La Russie continue d’intéresser Bombardier au plus haut point. Et même si ses relations avec ce pays restent encore à développer, la société canadienne ne perd pas espoir de parvenir à pénétrer ce marché prometteur.
Le président de Bombardier, Pierre Beaudoin, a réitéré hier son intérêt pour ce marché et les anciens États de l’Union soviétique, au cours d’un appel conférence organisé à l’occasion de la présentation des résultats du quatrième trimestre, terminé le 31 décembre.
«Nous avançons petit à petit, un projet à la fois, a-t-il dit. Nous demeurons constamment à la recherche de nouvelles occasions d’affaires dans la région, une région que nous considérons comme très importante au cours des prochaines années.»
La Russie et les anciens États de l’Union soviétique constitue un marché prometteur pour la canadienne, autant pour sa division de véhicules roulants (métro, tramway, train) que pour sa division aéronautique.
Et l’enjeu est de taille. L’américaine Boeing, par exemple, prévoit que la Russie et ses voisins achèteront quelque 1 140 nouveaux aéronefs au cours des 20 prochaines années. Du nombre, Bombardier estime que la Russie et sa région prendra livraison de quelque 460 aéronefs de 20 à 149 places, le créneau de spécialité de Bombardier.
Des Q400 en Sibérie
Déjà, le Comité Inter États de l’aviation (l’équivalent de Transport Canada), connu sous l’accronyme russe MAK, autorise depuis 2006 l’utilisation de ses avions régionaux de 50 places, les Canadair Regional Jet (CRJ) 100 et CRJ200. Ces avions, essentiellement d’anciens avions utilisés par des sociétés aériennes européennes et nord-américaines, se vendent comme des petits pains chauds.
Le président de Bombardier a déclaré que la multiplicatiion de ces CRJ 100 et 200 consitutait une bonne base sur laquelle l’entreprise pouvait bâtir.
D’autant plus, qu’en décembre dernier, MAK a aussi approuvé l’exploitation des plus grands biréacteurs régionaux de Bombardier, ses CRJ 700, CRJ 900 et CRJ 1000, de 70 à 100 sièges. Idem pour le turbopropulsé Q400, lequel est autorisé en russie depuis juin dernier.
Ce dernier aéronef ferait particulièrement sensation dans des régions éloignées et hostiles comme la Sibérie. «Le Q400, qui a évidemment fait ses preuves par temps froid, est très apprécié là-bas», a dit M. Beaudoin.
D’ailleurs, les rumeurs vont bon train concernant la possibilité que cet appareil voit son assemblage final, actuellement à Toronto, être transféré en Russie.
Des discussions à ce sujet entre Bombardier, le gouvernement russe, le milliardaire russe Oleg Deripaska, et la société d’État, Rosteq, anciennement connue sous le nom Russian Technologies, ont maintes fois été rapportées par la presse internationale.
Jusqu’à maintenant, par contre, Bombardier a toujours refusé de commenter ces informations tout en niant que la production du Q400 puisse un jour quitter Toronto.
Mais le président de Bombardier n’a pas nié que l’achat cette semaine de 32 avions de la famille CSeries par la société russe Ilyushin Finance, venait relancer la question du renforcement des liens de la multinationale avec ce pays. «Toute la difficulté est de déterminer que faire pour pénétrer dans un pays comme la Russie qui compte déjà sur une une bonne industrie locale», a dit M. Beaudoin.
En outre, la société aéronautique russe Sukhoï Aviation travaille depuis des années aux développement d'une nouvelle famille d'avions régionaux. Malgré les ratés de son Superjet, il demeure un concurrent sérieux des CRJ de Bombardier.
Une solution du ferroviaire?
La question vaut aussi pour le secteur ferroviaire, qui offre de belles possibilités dans ce pays en plein développement. Outre le déploiement du réseau ferroviaire, les réseaux de métro et de tramways sont autant de modes de transport susceptibles d’offrir de belles occuasion d’affaires pour les entreprises de ce secteur.
Après avoir essuyé échec sur échec, la division Transport de Bombardier a eu l’heureuse idée de s’associer avec le groupe russe UralVagonZavod, un géant industriel surtout connu pour sa production de chars d’assaut.
Est-ce que cette association fut déterminante? Toujours est-il qu’elle aura, au moins en partie, permis à Bombardier de ravir à la société française Alstom l’important contrat de fabrication de 120 tramways destinés à la Ville de Moscou.
Peut-être est-ce là, la voie de l'association avec un acteur local, une solution qui pourrait inspirer la division aéronautique de Bombardier?