Cargo M, la grappe de logistique et de transport de Montréal, mettra en place une plateforme de partage d'information pour réduire les délais de toutes les catégories de transporteurs transitant par le port de Montréal, le coeur de la grappe métropolitaine.
Dans les prochaines semaines, Cargo M lancera un appel d'offres afin de trouver un fournisseur qui lui concoctera cette plateforme électronique. Celle-ci devra permettre aux transporteurs (camions, trains, navires) de mieux coordonner leurs mouvements dans le port de Montréal.
«J'espère que notre outil sera en fonction pour la fin du premier trimestre 2016», a mentionné à Les Affaires Mathieu Charbonneau, directeur général de cette organisation qui compte près d'une cinquantaine de membres, dont le Canadien National, Groupe Robert, les Armateurs du Saint-Laurent et Aéroports de Montréal.
Cargo M paiera la création de ce nouvel outil (le montant de l'investissement n'est pas public pour l'instant), qui pourra s'intégrer à d'autres plateformes de planification des entreprises de la région de Montréal.
Comment fonctionnera cette plateforme ?
L'idée, c'est de mieux partager l'information pour savoir qui transporte quoi, où et à quel moment. Ainsi, les mouvements de marchandises entrant et sortant du port de Montréal seront davantage effectués en juste-à-temps. On s'attend donc à réduire les pertes de temps dans les chaînes logistiques.
Parmi les retombées positives pour l'industrie, Cargo M souligne une meilleure planification de la main-d'oeuvre. Par exemple, si un terminal au port de Montréal anticipe un achalandage accru le lendemain matin, il peut mobiliser davantage d'employés sur place. On peut aussi imaginer un répartiteur, voyant qu'un terminal est très occupé en après-midi, décider d'envoyer son camionneur faire une autre livraison, pour ensuite le diriger au port de Montréal pendant une période plus calme.
Chez Groupe Robert, on affirme que la plateforme répondra à un besoin dans l'industrie, car elle permettra «de voir en temps réel» les mouvements de marchandises au port de Montréal. «Ça nous permettra de mieux gérer les déplacements de nos camions qui livrent ou qui vont chercher des conteneurs au port», explique la directrice des communications, Caroline Lacroix.
Marc Cadieux, pdg de l'Association du camionnage du Québec et membre du conseil d'administration de Cargo M, affirme que la future plateforme est essentielle pour améliorer la fluidité et la compétitivité de la grappe et du port de Montréal. «On évolue dans une industrie où la marchandise ne doit pas rester longtemps immobile ; elle doit être en perpétuel mouvement», dit-il.
La plateforme de Cargo M sera un point de chute pour plusieurs informations que l'industrie possède déjà, fait remarquer Mathieu Charbonneau.
«Nous voulons toutefois faciliter la consultation de manière neutre, spécialement en ce qui a trait à la planification requise pour la livraison et la récupération de conteneurs dans le Grand Montréal. Le port de Montréal est au coeur de ce mouvement de conteneurs, ainsi que les gares de triage sur l'île.»
Une fois en fonction, la plateforme de Cargo M pourrait aussi étendre le partage d'information relativement aux déplacements de marchandises à l'aéroport Montréal-Trudeau (le fret aérien), situé à Dorval.
Adjacent à la ville de Dorval, l'arrondissement de Saint-Laurent abrite d'ailleurs un pôle logistique, notamment en raison de la présence du centre de tri Léo-Blanchette de Postes Canada. Saint-Laurent compte aussi des entreprises spécialisées en transport et en logistique, comme l'allemande DHL et l'américaine FedEx.
Pour l'instant, Cargo M ne peut pas chiffrer les gains potentiels (réduction des pertes de temps, augmentation de la productivité) que la centralisation de l'information logistique apportera à l'industrie.
«C'est difficile, confie Mathieu Charbonneau. Il faut mettre en place un indicateur clé de performance. Nous le souhaitons, mais je crois que c'est le feedback des utilisateurs qui nous donnera les gains.»