Cette PME québécoise a décidé de tout miser sur l'innovation. Et ça marche!

Publié le 23/08/2016 à 17:14

Cette PME québécoise a décidé de tout miser sur l'innovation. Et ça marche!

Publié le 23/08/2016 à 17:14

Crédit: Francis Vachon

Créaform est née d’une innovation : un appareil portatif pour scanner en trois dimensions. Depuis 14 ans, la PME de Lévis a conçu une quinzaine d’autres produits et continue de chercher de nouvelles idées. Par nécessité de survie mais aussi parce que c’est dans son ADN. En pleine croissance, l’entreprise veille à ne pas perdre cette culture d’innovation.

L’entreprise spécialisée dans la conception et la fabrication d’outils de métrologie vend ses produits dans 85 pays et possède une douzaine de bureaux dans divers pays (Allemagne, Chine, Japon, Corée, Singapour, Inde, États-Unis, etc.). Elle vient de s’implanter en Italie en juin dernier. Sa croissance est de 20 à 30 % par an et elle compte 450 employés dont 330 au Québec. Une quarantaine d’employés ont été embauchés depuis le début de l’année.

La PME est en constant développement. Elle a investi un nouveau champ en avril dernier : le contrôle de la qualité. Ses appareils permettent en effet d’inspecter l’intérieur de machines, de mesurer une pièce, de détecter les bris de pipeline et sont donc utiles dans divers secteurs comme l’automobile, l’aéronautique, l’énergie et la sécurité.

Après le développement de produits, le contrôle de la qualité était un secteur d’application des technologies de Créaform tout naturel. Avant de se lancer et pour se doter des compétences nécessaires, la PME a acquis une société française spécialisée dans ce domaine en 2009. Depuis, Créaform a deux centres de recherche, un à Lévis, où se trouve aussi son siège social, et un à Grenoble, en France.

Rentable dès la première année

Depuis sa création, l’entreprise souhaitait être autosuffisante et financer elle-même sa R et D. «On voulait être rentables dès la première année», dit le fondateur et vice-président de division de Créaform, Martin Lamontagne. Pari gagné ! Pour ce faire, un service d’ingénierie a été développé. Il contribue aujourd’hui au chiffre d’affaires à hauteur de 15 à 20 %, une part qui devrait augmenter. «On s’est rendu compte que c’était une unité d’affaires à part entière, on lui donne donc toute sa place», indique Martin Lamontagne. Outre les revenus, cette activité draine des clients pour le département des outils métrologiques.

Pour assurer ses arrières, Créaform a toutefois toujours fait appel à des sources de financement complémentaires : fonds de démarrage, capital de risque, etc. Depuis 2013, l’entreprise appartient à Ametek, une compagnie américaine spécialisée dans les produits électromécaniques et les instruments électroniques. «Notre règle : anticiper nos besoins de financement en recherchant des fonds même quand on n’en avait pas besoin. Avoir diverses sources de financement nous a permis de diversifier le risque et d’avoir des structures très solides», explique Martin Lamontagne.

Le développement, s’il se fait par étapes, n’est pas facile du point de vue de la main-d’œuvre. L’entreprise a actuellement 35 postes vacants (de techniciens, ingénieurs, commerciaux, etc.) et de la difficulté à trouver les ressources. Elle va aussi devoir investir dans des locaux plus spacieux.

Autre défi : «Agrandir l’équipe tout en conservant l’esprit d’innovation », constate Martin Lamontagne. « En étant plus grand, il faut structurer plus mais s’il y a trop de contraintes, la créativité risque d’être bridée et l’innovation moins performante. On doit donc maintenir la fougue d’innover tout en structurant l’entreprise qui grossit », poursuit le fondateur. Le volet fondamental de sa stratégie : « Une équipe de gestionnaires de R et D qui sont des créatifs tout en ayant des compétences en gestion des affaires.»

«Être proactif plutôt que réactif»

Créaform n’a pas le choix. « Les entreprises se mettent en danger si elles arrêtent d’innover », affirme Caroline Starecky, présidente de Coaching & cie et coach en innovation, qui reconnaît que «c’est un grand défi de garder l’innovation comme valeur centrale de l’entreprise». Or, « c’est important d’avoir un processus d’innovation continu plutôt que d’innover à un moment donné et d’arrêter pendant plusieurs années puis de le refaire pour survivre. Il faut être proactif plutôt que réactif dans ce domaine», recommande la coach.

C’est toute l’entreprise qui doit être imprégnée de cette culture, pas seulement les dirigeants. «L’innovation ne passe pas seulement par le produit mais aussi par les procédures mises en place en interne pour favoriser l’innovation ; par le recrutement d’employés capables de s’adapter aux changements, de sortir de leur zone de confort, qui aiment régler des problèmes ; par les méthodes de commercialisation ; l’organisation du travail », souligne Caroline Starecky.

Le rachat de Créaform par une grande compagnie cotée en Bourse aurait pu être fatal à la culture d’innovation de la PME québécoise. En étant acquise par plus grand qu’elle, elle aurait pu être noyée et perdre son âme. C’est pourtant tout le contraire. Le mode de fonctionnement d’Ametek, consciente de ce défi, est justement de conserver les dirigeants fondateurs à la tête de ses acquisitions et, tout en exigeant un certain «reporting», de leur laisser une grande autonomie au sein d’unités d’affaires indépendantes afin de maintenir la recette qui a fait leur succès.

En quelques chiffres:

 

  • Année de fondation : 2002
  • Nombre d’employés : 450 dont 330 au Québec
  • Chiffre d’affaires : plus de 100 millions de dollars
  • Objectif d’ici un an : continuer à concevoir de nouveaux produits, poursuivre l’expansion mondiale et accroître l’activité de service en ingénierie.

 

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