L'inauguration du bureau de la pharmaceutique japonaise Otsuka dans l'arrondissement Saint-Laurent, le 29 octobre, n'est pas une grande nouvelle en soi : il ne s'agit que d'un bureau de ventes où moins d'une dizaine d'employés s'affaireront à la promotion de Abilify, un nouveau médicament contre la schizophrénie et les dépressions bipolaires commercialisé en partenariat avec le géant pharmaceutique Bristol-Myers Squibb (BMS).
Mais s'il faut en croire le président et chef de la direction de la biotech montréalaise Theratechnologies, Yves Rosconi, qui siège au conseil d'administration d'Otsuka Canada Pharmaceuticals, ce n'est qu'une question de deux ou trois ans avant que l'entreprise compte près d'une centaine d'employés, dont plusieurs feront de la R-D.
" C'est rare ces temps-ci de voir une si belle société s'établir ici, et c'est encourageant dans un contexte difficile ", déclarait M. Rosconi lors de l'inauguration de l'entreprise. M. Rosconi prend sa retraite de Theratechnologies le 30 novembre pour devenir administrateur de sociétés.
Bien comprendre le marché
Selon lui, la stratégie d'Otsuka Canada Pharmaceuticals sera de mettre au point d'autres médicaments d'origine en Amérique du Nord, notamment au Maryland, où elle possède un laboratoire de recherche fondamentale, et de réaliser es recherches cliniques au Québec.
Pour l'instant, Otsuka oeuvre avec BMS pour la commercialisation d'Abilify, médicament qui vient d'être approuvé par Santé Canada et inscrit sur le formulaire du Québec. Mais ensuite, elle entend " voler de ses propres ailes " dans la commercialisation d'autres médicaments, en commençant par le IV Busulfex, utilisé dans les greffes de moelles associées à une leucémie, et le Samsca, un médicament contre l'hyponatrémie.
Otsuka a commencé à travailler en partenariat avec BMS pour bien comprendre son marché et l'industrie nord-américaine. Une fois cette étape franchie, elle adoptera sa propre stratégie de commercialisation de médicaments contre des maladies rares. " L'idée de se trouver un grand frère est une stratégie que je recommande aux biopharmaceutiques québécoises ", commente M. Rosconi.
Une politique alléchante
Si Otsuka a choisi de s'établir à Montréal plutôt qu'en Ontario, c'est pour trois raisons, a indiqué M. Rosconi : son partenaire BMS est à deux pas, dans le parc technologique de Saint-Laurent; le Québec a mis en place une politique alléchante pour les fabricants de médicaments d'origine en ajoutant cinq ans d'exclusivité aux médicaments brevetés; et l'expertise des chercheurs québécois dans le domaine du système nerveux central.
Qui est Otsuka ?
Quatrième plus importante entreprise pharmaceutique du Japon en ce qui a trait à la capitalisation boursière, Otsuka oeuvre non seulement dans le domaine des médicaments, mais aussi dans celui des nutraceutiques (Otsuka Foods). L'an dernier, la division phamaceutique a réalisé des ventes de 715 milliards de yens (9 milliards de dollars - G$), tandis que la division nutraceutique a réalisé des ventes de 246 milliards de yens (3,1 G$). La capitalisation du holding est de 1 billion de yens (12 G$).