Une nouvelle tendance est en train de voir le jour aux États-Unis : au lieu d'inciter les employés à prendre davantage soin de leur santé, des employeurs commencent à sanctionner ceux qui ne le font pas. Autrement dit, fini la carotte, place au bâton!
Ainsi, Michelin Amérique du Nord a adopté au début de 2013 une nouvelle politique en matière de gestion de la santé du personnel. Jusqu'alors, chaque employé touchait automatiquement une prime annuelle de 600 dollars américains pour pouvoir suivre des programmes de remise en forme (sport, alimentation, etc.). Mais la haute direction a commencé à s'interroger sur l'efficacité de cette prime, et a opté pour un changement drastique.
Désormais, chaque employé voulant toucher une telle prime devra se soumettre à une évaluation physique préalable, qui tiendra notamment compte de la pression artérielle, du tour de taille, du taux de cholestérol et du taux de glucose. Si le bilan de santé est jugé satisfaisant, l'employé pourra bénéficier d'une prime pouvant atteindre 1 000 dollars, afin qu'il puisse rester en pleine forme. En revanche, si ce bilan n'est pas jugé satisfaisant, l'employé devra signer une lettre d'engagement à suivre un programme personnalisé avec un coach, et ce, en touchant une prime moindre que celle des 1 000 dollars.
Interrogé à ce sujet par le Wall Street Journal, Wayne Culbertson, le président des ressources humaines de Michelin Amérique du Nord, a indiqué que cette mesure n'était pas discriminatoire, car elle ne concernait qu'un programme établi sur une base volontaire. «Un employé qui ne souhaite pas participer au programme est libre de le faire, si bien que la mesure n'a aucun impact sur lui», a-t-il expliqué.
Cela étant, des experts en management consultés par le quotidien américain ont parlé, eux, de «discrimination légale». Car, de fait, rien n'interdit à un employeur oeuvrant aux États-Unis d'agir de la sorte. D'ailleurs, un récent sondage mené par Aon Hewitt chez notre voisin du Sud auprès de 800 entreprises de taille moyenne ou grande a mis au jour le fait que 6 employeurs sur 10 envisageaient très sérieusement d'imposer, dans les prochaines années, des pénalités aux employés qui ne prennent pas des mesures personnelles pour améliorer leur état de santé.
Outre Michelin, d'autres entreprises s'y sont d'ores et déjà mis :
> CVS Caremark a récemment annoncé à ses employés que s'ils refusaient désormais d'indiquer leur poids, leur tour de taille et leur taux de cholestérol, ils encouraient une pénalité de 600 dollars.
> Honeywell International impose maintenant une pénalité de 1 000 dollars à ceux qui entreprennent certains types d'opérations médicales sans avoir au préalable obtenu le feu vert de l'entreprise.
> Mohawk Industries fait payer une pénalité mensuelle de 100 dollars à tous ceux qui refusent de participer au programme de remise en forme.
Cette tendance va-t-elle se généraliser, ou bien soulever un mouvement d'indignation tel que les employeurs précurseurs devront faire marche arrière? Pour en avoir une idée, le Wall Street Journal a demandé en ligne à ses lecteurs ce qu'ils en pensaient. À la question «Les employés qui ne rencontrent pas les standards de santé devraient-ils contribuer plus que les autres au système d'assurances de l'entreprise?", le «oui» recueillait ce matin 77% des votes (sur un total de 1448 votes exprimés).