Bien qu’une majorité de Québécois utilisent le français comme langue principale de travail, le bilinguisme est en hausse, surtout dans la région de Montréal.
L’Office québécois de la langue française (OQLF) en vient à cette conclusion, à la suite de nouvelles études rendues publiques mardi sur l’évolution du français dans les milieux de travail. Ces études se basent principalement sur des données des recensements de 2006 et de 2010, mais également des recensements précédents, pour dresser un portrait de la situation à partir de 1971.
La présidente-directrice générale de l’OQLF, Louise Marchand, estime que le principal défi pour son organisme est de «trouver le juste équilibre entre le droit de travailler en français, garanti par la Charte de la langue française, et les besoins spécifiques des entreprises en matière de postes bilingues».
Selon les dernières données de 2010, 89% des Québécois utilisent le français comme langue principale de travail – c’est-à-dire pendant au moins la moitié du temps –, alors que la proportion descend à 80% pour la région de Montréal.
Cela constitue un recul de 2 points par rapport aux chiffres de 1989 pour l’ensemble du Québec – et de 5 points en ce qui concerne la région de Montréal.
De 1971 à 1989, la proportion des travailleurs parlant principalement le français dans leur milieu de travail avait considérablement augmenté: elle était passée de 83% à 91% au Québec, et de 69% à 85% dans la région de Montréal.
L’étude de 2010 démontre aussi qu’une minorité de Québécois travaillent exclusivement en français: 63% d’entre eux doivent utiliser l’anglais, à différents degrés. À Montréal, la proportion atteint 82%.
Sans vouloir s’avouer «inquiète», Mme Marchand reconnaît qu’il faut rester «vigilant» sur ce point.
«Nous devons vérifier s’il s’agit d’une exigence systématique, justifiée ou non», a-t-elle précisé.
Évidemment, la Charte de la langue française établit qu’il est interdit pour un employeur d’exiger une autre langue que le français de la part d’un travailleur, à moins de démontrer que cette exigence est véritablement requise pour accomplir la tâche. Mme Marchand rappelle toutefois que de plus en plus d’entreprises québécoises développent des contacts avec l’étranger, et que de plus en plus d’entreprises viennent s’installer au Québec. L’OQLF tente donc de faire la juste part des choses pour préserver un équilibre sain.
En ce qui concerne la population allophone, la progression est constante depuis 1971, surtout pour les travailleurs des entreprises privées de la région métropolitaine. 68% d’entre eux utilisent le français comme langue principale de travail. En 1971, la proportion était de 42%.
Selon les différentes études, la langue parlée à la maison, le niveau de scolarisation et les secteurs de travail sont les principaux facteurs qui peuvent avoir une incidence sur la langue de travail.
Source: Journal Métro