TransCanada est rassurée d’apprendre que le gouvernement Couillard n’entend pas étudier l’impact de la production de pétrole à partir des sables bitumineux sur les émissions de GES au Canada, dans le cadre de son évaluation du projet de pipeline Energie Est.
D’autre part, le promoteur du pipeline Energie Est est prêt à envisager des solutions de rechange à Cacouna comme site pour son terminal pétrolier, étant donné que le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) recommande de reconnaître les bélugas du Saint-Laurent comme une espèce en voie de disparition. «Nous allons réviser toutes les options viables pour l'avenir», a dit Tim Duboyce, porte-parole du projet au Québec, dans une entrevue exclusive accordée à LesAffaires.com.
M. Duboyce s’ est aussi dit «sur la même longueur d’ondes» que les gouvernements du Québec et de l’Ontario en ce qui a trait aux conditions d’approbation du projet que ces gouvernements ont récemment fixées.
«Nous partageons leurs principes: l’acceptabilité sociale doit être là, le respect de l’environnement, les retombées économiques…Et au Québec, notre projet aura un impact presque nul sur les gaz à effet de serre, a-t-il ajouté.
Le pipeline lui-même n’en émet pas, contrairement au transport du pétrole par train ou par navires-citernes. Quant aux stations de pompage, elles fonctionneront à l’électricité. Ce qui ne sera pas le cas dans le nord de l’Ontario, où elles devront être alimentées au gaz naturel, a-t-il poursuivi.
Mardi, en présidence de son homologue albertain Jim Prentice, le premier ministre Philippe Couillard a affirmé que «cela n’ajouterait rien au débat» que d’évaluer l’Impact du projet sur le plan de l’extraction. Voilà deux semaines, en présence de la première ministre de l’Ontario Kathleen Wynne, M. Couillard parlait d’évaluer l’impact du projet en amont, ce qui a soulevé un tollé dans l’Ouest canadien.
Depuis que le directeur de Energie Est au Québec, Philippe Cannon (fils de l’ex-ministre conservateur Lauwrence Cannon), ne parle plus aux médias, Tim Duboyce, un ancien journaliste de la CBC, est devenu le visage québécois du projet Energie Est.
Six questions en rafale au porte-parole d'Énergie Est:
1-Les Affaires.com - Un sondage récent montre que les Québécois et les Albertains sont aux antipodes face à votre projet. Au Québec, c’est une minorité qui l’approuve (33%) et en Alberta, c’est une minorité qui le désapprouve. Comment expliquer la forte opposition à votre projet au Québec et qu’allez-vous faire pour changer la donne?
Tim Duboyce - La réponse est complexe. Les résultats de sondages peuvent varier selon le moment où ils sont faits. Mais je crois qu’au Québec, on connait peu et mal les pipelines. Lors d’une journée portes ouvertes, nous avons croisé un propriétaire qui nous a dit refuser que le pipeline passe près de sa maison. Mais il ne savait même pas qu’il y en avait déjà un de l’autre côté de sa rue! Les gens ne réalisent pas non plus leur dépendance au pétrole: 3000 articles de votre vie quotidienne en dépendent, soit parce qu’ils en contiennent, ou qu’ils ont été transportés par le pétrole. Les groupes d’opposants véhiculent certaines informations fausses. Face à cela, tout ce que nous pouvons faire, c’est rencontrer les gens concernés, rétablir les faits, gagner et maintenir leur confiance.
2-L.A.- À quel point pensez-vous que le refus est dû au fait que vous allez transporter du pétrole considéré «sale»?
T.D. - Nous transportons 40 sortes de pétroles différents, dont du pétrole des sables bitumineux, mais aussi du pétrole conventionnel. Nous ne pouvons pas, toutefois, divulguer les pourcentages de chaque type.
3-L.A. - Quel effet pourrait avoir le faible prix du baril de pétrole sur votre projet, compte tenu que certaines productions issues de sables bitumineux dans l’Ouest canadien pourraient devenir non rentables?
T.D. - Nous avons des contrats signés sur 20 ans de 1 million de barils de pétrole par jour et la phase de construction est déjà capitalisée par ces projets. La baisse du prix ne diminuera pas la demande, et pour ce qui est des projets qui pourraient être non rentables, ce n’est pas à nous de répondre.
4-L.A. -Qu'est ce qui pourrait être fait pour apaiser les craintes de déversement ou de fuite?
Les oléoducs sont la méthode la plus sécuritaire, la plus efficace et la plus écologique pour assurer le transport de grands volumes de pétrole sur de longues distances. Nous surveillons en continu l’état des pipelines, 24 heures par jour, 365 jours par année, en faisant appel à des techniques de surveillance par satellite, qui génèrent des données en provenance de milliers de points de contrôle toutes les cinq secondes. En cas de baisse de pression, notre équipe est en mesure d’isoler à distance et en quelques minutes, toute section affectée. De plus, du personnel s’assure régulièrement du bon état de l’oléoduc en parcourant le tracé à pied. Ces inspections sont complétées par des rondes effectuées par hélicoptère et par avion. En cas d’accident, nous sommes responsables des frais et dommages-intérêts «sans égard à la faute», jusqu’à concurrence d’un milliard de dollars. La responsabilité demeure illimitée en cas de faute ou de négligence de l’exploitant.
5-L.A. - Pouvez-vous divulguer les investissements médias faits depuis septembre au Québec et au Canada anglais?
Ceux-ci sont de nature confidentielle.
6-L.A.- Vous avez rompu avec la firme de relations publiques Edelman. Qui va la remplacer?
T.D. - Nos ententes contractuelles sont de nature confidentielle.