Investir dans l'éducation : 8 sociétés sous examen


Édition du 20 Août 2016

Investir dans l'éducation : 8 sociétés sous examen


Édition du 20 Août 2016

[Photo : Shutterstock]

Finies les vacances. Voilà que sonne la cloche de la rentrée scolaire. L'idée nous est venue de jeter un coup d'oeil sur des sociétés en Bourse engagées directement ou indirectement dans le secteur de l'éducation. Notre bulletin.

New Oriental et TAL : deux écoles qui misent sur la Chine

S'instruire, c'est s'enrichir, dit le dicton. La chose est particulièrement vraie en Chine. Les diplômés des 39 universités considérées comme les meilleures par le gouvernement gagnent jusqu'à 49 % plus cher que les étudiants des universités régulières, selon Deutsche Bank Securities.

Les chiffres permettant de comparer les salaires des universitaires avec ceux des classes moins scolarisées ne sont pas disponibles, mais il fait peu de doute que l'écart est encore plus grand.

Ces 39 universités accaparent 70 % des budgets gouvernementaux alloués à l'ensemble des universités, ce qui aide à améliorer leurs programmes et leurs infrastructures.

«Tous ces facteurs font en sorte que les jeunes Chinois seront prêts à se livrer une forte concurrence pour y être admis», croit l'analyste Alvin Jiang.

Et qu'ils auront en conséquence de plus en plus recours aux services de New Oriental Education & Technology (EDU, 43,41 $ US) et de TAL Education Group (XRS, 60,01 $ US), deux sociétés qui offrent des cours permettant d'améliorer leurs chances d'être admis au sein des meilleures universités.

Chaque année, la Chine tient un concours national d'entrée à l'éducation supérieure (Gaokao). De nouvelles règles feront bientôt en sorte que les étudiants auront plus d'examens et pourront soumettre leurs meilleures notes.

Cette situation, estime M. Jiang, demandera d'importantes capacités d'accompagnement et des services d'analyses après examen. Même si New Oriental Education & Technology et TAL Education Group sont des entreprises reconnues, elles ne comptent actuellement que pour 3 à 4 % du marché de l'enseignement parallèle K-12 (les 12 premières années de scolarité).

New Oriental exploite 64 écoles et 727 centres d'apprentissage. Elle est présente dans 54 villes et compte sur un réseau de 17 700 enseignants. En 2015, elle a enregistré 2,9 millions d'inscriptions.

Au dernier trimestre, les inscriptions ont continué de fortement progresser, en hausse de 32,5 % par rapport à l'année précédente. En apparence, le titre n'est pas donné. Il se négocie à près de 24 fois le bénéfice prévu en 2017 (mai). Mais la croissance de ce bénéfice devrait être importante dans l'avenir. Le titre est à 19,8 fois le consensus de 2018 et à 16,8 fois celui de l'exercice suivant.

TAL Education Group exploite de son côté 363 centres d'apprentissage dans 25 villes chinoises. Elle compte cette année plus de 2,3 millions d'inscriptions.

L'entreprise vise une croissance de 30 à 50 % de ses revenus dans les cinq prochaines années, tout en améliorant ses marges bénéficiaires. La croissance viendra de l'expansion du réseau, tandis que le nombre de villes desservies devrait passer à 40. Le reste doit venir de l'accroissement des parts de marché.

Ici aussi le titre n'est, en apparence, pas donné. Il se négocie à plus de 40 fois le bénéfice prévu en 2017 (février). Mais, comme c'est le cas avec le titre de New Oriental, la croissance anticipée est forte. Le multiple est à 20,5 fois le bénéfice prévu deux ans plus tard (2019).

Grand Canyon Education : une université différente

Une université américaine inscrite en Bourse. Comme son nom l'indique, Grand Canyon est installée en Arizona. Elle compte au-delà de 75 000 étudiants, dont plus de 60 000 qui sont inscrits à des cours... en ligne.

L'établissement offre 160 programmes en éducation, en santé, en administration, en ingénierie et en arts libéraux. Elle se développe année après année, grâce à une augmentation de sa fréquentation et de sa rentabilité.

D'ici 2020, elle veut porter l'effectif qui fréquente ses classes physiques de 15 500 à 25 000 étudiants, une croissance annuelle d'environ 10 % . Elle souhaite aussi voir ses inscriptions en ligne grimper de 6 % par année.

Comment cette université réussit-elle à faire de l'argent, alors que plusieurs peinent à joindre les deux bouts ? Grâce au nombre important de ses étudiants en ligne, elle dégage une marge bénéficiaire plus importante que les universités physiques traditionnelles. Elle mise moins sur la recherche et davantage sur l'enseignement, ce qui pèse moins lourdement sur ses coûts. Et elle utilise ces avantages pour exiger des frais de scolarité moins élevés, ce qui amène plus d'inscriptions.

Côté évaluation, le titre est à un niveau nettement moins stratosphérique que les titres chinois : 14 fois le bénéfice prévu en 2016 et 13 fois celui prévu en 2017.

Chegg : la plateforme étudiante

Près de 40 millions d'étudiants américains sont inscrits à ce site Internet. Ils y trouvent toutes sortes de ressources destinées à les aider dans leur cheminement. Il y a des annonces de stages, de la location de livres et de notes de cours, la possibilité de consulter des tuteurs qui aident dans différentes matières, etc.

L'entreprise a été créée en 2001 par trois finissants de l'Iowa State University. Son nom vient de la contraction de «chicken and egg». La référence est l'équivalent français de «la poule ou l'oeuf». À leur sortie du collège, les fondateurs avaient simplement constaté qu'ils ne pouvaient pas obtenir d'emploi parce qu'ils n'avaient pas d'expérience, et ne pouvaient avoir d'expérience sans avoir d'emploi.

Au départ, le site s'occupait seulement de location de livres et de notes, mais ses revenus sont en voie de devenir à 100 % numériques. Les activités de location de livres ont en effet été cédées à un tiers. Chegg continuera d'être la vitrine, mais prélèvera désormais une commission de 20 % sur chaque location.

Outre le créneau de la location, les revenus proviennent de différentes sources. On peut avoir accès à une ressource qui nous aidera dans la résolution de problèmes mathématiques ou encore dans l'écriture d'un travail pour un tarif horaire de 30 $. Les sociétés qui cherchent des stagiaires paient pour leurs annonces. Les collèges paient également pour de la publicité promotionnelle sur le site, surtout en période de recrutement. Et il y a des annonceurs de marques qui ciblent les étudiants.

Une bonne affaire ?

Le site n'était pas rentable jusqu'à l'an dernier, mais en raison de sa popularité en forte hausse et de son offre de services, il vient de dépasser le point d'équilibre. Les analystes prévoient un bénéfice de 0,10 $ US par action en 2016. La perte était de 0,24 $ US il y a deux ans. Le consensus estime que le bénéfice grimpera à 0,29 $ US par action l'an prochain. L'objectif de la direction est d'amener les revenus au-dessus des 500 M$ US par année dans les prochaines années, le double des revenus actuels.

La récompense dépendra de l'exécution.

Houghton Mifflin Harcourt : le fournisseur de contenus de programmes

C'est bien beau de retourner à l'école, mais pour y étudier quoi ? Houghton Mifflin Harcourt est le plus important fournisseur de contenus de programmes scolaires pour les cycles élémentaires et secondaires. Il y a deux autres acteurs importants dans le secteur : Pearson Education et McGraw-Hill, mais Houghton mène le bal avec une part de marché au-dessus des 40 %.

La société fournit des manuels, des notes de cours, ou encore du matériel de formation pour les professeurs. Les contenus sont adaptés à toutes les plateformes, de l'imprimé à l'ordinateur traditionnel, en passant par la tablette et le téléphone mobile.

La direction courtise les pédagogues. Parfois à l'échelle de l'État (dans certains cas, la décision d'acheter des contenus s'applique à toutes les écoles), parfois dans les districts scolaires (dans certains États, les districts sont autonomes en ce qui a trait à l'achat de matériel).

La concurrence peut être féroce et les résultats sont parfois volatils. Ainsi, les revenus des manuels ou des applications achetés sont généralement reconnus à 40 % la première année, 20 % pour chacune des deux suivantes et le reste dans la période qui reste à courir. Ces revenus dépendent aussi de la force de l'économie. Lorsque celle-ci ralentit, les budgets ont tendance à diminuer en éducation, et les instruments d'apprentissage, tout comme les programmes, voient leur durée de vie prolongée.

Dans l'ensemble, Credit Suisse prévoit cependant que la croissance annuelle de Houghton Mifflin Harcourt sera supérieure à celle du PIB. La génération Y est l'écho du baby-boom. Elle a passé du temps sur les bancs d'école, mais est à l'âge d'avoir des enfants, et il devrait y avoir un écho démographique au cours des prochaines années. En incluant d'autres marchés comme ceux des garderies et du rattrapage scolaire, où l'entreprise compte accroître sa présence, Credit Suisse entrevoit une progression annuelle moyenne des revenus de 5 à 7 %.

La difficulté touche au bénéfice par action : l'entreprise n'est pas rentable. Le consensus fait état de pertes assez importantes en 2017 (0,58 $ US par action). Certains analystes semblent juger qu'il faut exclure l'amortissement et que, dans ce cas, la perte n'est pas si importante. Cela reste à voir. Dans le passé, Houghton Mifflin Harcourt s'est déjà placée sous la protection de la loi sur la faillite.

Scholastic : l'éditeur de l'école de la magie

Un concurrent de Houghton Mifflin Harcourt, mais seulement pour une partie du chiffre d'affaires.

Le secteur de l'éducation, qui fait dans le manuel d'enseignement en classe, pèse pour environ 17 % des revenus de l'entreprise. L'entreprise a cependant réussi à se positionner dans les écoles par l'intermédiaire des bibliothèques, des clubs de lecture et des foires du livre destinées à un jeune lectorat. Grâce à ces outils marketing, Scholastic est présente dans 98 000 des 120 000 écoles des États-Unis.

Comme c'est le cas de Credit Suisse avec Houghton, Oppenheimer considère que les revenus de Scholastic progresseront d'environ 5 % par an au cours des prochaines années.

Contrairement à Houghton Mifflin Harcourt, l'entreprise est cependant rentable. Et assez solidement même. Elle n'a pas de dette et a beaucoup de liquidités afin de racheter des actions. De plus, elle pourrait monnayer quelques étages de son siège social dans le quartier SoHo, à New York.

La prévision de bénéfice 2017 (mai) est à 1,67 $ US par action. La question toutefois : ce bénéfice peut-il réellement tenir au fil du temps ?

La maison est également l'éditeur des Harry Potter. Le dernier script de la pièce de théâtre, The Cursed Child, est sorti à la fin de juillet et fait sonner le tiroir-caisse cette année. Il n'en sera pas de même l'an prochain.

Seulement deux analystes ont publié un consensus pour 2018, année qui suit le phénomène Harry Potter. Ils anticipent que le bénéfice par action retraitera à 1,55 $ US à ce moment.

Oppenheimer croit que la monétisation des deux étages du siège social de SoHo pourrait injecter plus de 7 $ US à la valeur de l'action de Scholastic. Et la firme calcule que la société a pour 12 $ US de liquidités entre les mains. En tenant compte de ces valeurs, le titre se situe à près de 15 fois les bénéfices.

Intéressant, mais pas nécessairement ce que les manuels d'enseignement décrivent comme une aubaine, étant donné l'ingénierie financière à laquelle il faut procéder pour en arriver au multiple (la valeur immobilière obtenue dans la réalité peut être plus faible que celle qu'on fait miroiter).

Franklin Covey : l'enseignant créateur de richesse

Cette société est dans le même créneau qu'une autre qui est venue l'an dernier au journal Les Afffaires, avec l'objectif d'enseigner au personnel cadre comment devenir de bons leaders.

D'abord accueillie avec un sourire, cette initiative a donné assez de fruits pour que le programme se poursuive et s'étende à l'ensemble de Transcontinental.

Des enseignants viennent en entreprise et nous amènent à réfléchir sur toutes sortes d'enjeux. Ils nous forcent à nous interroger sur les processus et les façons de faire, et cherchent à déclencher des gains de productivité. Pas selon une démarche d'attrition, mais plutôt d'efficacité.

La société n'est pas énorme. Sa capitalisation boursière n'est que d'un peu plus de 200 M$ US. Mais elle a de grandes aspirations. Depuis 2011, elle a fait passer sa force de vente, qu'elle qualifie de clients-partenaires (redevances sur la propriété intellectuelle fournie) de 101 à 180. Elle vise à ajouter 30 clients-partenaires par année.

En parallèle, Franklin Covey développe à l'international, où le marché pour ce type de service est apparemment sous-pénétré par rapport aux États-Unis.

L'objectif de la direction est de faire passer le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 30 à 50 M$ US d'ici trois ans.

Si l'économie américaine tient, les perspectives semblent intéressantes. Plus le volume augmente, plus les marges grimpent. Le titre est actuellement à 21,5 fois le bénéfice attendu en 2017 (août). Ça peut sembler élevé, mais si l'objectif d'augmenter ce bénéfice de 66 % sur trois ans est atteint, il pourrait bientôt n'être qu'à 13 fois. Un multiple nettement trop faible par rapport à la croissance affichée.

Un bémol : au cours des derniers trimestres, les bénéfices ont constamment raté les prévisions de la direction. Ce n'est pas nécessairement fatal à l'objectif, mais la crédibilité de l'entreprise est affaiblie.

Instructure : le fabricant de logiciels d'apprentissage

La société fabrique des applications installées dans l'infonuagique. Sa plateforme destinée au secteur de l'éducation se nomme Canvas. Elle permet aux enseignants d'élaborer des cours et de partager du matériel d'enseignement. Instructure est aussi active dans le monde des entreprises et la gestion des ressources humaines grâce à sa plateforme Bridge. Sa spécialisation reste cependant pour l'instant dans l'éducation.

L'entreprise compte 1 600 clients et génère 95 % de ses revenus aux États-Unis. Oppenheimer est confiante en ce qui a trait à ses perspectives et estime qu'il n'y a pas de concurrents qui offrent un système aussi moderne et adapté aux besoins de l'enseignement. La maison estime que ses revenus passeront d'environ 100 M$ US à un peu plus de 150 M$ US l'an prochain.

La difficulté avec plusieurs sociétés du cloud réside dans le fait qu'elles sont promises à un grand avenir, mais qu'elles ne sont pas encore rentables. C'est aussi le cas d'Instructure. Même si elle terminera l'année avec une encaisse de plus de 55 M$ US, elle devrait avoir consacré cette année plus de 33 M$ US en développement.

En utilisant les revenus comme base d'évaluation, Oppenheimer envisage la valeur du titre à 27 $ US sur un horizon de 12 à 18 mois. Il se pourrait qu'on soit ici en présence d'un futur coup de circuit, mais la marche semble longue, et le brouillard est dense avant qu'elle ne puisse croiser le marbre.

Les recommandations des analystes qui suivent le titre de New Oriental Education & Technology (EDU, 42,69 $ US)

> 3 Conserver

> 5 Acheter

> 6 Surperformance

Cours cible : 49 $ US

Source : Thomson Reuters

Les recommandations des analystes qui suivent le titre de TAL Education Group (XRS, 61,21 $ US)

> 1 Sous-performance

> 3 Conserver

> 3 Acheter

7 Surperformance

Cours cible : 69,40 $ US

Source : Thomson Reuters

Les recommandations des analystes qui suivent le titre de Grand Canyon Education (LOPE, 43,37 $ US)

> 2 Acheter

> 4 Surperformance

Cours cible : 51,80$ US

Source : Thomson Reuters

Les recommandations des analystes qui suivent le titre de Chegg (CHGG, 6,86 $ US)

> 1 conserver

> 7 Surperformance

> 1 Acheter

Cours cible : 8,45 $ US

Source : Thomson Reuters

Les recommandations des analystes qui suivent le titre de Houghton Mifflin Harcourt (HMHC, 14,72 $ US)

> 2 Surperformance

> 4 Conserver

> 3 Acheter

Cours cible : 23,85 $ US

Source : Thomson Reuters

Les recommandations des analystes qui suivent le titre de Scholastic (SCHL, 40,24 $ US)

> 1 Surperformance

> 1 Conserver

> 1 Acheter

Cours cible : 50 $ US

Source : Thomson Reuters

Les recommandations des analystes qui suivent le titre de Franklin Covey (FC, 16,26 $ US)

> 1 conserver

> 3 Surperformance

Cours cible : 20 $ US

Source : Thomson Reuters

Les recommandations des analystes qui suivent le titre de Instructure (INST, 24,29 $ US)

> 1 Conserver

> 4 Surperformance

> 3 Acheter

Cours cible : 28,40 $ US

Source : Thomson Reuters

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