Bien protégé, sans l'être trop


Édition de Mai 2014

Bien protégé, sans l'être trop


Édition de Mai 2014

Illustrations : sébastien thibault

Les accidents, les maladies ou la mort prématurée n'ont rien pour enflammer un 5 à 7. L'assurance est une question qu'on voudrait tous expédier, convenons-en. D'autant plus qu'acheter de l'assurance vie ou de l'assurance invalidité, c'est consentir à payer une prime mensuelle pour atténuer les conséquences d'un événement qui risque fort de ne jamais se produire.

«Les gens trouvent normal d'assurer leur voiture et leur maison, mais considèrent l'assurance vie ou l'assurance invalidité comme une dépense», lance Daniel Walsh, vice-président développement des affaires, Québec et Atlantique chez BMO Société d'assurance vie.

En effet, vous n'hésiteriez pas à payer une prime pour assurer votre maison contre les incendies. C'est compréhensible : vous avez investi des dizaines, voire des centaines de milliers de dollars, pour un toit et un cadre de vie pour votre famille. Si vous êtes en mesure de vous offrir une telle maison, c'est que vous en avez les moyens. Vous avez étudié, vous avez acquis de l'expérience, vous avez gravi les échelons, ce qui vous confère une capacité de générer des revenus. Et si vous êtes ambitieux, de plus en plus de revenus ! Si vous aviez à mettre une valeur sur cette capacité, qu'est-ce qui vous viendrait à l'esprit ? «Probablement un montant dans les sept chiffres», affirme Marc-André Duhaime, conseiller en sécurité financière.

C'est ce que l'assurance de personnes protège.

Contre quoi ? Un accident ou une maladie qui mineraient temporairement ou définitivement votre capacité à travailler. Et bien sûr un décès prématuré. Le risque de subir un événement particulier qui vous empêcherait de gagner votre vie reste mince. Cependant, le risque que l'un des deux membres d'un couple connaisse une période plus ou moins longue d'invalidé ou décède de façon prématurée est nettement plus important. Et ce risque augmente avec l'âge.

Ce qui fait dire à Maud Salomon, conseillère en sécurité financière et représentante en épargne collective rattachée à MICA Capital, que l'assurance est comme la crème solaire, si on oublie d'en mettre à un endroit, ça chauffe ! «C'est pourquoi il faut envisager l'assurance un peu comme le placement : en se constituant un portefeuille», explique-t-elle.

De quoi peut-être composé ce portefeuille ?

Assuré à vie

D'abord, une grande question : voulez-vous être protégé jusqu'à la tombe ou pendant une période précise ? L'assurance peut en effet être permanente ou temporaire.

L'assurance permanente couvre toute la vie. Plus on la souscrit tôt, moins les primes seront élevées. On peut la payer entièrement sur une période de quelques années, augmenter les versements au fil du temps ou payer des montants fixes. À envisager principalement dans une stratégie successorale. Du fait qu'au décès, une personne est présumée avoir disposé de ses actifs (REER, FERR, immobilier, placements, parts dans une entreprise), la ponction fiscale peut être salée. Le montant de l'assurance servira à essuyer la note ou à enrichir la descendance, des proches ou un organisme de charité. On peut également souscrire une petite assurance permanente pour décharger la famille des frais funéraires.

«Avec une telle assurance, vous avez la certitude de ne pas payer de primes pour rien et vous bénéficiez d'une valeur de rachat», rappelle Richard Chiasson, directeur des ventes, produits d'assurances à la Financière SunLife. La valeur de rachat permet au client d'emprunter ou de retirer une certaine partie de son assurance. Par contre, si on se prévaut de cette option, la police est annulée.

Une assurance vie renouvelable

Plus abordable, l'assurance temporaire vous assure pendant que vous avez des enfants à charge et une hypothèque à rembourser. Cette assurance couvre une période prédéterminée (5, 10, 15 ou 20 ans...) Il est même possible de trouver sur le marché le terme de votre choix (T-17, par exemple). Mais attention : si vous souhaitez la renouveler au terme du contrat, les primes bondiront.

Sur son site Internet, l'Autorité des marchés financiers illustre l'évolution du coût d'une assurance temporaire de dix ans, offrant une couverture de 100 000 dollars et renouvelée tous les dix ans. De moins de 125 dollars par an avant 40 ans, elle passe à 163 dollars de 41 à 50 ans, puis à 268 dollars de 51 à 60 ans, et à 626 dollars après 60 ans. Elle n'offre pas de valeur de rachat, mais vous pouvez la convertir en assurance permanente si cela répond mieux à vos plans et si vous en avez les moyens.

Pourquoi pas un combo ?

Cette abondance d'offres ne facilite pas la tâche lorsque vient le moment de choisir. Bonne nouvelle : vous n'aurez peut-être pas à trancher ! Il est possible de combiner certains produits, rappelle Maud Salomon. «Par exemple, on peut prendre une assurance temporaire dotée d'un montant de couverture plus important, se terminant quand vos besoins auront diminué, c'est-à-dire quand l'hypothèque sera remboursée ou quand les enfants auront quitté la maison. On y ajoute une petite couverture d'assurance permanente, pour payer les derniers frais lors du décès.»

Il reste que pour bien choisir, il faut faire une analyse approfondie de ses besoins. Cela va souvent plus loin que la multiplication d'un salaire perdu par un nombre d'années. «L'analyse porte sur les questions financières, mais aussi sur les valeurs des clients et sur leurs projets futurs, des éléments cruciaux pour établir leurs vrais besoins», explique Martine Provencher, conseillère indépendante en sécurité financière et en régime d'assurance collective.

Un bon moyen de connaître le montant idéal auquel souscrire consiste à simuler une planification financière qui tiendrait compte de la disparition de l'un des deux membres du ménage.

L'assurance invalidité

Nos dépenses ne disparaissent pas parce qu'une maladie ou un accident nous empêche de travailler. Elles ont plutôt tendance à augmenter. Comment y faire face alors qu'on est privé de revenu ? C'est le domaine de l'assurance invalidité.

Cette assurance est aussi appelée «assurance salaire», car elle protège une partie d'un revenu de travail en cas d'invalidité. Les conseillers en sécurité financière suggèrent de la prendre dès que l'on commence à avoir un revenu qui n'est pas protégé. Elle est souvent assortie d'une assurance maladie complémentaire qui couvre des soins ou des médicaments non couverts par l'assurance maladie publique.

Ces produits présentent plusieurs nuances. Certains vous couvriront tant que vous n'êtes pas capables d'occuper un emploi identique à celui que vous occupiez, alors que d'autres se termineront dès que vous pourrez travailler de nouveau, quel que soit l'emploi. Ils dureront quelques années, ou jusqu'à 65 ans.

Assurance maladies graves

En plus de priver un travailleur de son revenu, une maladie grave, comme un cancer ou un accident vasculaire cérébral, risque de lui imposer des frais importants liés, par exemple, à des soins à domicile, à des frais de transport ou à des traitements médicaux qui ne sont pas couverts par la RAMQ. L'assurance maladies graves, dans ce sens, ne couvre pas le risque d'une perte de revenu, mais le risque d'une dépense substantielle à la suite d'une maladie. Ce peut-être une dépense liée au traitement de la maladie ou encore une dépense professionnelle, par exemple les frais de reconstitution d'une clientèle au retour d'une convalescence.

À la différence de l'assurance invalidité qui verse une indemnité tous les mois, l'assurance maladies graves verse une seule indemnité, dès qu'une maladie figurant dans la police est diagnostiquée. La liste des maladies couvertes varie d'un contrat à l'autre. On y trouve la plupart des cancers, des maladies dégénératives et cardiovasculaires et parfois des handicaps résultant d'un accident, comme des brûlures graves.

Comme l'assurance vie, elle peut être temporaire (c'est la plus abordable), permanente et assortie d'une valeur de rachat. Cette dernière est de loin la plus chère.

Cette protection ne se substitue pas à l'assurance invalidité, sauf si une personne n'a pas de revenu assurable. Autrement, elle la complète.

L'assurance soins de longue durée

Comme l'assurance maladies graves, la protection soins de longue durée couvre le risque d'une hausse subite des dépenses, par exemple celles qui sont engagées pour des soins à domicile ou pour un centre d'hébergement pour personnes en perte d'autonomie. Le vieillissement de la population entraîne un regain d'intérêt pour cette formule, même si elle existe depuis longtemps. «Les baby-boomers s'inquiètent de leur capacité à prendre soin de leurs parents vieillissants, mais aussi de l'augmentation des risques de maladie pour eux-mêmes», remarque François Leduc, enseignant au Collège Montmorency.

Cette assurance offre une rente mensuelle non imposable à un assuré qui a perdu son autonomie physique ou mentale en raison d'une maladie ou d'un accident.

Les gens l'ignorent souvent, mais beaucoup de contrats d'assurance invalidité peuvent être convertis en assurance soins de longue durée, ce qui permet de bénéficier de la protection à bien meilleur marché. «C'est dans ce type de contrat qu'on retrouve généralement les meilleures protections en soins de longue durée», précise Marc-André Duhaime. Attention : si l'assuré n'opte pas pour la conversion avant la date limite prévue au contrat, il perd la possibilité de le faire !

Acheter une telle assurance vous coûtera plus cher et vous pourriez être contraint à passer un examen médical.

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