Trois mois après avoir accepté 2,67 M$ de Québec pour retaper l’un de ses laboratoires, Pfizer Canada s’apprête à mettre à pied 300 employés, dont la majorité à Montréal. Le gouvernement devra s’ajuster pour trouver des solutions, convient le cabinet du ministre des Finances et de l’Économie.
«Le modèle d’affaire global de ce secteur a évolué et a conduit à la fermeture de plusieurs centres de recherche au cours des dernières années, dit Mélanie Malenfant, attachée de presse de Nicolas Marceau. Nous devons nous adapter à ces nouvelles réalités et trouver les solutions pour mettre en place un soutien gouvernemental efficace pour nous assurer que ce partenariat demeure à l’avantage du Québec.»
Moins de deux mois après l’arrivée au pouvoir du gouvernement Marois, le cabinet ajoute cependant que Québec n’a pas encore de plan à présenter. «Le gouvernement n’a pas eu l’occasion de dévoiler ses intentions à propos des mesures spécifiques qui touchent le secteur pharmaceutique, écrit Mélanie Malenfant dans un courriel. Par contre, il s’agit d’une préoccupation importante pour le ministre des Finances et de l’Économie.
Le Québec vit depuis quelques années une véritable hécatombe dans son secteur pharmaceutique. Pfizer avait déjà coupé près de 200 postes à son usine de l’arrondissement Saint-Laurent.
L’ensemble de l’industrie a perdu plus de 1 400 emplois depuis 2006. La province traite pourtant les pharmaceutiques aux petits oignons. En juillet dernier, Investissement Québec a octroyé une subvention de 2,67 millions à Pfizer pour moderniser l’usine.
«Règle des 15 ans : «le temps de réexaminer les choses», dit Landry
«Règle des 15 ans : «le temps de réexaminer les choses», dit Landry
La province accorde également pendant 15 ans l’exclusivité aux médicaments d’origine remboursés par l’assurance-médicament. Une mesure qui rapportait environ 37 M$ à l’État et lui en coûtait 25 M$ en 2005, pour un avantage net de 12 M$. Depuis, le coût de la mesure a grimpé en flèche, pendant que les pharmaceutiques remerciaient des employés.
«C’est probablement le temps de réexaminer les choses», dit Bernard Landry, l’instigateur de la «règle des 15 ans» comme ministre des Finances, sous le gouvernement Parizeau, en 1994. L’ancien premier ministre est convaincu que «cette politique était la bonne» et qu’elle «nous a rendu de très grands services pendant des années». «À condition qu’on ne perde pas des emplois, ajoute-t-il cependant. Ça, c’est un phénomène nouveau.»
Bernard Landry note que les fusions et acquisitions dans l’industrie ont causé une grande partie des mises à pied qu’ont réalisées les pharmaceutiques ces dernières années. Selon lui, Québec devrait avoir une politique pour profiter de cette concentration, en incitant des entreprises à installer leur siège social ici.
Investissement Québec pourrait par exemple prendre des participations dans des entreprises, à condition de conserver des emplois ici.
Plus de 1 400 emplois perdus depuis 2006
Plus de 1 400 emplois perdus depuis 2006
Octobre 2012 : Pfizer – 300 postes
Septembre 2012: Boehringer Ingelheim –170 postes
Mai 2012 : Pfizer – 40 postes
Janvier 2012 : Johnson & Johnson – 126 postes
Janvier 2012 : Sanofi Aventis – 100 postes
Décembre 2011 : Theratechnologies – 40 postes
Mars 2011 : Labopharm – 61 postes
Février 2011 : Pfizer – 150 postes
Juillet 2010 : Merck Frosst – 180 postes
Février 2007 : Bristol-Myers Squibb Canada – 115 postes
Février 2006 : Hospira – 300 postes
Sources: Communiqués d'entreprise, médias divers.
Avec Thomas Cottendin