Quel avenir pour le réseau privé de soins de santé?


Édition de Octobre 2016

Quel avenir pour le réseau privé de soins de santé?


Édition de Octobre 2016

L'éclosion d'un réseau privé de soins de santé au Québec est la conséquence d'une désorganisation de la première ligne, admet Alain Vadeboncoeur, urgentologue et fondateur du regroupement des Médecins québécois pour le régime public. « Quand un patient n'arrive pas à voir son médecin de famille, il y a un gros problème », soutient-il en entrevue.

Toutefois, la durée de vie de ce réseau parallèle pourrait être brève. Non pas parce que le gouvernement Couillard a l'intention de légiférer pour freiner son expansion, mais parce que l'entrée dans le réseau au cours des prochaines années d'une flopée de nouveaux médecins de famille risque de réduire considérablement, voire de faire disparaître, les listes d'attente, affirme le Dr Louis Godin, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ). « Alors qu'il y a 10 ans, la province formait moins de 100 omnipraticiens annuellement, aujourd'hui, il en sort 250 par année de nos écoles, et bientôt 500, ce qui désengorgera le régime public. Cette nouvelle donne diminuera l'intérêt de la population pour les cliniques payantes », affirme-t-il.

Le président de la FMOQ envisage même la fin de la pénurie de médecins d'ici deux à trois ans. « Déjà, les hôpitaux ont comblé leurs besoins et on voit apparaître de nouvelles cliniques », affirme le Dr Godin. La FMOQ promet que 85 % des Québécois auront accès à un médecin de famille d'ici la fin de 2017.

L'élimination des listes d'attente tuera son entreprise, admet la Dre Nathalie Nicloux, copropriétaire des cliniques Privamed de Boucherville et de Brossard. « Mais ce n'est pas demain la veille qu'on verra ça. Ce n'est pas tout d'avoir officiellement un médecin de famille, on doit être capable de le voir quand on a une urgence », dit-elle.

Pour les opérations aux hanches et aux genoux, le Dr Nicolas Duval, propriétaire de la Clinique orthopédique Duval à Laval, ne croit pas à la disparation des listes d'attente. « À cause du vieillissement de la population, les besoins exploseront. Le réseau public ne suffira pas. Déjà, on restreint l'accès à certaines opérations sous prétexte que les patients sont trop âgés », dit-il.

Récemment, le Dr Duval a opéré une patiente de 90 ans, qui a retrouvé la mobilité après avoir passé deux années en fauteuil roulant. Elle a si bien récupéré qu'elle est partie prendre des vacances en Californie ! Auparavant, cinq hôpitaux montréalais avaient refusé de l'opérer en raison de son état de santé fragile. « Ce genre de cas risque de se multiplier », croit-il.

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