Gavés d'assurance ?

Publié le 05/02/2013 à 14:21, mis à jour le 11/10/2013 à 08:11

Gavés d'assurance ?

Publié le 05/02/2013 à 14:21, mis à jour le 11/10/2013 à 08:11

Par Jean Gagnon

On veut votre bien, pas de doute. Du moins si l'on en juge par l'offre des produits d'assurance : assurance vie, invalidité, maladies graves, accident, hospitalisation, assurance prêt et crédit... la liste ne finit pas de s'allonger.

Il y a longtemps que le marché n'est plus la chasse gardée des compagnies d'assurance. Les sociétés de crédit (cartes, hypothèque, etc.) l'ont pénétré depuis belle lurette. Même Canadian Tire et Reader's Digest y sont présents.

On les comprend. En 2010 seulement, les primes directes souscrites au Québec en assurance de personnes ont atteint près de 12 milliards de dollars, selon le Rapport annuel sur les assurances de l'Autorité des marchés financiers (AMF). Depuis dix ans, le taux de croissance annuel moyen est de l'ordre de 6 %, meilleur sans doute que le rendement de votre investissement pendant la même période. Meilleur que celui de l'économie en général, qui, quand les choses vont bien, croît au rythme de 2 ou 3 % par an.

On dénombre au Québec 4,5 millions de contrats d'assurance individuelle, pour un montant assuré des polices en vigueur de 457 milliards de dollars.

C'est énorme ! D'autant plus que ce chiffre ne comprend pas les autres types d'assurance de personnes, comme l'assurance invalidité ou l'assurance maladies graves. Il n'inclut pas non plus l'assurance automobile ou l'assurance habitation.

De tels chiffres soulèvent la question : serions-nous boulimiques en matière d'assurance ? Tout dépend de la personne à qui on s'adresse. Les personnes qui ont les moyens sont souvent trop assurées, alors que les celles aux revenus modestes ne le sont pas du tout. "Quand le budget d'un ménage est serré, il est difficile d'y ajouter une prime d'assurance", reconnaît Claude Beaudoin, conseiller en sécurité financière chez Desjardins.

Résultat : la plupart des gens sont mal assurés. C'est d'autant plus vrai que les besoins changent avec le temps, et que peu de gens prennent la peine de réviser leur protection.

 

L'objectif

Le principe de l'assurance de personnes est simple : elle permet d'assurer le maintien de leur niveau de vie à vos proches advenant votre décès. Ou encore, de maintenir votre autonomie en cas d'incapacité de votre part à générer des revenus.

Cependant, quand il s'agit de déterminer vos besoins de couverture, les choses sont moins simples. Dans ce calcul complexe, il faut tenir compte de votre actif - tout ce que vous possédez - et de votre passif - toutes vos dettes.

Les conseillers en sécurité financière utilisent aussi des données telles que les taux d'indexation, les taux de rendement après impôt et les taux d'actualisation. "Beaucoup de gens croient avoir une couverture adéquate, mais souvent, ce n'est pas le cas", observe Daniel Walsh, vice-président chez BMO Assurance.

Souvenez-vous surtout qu'il n'y a pas de solution unique. Les besoins varient selon les cas. Voici quelques exemples fictifs.

Le cas de Frédéric et Anick

La situation : Employé d'une PME, Frédéric jouit d'un bon revenu, mais n'a ni régime de retraite, ni régime d'assurance collective. De son côté, Anick occupe un poste élevé dans la fonction publique, avec un bon régime de retraite et d'assurance.

Ce qui les distingue : Couple en milieu de carrière avec deux enfants qui terminent leurs études primaires. Ils souhaitent que ces derniers poursuivent leurs études jusqu'à l'université.

La protection nécessaire : Il faut assurer les revenus du père en cas de décès. Il faudra souscrire d'abord une assurance vie temporaire qui diminuera au fil du temps, explique Denis Preston, associé chez Bachand Lafleur Preston Groupe conseil et chargé de cours en assurance à HEC Montréal. Les besoins sont importants actuellement, compte tenu de l'âge des enfants. C'est pourquoi l'assurance maximale est nécessaire maintenant.

Pierre aura aussi besoin de souscrire une assurance invalidité, ajoute Claude Beaudoin. Un accident qui l'empêcherait de travailler pourrait compromettre les plans de retraite et les projets d'étude des enfants.

Le cas de Luc et François-Olivier

La situation : Ils vivent en couple, et tous deux gagnent bien leur vie. Luc est dentiste et François-Olivier est comptable.

Ce qui les distingue : Ce sont des professionnels à leur compte.

Leurs revenus leur permettent d'épargner, en plus de maximiser leur régime enregistré de retraite (REER). Ils n'ont pas de personne à charge.

Une assurance vie ? Non, car lors du décès éventuel de l'un d'eux, l'autre aura les moyens de conserver son niveau de vie.

La protection nécessaire : Ce qui pourrait nuire à leur niveau de vie, c'est l'invalidité de l'un ou des deux, compte tenu qu'ils n'ont pas de régime d'assurance collective, explique Bernard Larivière, président, Planification et avantages sociaux à la Banque Nationale. "Il est essentiel de penser à ce risque pour les professionnels qui ont le statut de travailleur autonome", dit-il.

Le cas d'Étienne

La situation : Jeune célibataire qui entreprend sa carrière professionnelle.

Ce qui le distingue : Il vient d'acheter une copropriété grâce à une hypothèque maximale, et son REER est encore peu garni.

Protection nécessaire : Sûrement pas l'assurance vie, car son décès n'aura aucun impact sur le niveau de vie d'autres survivants, explique Denis Preston. Même s'il mourait et que sa succession était déficitaire, ses parents ou ses bénéficiaires n'auraient aucune obligation de l'assumer.

S'il ne participe à aucun régime d'assurance collective, il doit souscrire une assurance invalidité. Il pourrait aussi ajouter une assurance vie et invalidité sur prêt auprès de son institution financière. Le coût de cette assurance est dégressif, décroît avec le solde de l'hypothèque et bonifie la compensation d'invalidité en cas de besoin.

Le cas de Richard et son entreprise 

La situation : Dirigeant d'une entreprise prospère qui compte 200 employés. 

Ce qui le distingue : Son entreprise est bien établie, elle est fondée sur une bonne convention d'actionnaires et n'a pas de problèmes organisationnels.

Protection nécessaire : Il n'a pas de besoins en assurance personnelle. L'entreprise devrait pouvoir continuer à fonctionner sans lui, explique Denis Preston. Toutefois, une assurance vie dont les associés seraient les bénéficiaires pourrait faciliter la transmission de l'entreprise, suggère Claude Beaudoin. Elle permettrait aux associés de racheter les actions de Richard et d'assurer la pérennité de l'entreprise.

Constat : ce n'est pas tout le monde qui a besoin d'une assurance vie. Et on est loin de la solution unique. Pour obtenir conseil, il vaut mieux s'adresser à un courtier en assurance plutôt qu'à un agent qui ne vend que les produits d'un seul assureur. Malgré cette précaution, restez vigilant. Certains indices vous permettront de savoir si on vous assure un peu trop - lire l'encadré "Méfiez-vous quand on vous dit...".

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Méfiez-vous quand on vous dit...

Pour les profanes, c'est souvent intimidant de parler d'assurance. Certains conseillers peuvent parfois vous culpabiliser parce que vous ne protégez pas suffisamment les gens qui vous entourent. Ou parce que vous ne vous protégez pas vous-même des aléas de la vie comme la maladie ou l'invalidité. Si vous n'y prenez pas garde, vous paierez inévitablement pour des produits d'assurance dont vous n'avez pas besoin. Si on vous sert les arguments suivants, méfiez-vous.

 

1 Vous avez une assurance vie collective, mais on vous invite à souscrire une assurance individuelle sous prétexte qu'en cas de perte d'emploi, vous pourriez vous retrouver sans protection.

Cet argument ne tient pas la route, car l'assurance vie collective peut être transformée en assurance vie individuelle dans les 31 jours qui suivent le départ du groupe.

 

2 L'assurance vie est une bonne façon de bâtir son épargne retraite.

Cette façon d'épargner est rarement intéressante. "N'envisagez cette méthode que si vous contribuez déjà au maximum à vos REER et à votre CELI, et que vous n'avez plus aucune dette", dit Denis Preston. Ce sont ces outils qui servent d'abord à l'épargne retraite, et non l'assurance vie.

 

3 Enfin, méfiez-vous lorsqu'on vous parle de probabilités.

Les besoins d'assurance ne s'évaluent pas en fonction de probabilités, mais plutôt en fonction de l'impact d'un décès ou d'un accident sur le niveau de vie des survivants. Par exemple, une mère monoparentale de 30 ans est celle qui a le plus grand besoin d'assurance. Si elle mourait ou devenait invalide, les ressources financières manqueraient pour assurer l'éducation et le bien-être de ses enfants. Pourtant, c'est dans ce cas précis que la probabilité de décès est la plus faible.

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