Immobilier : les Américains en eaux troubles

Publié le 13/05/2009 à 00:00

Immobilier : les Américains en eaux troubles

Publié le 13/05/2009 à 00:00

Les anglophones utilisent le terme très imagé «underwater» pour décrire une triste réalité : avoir un solde hypothécaire supérieur à la valeur de sa maison.

Selon la firme Zillow.com, 14,3 % des propriétaires étaient dans cette situation au troisième trimestre de 2008. Cette proportion a augmenté à 17,6 % au quatrième trimestre. Et dans son plus récent rapport, la firme immobilière évalue cette proportion à 21,9 %.

Pour plus d'une famille sur 10, le rêve vire carrément au cauchemar, car leur solde hypothécaire dépasse 110 % de la valeur de leur maison, selon First American CoreLogic.
La tentation de remettre les clés à la banque doit être très forte, à moins qu'on les aide.
Or, selon le Wall Street Journal, ces propriétaires pourraient ne pas bénéficier du plan d'aide destiné à stabiliser le marché immobilier annoncé en février par Barack Obama.

Selon ce plan, quelque cinq millions de propriétaires dont le prêt est garanti par Fannie Mae ou Freddie Mac pourraient refinancer leur prêt hypothécaire, mais à condition que ce prêt représente au maximum 105 % de la valeur de la maison.

Le gouvernement étudie la possibilité de rehausser cette limite.

Le saisi rachète

Bien qu'à des lieues de l'épicentre de la crise, le prospère Massachusetts n'y échappe pas. Le nombre de saisies immobilières s'est élevé à 12 430 en 2008, une hausse de 62 %. La famille de Thomas Quinn en faisait partie. À la suite du décès de sa femme, il n'avait plus les moyens de payer les mensualités de son prêt à haut risque. Offusqué du refus de la banque de renégocier son prêt, il avait refusé de quitter son domicile.

L'organisme sans but lucratif Boston Community Capital entre en jeu. Il a acheté la maison et l'a revendu à Thomas Quinn pour 198 750 $, soit la somme qu'il devait à la banque. Le père de deux adolescentes a ainsi pu racheter sa propre maison et profiter d'une hypothèque à taux fixe de 30 ans. « Je suis de nouveau un heureux propriétaire, et j'économise plus de 1000 $ par mois », raconte-t-il dans un intéressant article du Boston Globe.

Thomas Quinn fait partie d'un nombre grandissant de propriétaires qui rachètent avec l'aide d'un groupe communautaire leur maison saisie. Selon Elyse Cherry, chef de la direction Boston Community Capital, l'organisme veut garder les résidents dans leur domicile et prévenir les saisies parce que les maisons abandonnées tombent dans un état de délabrement et font peur au voisinage.

Depuis 25 ans, l'organisme a investi plus de 423 M$ US pour aider des communautés à travers le pays. Elle a aidé environ 30 emprunteurs (ou anciens locataires) à racheter leur maison. « Ces gens ne peuvent obtenir de prêt, car leur cote de crédit est ruinée », note Elyse Cherry.

La saison de la chasse à l'aubaine

Le malheur des uns pourrait-il sourire aux autres, comme les premiers acheteurs ou les gens dont l'emploi n'est pas menacé. Avec la baisse du marché et des taux hypothécaires, acheter une coquette maison dans un charmant quartier à un prix d'aubaine « grâce » à la crise semble un bon plan.

Mais comme à la Bourse, le bottom fishing est un sport extrême dans l'immobilier. La hausse du taux de chômage et le haut niveau de saisie ajoutent de la pression sur un marché immobilier déjà à bout de souffle.

Selon le site Internet de prévisions Housing Predictor, 25 marchés immobiliers de Las Vegas à Seattle en passant par New York, connaîtront des baisses de 14,8 % à 32,8 % cette année.

Alors, acheter ou attendre? Joanna Glasner, de Banknate.com, propose dans un article publié sur le site Internet de CNBC de regarder cinq facteurs, dont voici un aperçu :

- Chercher des indicateurs positifs, comme une hausse du prix, évidemment, ou encore une hausse du volume de vente ou une baisse du nombre de jours durant lesquels les maisons restent sur le marché.

- Attention à l'inventaire dans l'ombre, car il semble qu'afin d'éviter une baisse encore plus dramatique des prix, les banques ne mettent pas toutes les maisons saisies sur le marché. Cet inventaire devrait donc alimenter le marché.

- Estimer l'abordabilité. La baisse des prix et des taux d'intérêt a rendu le marché plus abordable, mais il existe d'énormes variations géographiques.

- Considérer vos plans pour la propriété : les propriétaires occupants bénéficient d'un avantage sur les investisseurs en raison de certains privilèges qui leur sont accordés.

- Ce n'est pas la dévalorisation, mais la valeur qui compte. Le fait que la valeur d'une maison ait chuté de 50 % n'en fait pas une aubaine, elle était peut-être victime d'une surenchère au sommet de la bulle.
Lueur d'espoir

Alors que je complète ce portrait plutôt sombre, le Wall Street Journal met en ligne une intéressante nouvelle : le nombre d'inscriptions a baissé de 3,6 % en avril dans les 29 régions métropolitaines compilées par ZipRealty. Normalement, le nombre d'inscriptions tend plutôt à augmenter en avril.

Selon Tom Lawler, un économiste spécialisé dans l'immobilier, ces données « suggèrent que le creux dans le prix des maisons est beaucoup plus près que ce que certains experts croient. » Souhaitons qu'il ait raison.

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