Les Canadiens sont de plus en plus endettés : le réveil risque d'être brutal

Publié le 14/06/2010 à 12:00, mis à jour le 08/10/2013 à 08:23

Les Canadiens sont de plus en plus endettés : le réveil risque d'être brutal

Publié le 14/06/2010 à 12:00, mis à jour le 08/10/2013 à 08:23

Par François Normand

Photo : Bloomberg

Les Canadiens vivent-ils sur une autre planète ? Tandis que les ménages américains, australiens et chinois remboursent leurs emprunts, les Canadiens continuent de s'endetter. Quand les taux monteront, les particuliers pourraient avoir de la difficulté à boucler leur budget.

Le phénomène inquiète la Banque du Canada. Selon le Mouvement Desjardins, le risque associé à l'augmentation des taux d'intérêt doit être pris au sérieux. Par exemple, pour un particulier, une hausse de 260 points de base des taux hypothécaires d'ici 2014 (5,25 % à 7,85 %) se solderait par des coûts supplémentaires de 358 $ par mois sur un paiement initial de 1 179 $.

Si l'accès facile au crédit est responsable de l'endettement, il n'explique pas tout, selon Pierre Patry, trésorier de la CSN. « La cause profonde est la montée des inégalités. »

Depuis 30 ans, les salaires stagnent, car ils n'ont suivi que le rythme de l'inflation, et non celui de l'inflation et du PIB. « Appauvrie, la classe moyenne s'endette pour consommer », dit M. Patry.

1. Le Canada bientôt dans le top 5 de l'OCDE ?

Si l'on tient compte de l'endettement par rapport aux revenus, les ménages canadiens se placent au septième rang de l'OCDE, devant les États-Unis et la France, selon une récente étude de l'Association des comptables généraux accrédités du Canada. Les ménages danois sont les plus endettés : leur passif représente près de 320 % de leurs revenus ! Quand on se compare, on se console ? Peut-être, mais certainement pas au moyen du ratio qui mesure l'endettement à court terme par rapport aux actifs financiers (excluant la maison, les polices d'assurance vie et les régimes de retraite). Sur cette base, les ménages canadiens arrivent au premier rang de l'OCDE, suivi par les ménages slovaques et grecs. Ce ratio est toutefois loin de faire l'unanimité, car il exclut un actif fondamental : la résidence.

2. Où s'arrêtera l'endettement ?

La dette en proportion du revenu disponible des Canadiens est passée de 140 % à 146 %, de la fin de 2008 à la fin de 2009. Les analystes étaient déjà alarmistes quand elle avait franchi le cap des 100 % au tournant des années 2000. Selon Carlos Leitao, économiste en chef chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne, les particuliers sont moins endettés qu'ils ne l'étaient à la fin des années 1980, si l'on tient compte du ratio de la dette par rapport à leur capacité de respecter leurs obligations financières (mensualités hypothécaires, de cartes de crédit, etc.). « Il avoisine 20 %, ce qui est élevé, dit-il. Mais c'est beaucoup moins qu'à la fin des années 1980. » Selon l'Association CGA du Canada, 85 % des Canadiens endettés sont incapables de régler en entier le solde de leur carte de crédit.

3. La reprise de l'emploi embellit le portrait

Le Québec a été moins touché par la récession que l'Ontario et les provinces de l'Ouest, comme en témoigne la hausse du nombre de faillites personnelles, qui a été trois fois plus élevé en Alberta (67 %) qu'ici (20 %) en 2009 par rapport à 2008. Quand les gens perdent leur emploi, ils n'arrivent souvent plus à payer leurs dettes, ce qui les accule à la faillite. Depuis le début de l'année, le Québec s'en sort aussi mieux que la moyenne des provinces canadiennes. « De février 2008 à février 2009, le nombre de faillites a chuté de 17,2 % au Québec, par rapport à 15,7 % dans l'ensemble du Canada », souligne Hélène Bégin, économiste principale chez Desjardins. Le grand responsable est le dynamisme du marché du travail au Québec : en avril, il s'est créé plus de 35 000 emplois nets, un record mensuel depuis 1998.


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