On a encore besoin des conseillers en services financiers

Offert par Les Affaires


Édition du 25 Mars 2017

On a encore besoin des conseillers en services financiers

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Édition du 25 Mars 2017

Par Michel Villa

Depuis quelques années, plusieurs investisseurs mettent en doute la pertinence des services d'un conseiller en services financiers.Qu'en est-il?

Auparavant, plusieurs facteurs tels que l'asymétrie de l'information financière, l'accès aux cotes en temps réel et l'optimisation de la gestion de portefeuille procuraient un avantage indéniable au conseiller en services financiers, justifiant aisément ses honoraires. Aujourd'hui, le portrait a considérablement changé.

Grâce aux technologies de l'information et de la communication, l'investisseur peut lire les nouvelles financières et les blogues spécialisés en investissement, suivre un cours en ligne d'introduction à la Bourse, négocier activement par l'intermédiaire de plateformes transactionnelles et utiliser une panoplie d'outils sophistiqués pour bâtir son portefeuille et le gérer. Bref, l'investisseur moyen peut maintenant rivaliser avec un conseiller en services financiers à plusieurs niveaux, ce qui peut l'amener à délaisser l'expertise de ce dernier.

Toutefois, selon moi, un conseiller compétent peut apporter une valeur ajoutée dans les domaines suivants : planification financière, respect du plan financier malgré les fluctuations boursières et relation de confiance fondée sur l'honnêteté et la collaboration. «On ne peut pas prédire, mais on peut se préparer», dit Howard Marks, gestionnaire de portefeuille.

Comme vous vous en doutez, l'être humain devient vulnérable lorsqu'il est confronté à des nouvelles potentiellement négatives pour le rendement de son portefeuille. En effet, selon Kahneman et Tversky, l'inconfort psychologique causé par une perte a un impact deux fois plus grand que la satisfaction tirée d'un profit similaire. Cela explique notre propension à nous départir de nos actions lors des périodes de forte volatilité des cours.

Or, ce comportement est à proscrire. D'après Carl Richards, célèbre planificateur financier américain, nos biais comportementaux, comme celui décrit plus haut, expliquent une bonne partie de l'écart entre la performance de l'investisseur et celle du S&P 500. D'ailleurs, une étude menée par la société BlackRock entre 1996 et 2015 a démontré que l'investisseur moyen a affiché un rendement annualisé moyen de +2,11% alors que celui de l'indice de référence américain s'est élevé à +8,19%. Il y a à l'évidence ici plus qu'une question de frais de gestion sur des fonds communs de placement.

Selon une autre analyse, cette fois du CIRANO (Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations), les ménages canadiens qui ont recours à un conseiller en services financiers pendant au moins 15 ans accumulent un montant d'actifs financiers presque quatre fois supérieur à celui des ménages qui gèrent eux-mêmes leurs finances. Selon l'organisme, la discipline serait l'un des facteurs déterminants dans l'écart du patrimoine cumulé.

Enfin, en 2013, David Blanchett, directeur de la recherche chez Morningstar, a introduit le concept «gamma», une mesure visant à quantifier la valeur ajoutée du conseiller en services financiers. Selon ses conclusions, l'application d'une planification financière rigoureuse permet à l'investisseur d'ajouter un rendement annuel moyen de 1,59 % à celui généré par la gestion de portefeuille.

Sachant que le S&P/TSX a généré un rendement de plus de 20 % en 2016, et ce, en dépit de manchettes telles que le prix du WTI qui s'est négocié sous la barre des 30 $ le baril, la victoire du Brexit et l'élection de Donald Trump, je suis persuadé que plusieurs investisseurs n'ont pas profité pleinement de cette performance exceptionnelle. Lors de périodes critiques (et moins critiques), le conseiller en services financiers a de la valeur.

 

Sources

BlackRock. «Investing and Emotions: the average investor underperforms», https ://www.blackrock.com/investing/literature/investor-education/investing-and-emotions-one-pager-va-us.pdf, 2016.

Claude Montmarquette, Nathalie Viennot-Briot. «The Gamma Factor and the Value of Financial Advice», CIRANO, août 2016.

Daniel Kahneman, Amos Tversky. «Prospect Theory: An Analysis of Decision under Risk», Econometrica 47 : 2, 263-291, 1979.

Rudy Luukko. «Les conseils ont un prix, mais quelle en est la valeur ?», Les Affaires, 8 décembre 2016.

 

EXPERT INVITÉ

Michel Villa est détenteur de la charte CFA, opérateur de marché, formateur et conférencier sur la Bourse. Il publie sur son site Web michelvilla.com.

 

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