mouvement significatif plus élevé à court terme.» Or, le 15 juin, l'analyste Derek Spronck, de RBC Marchés des capitaux, voyait un potentiel d'appréciation de 19 % du titre.

Un espoir de guérison ?

L'analyste Anthony Zicha de Scotia Capital estime qu'il faudra attendre jusqu'en 2019 pour que Héroux-Devtek renoue avec la croissance. Elle a récemment dû mettre à pied 90 employés et inscrire une charge de restructuration de 4,8 M$ au quatrième trimestre.

Malgré tout, Héroux-Devtek dit rester à l'affût de futures acquisitions. Par contre, les entreprises du secteur sont coûteuses, selon Desjardins Marché des capitaux.

Héroux-Devtek est aussi optimiste en ce qui a trait au secteur militaire en raison de l'augmentation des dépenses. Le programme T-X de l'armée de l'air américaine représente l'une de ces occasions d'affaires à long terme. Ce programme a été mis en place pour permettre à l'armée américaine d'acheter un nouveau jet à deux places pour la formation des pilotes afin de remplacer le Northrop T-38 Talon, qui a plus de 40 ans.

Ben Cherniavsky, de Raymond James, demeure lui aussi positif en raison des contrats signés par Héroux-Devtek dans le passé.

La plupart de ces contrats débuteront en 2017, notamment avec le constructeur suédois Saab Ab (pour l'appareil Gripen E) et le brésilien Embraer (pour l'avion KC-390).

Cible moyenne : 14,80 $
Conserver 4
Surperformance 2

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