Taxe rose: et au Québec?

Publié le 26/11/2014 à 11:44

Taxe rose: et au Québec?

Publié le 26/11/2014 à 11:44

Payer plus cher son déodorant ou son rasoir parce qu’on est une femme, voilà ce qu’on appelle désormais la « taxe rose ». En France, un groupe féministe a récemment fait le constat que pour des produits équivalents, le produit destiné aux femmes était systématiquement vendu plus cher que son pendant masculin. Qu’en est-il pour les consommatrices au Québec ?

Le groupe féministe Georgette Sand a notamment trouvé que des rasoirs jetables sont vendus en paquets de 5 à 1,80 euro pour les femmes, et par paquets de 10 à 1,72 euro pour les hommes.

Les différences de prix constatées pour d’autres produits comme les jouets pour enfants, les déodorants et les brosses à dents « genrés » pour les femmes ont depuis fait boule de neige. Une pétition contre le géant du commerce Monoprix a recueilli plus de 40 000 noms, et le gouvernement français enquête pour mesurer l’ampleur du phénomène.

Le rose est-il une « couleur de luxe » au Québec ?

La question soulevée est loin d’être insignifiante, surtout quand on sait que les femmes gagnent en moyenne un salaire horaire d’environ 10 % inférieur à celui des hommes. Si, en plus de cette inégalité, elles paient les produits du quotidien plus cher, cela peut rapidement faire une différence sur l’argent qui leur reste dans les poches à la fin du mois.

Nous avons arpenté les rayons des pharmacies Jean Coutu et Pharmaprix pour voir si ce phénomène trouvait écho chez nous. Déodorants, brosses à dents, couches, shampoings, crèmes pour le visage, parfums…

Résultat : les produits du quotidien, soit les couches Pampers, les shampoings L’Oréal, les déodorants Degree, les rasoirs Bic et les brosses à dents Colgate étaient le même prix.

Du côté des cosmétiques, la crème IDC anti-rides et fermeté pour homme était 10 $ moins cher que son pendant féminin. Le scénario se reproduisait pour le parfum. Ainsi, il en coûtait 16 $ de plus aux femmes pour se procurer l’eau de toilette Neiges de 100 ml par rapport à son équivalent masculin du même volume.

« Les matières premières, la composition d’un parfum, le flacon utilisé, le marché et l’environnement concurrentiel sont autant d’éléments qui peuvent influencer le prix d’un produit », explique Isabelle Salesse, porte-parole pour Lise Watier.

Les fabricants peuvent effectivement argumenter que les caractéristiques des produits ne sont pas identiques, et que cela justifie la différence de prix. Par exemple, l’odeur recherchée par les femmes pour les shampoings n’est pas la même, et souvent, l’effet non plus.

« Les caractéristiques de produits peuvent influencer le prix, mais ce raisonnement ne tient toutefois pas la route si les rasoirs jetables ont comme seule différence la couleur. Il faudrait voir quelle est la stratégie de positionnement de produit », précise Amélie Guèvremont, professeur à l’École des sciences de la gestion de l’UQÀM.

Malgré tous ces facteurs qui peuvent expliquer la différence de prix, l’effet pervers qu’une telle situation crée sur un groupe de la population peut peut-être justifier l’intervention de l’État. Il faudra donc attendre les conclusions du gouvernement français pour en savoir plus sur l’ampleur du phénomène.

Et nos voisins, eux ?

Aux États-Unis, le magazine Forbes s’était également penché sur cette problématique en 2012 en prétendant que la fixation des prix en fonction du sexe coûtait en moyenne 1 400 $US de plus aux femmes. L’étude ne portait pas uniquement sur les produits du quotidien, mais sur différents services comme le médecin, les assurances, etc.

En 1996, la Californie a été le premier État à légiférer pour empêcher une telle pratique. L’étude avait permis de conclure que les femmes payaient 1 351 $US par année de plus que les hommes pour l’ensemble des biens et services.

Il serait intéressant de voir une telle étude se pencher sur le marketing genré chez nous, étant donné l’impact financier qu’une telle inégalité pourrait créer sur un groupe déjà défavorisé sur le plan économique.

 

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