Le principal parti d'opposition au Canada s'est prononcé jeudi contre le rachat, dans sa forme actuelle, du groupe pétrolier et gazier canadien Nexen par le géant chinois CNOOC, investissement à l'étranger potentiellement le plus important de l'histoire de la Chine.
Bien que prévisible, cette prise de position du Nouveau parti démocratique (NPD, gauche) augmente la pression sur le gouvernement conservateur de Stephen Harper, qui est lui-même divisé sur cette offre d'achat de 15,1 G$ US, annoncée en juillet.
Avant d'approuver ou de rejeter le projet, le gouvernement l'a soumis à un examen de 45 jours, comme le veut la loi, pour déterminer s'il procure "un avantage net" pour le Canada. Cet examen se termine le 12 octobre, mais le gouvernement peut encore le prolonger de 30 jours.
Considéré favorable à l'investissement étranger, le gouvernement a repoussé mercredi une motion du NPD qui réclamait la tenue de consultations publiques sur le rachat de Nexen, dixième compagnie pétrolière du pays par son chiffre d'affaires.
"En étudiant cette transaction derrière des portes closes et en ne précisant pas sur quels critères ils se basent pour déterminer ce qui représente un avantage net pour le pays, les conservateurs ne nous donnent pas le choix. Dans le doute, il vaut mieux s'abstenir", a indiqué une porte-parole du NPD, Hélène LeBlanc.
Chargé du dossier au gouvernement, le ministre de l'Industrie Christian Paradis a rejeté ces accusations en reprochant au NPD de vouloir "faire peur aux investisseurs et de bloquer le commerce international". Il a également précisé qu'il prendrait "tout le temps nécessaire (...) pour étudier attentivement le projet d'acquisition".
Le Premier ministre, Stephen Harper, a précisé récemment qu'en matière de sécurité nationale, "des critères particuliers s'appliquent aux entreprises d'État", ce qui concerne le groupe pétrolier chinois CNOOC.
L'opposition affirme aussi que ce rachat, "dans un secteur névralgique de notre économique", soulève plusieurs questions, "notamment celle de savoir si CNOOC protègera les emplois et le siège social au Canada".
La décision d'Ottawa est politiquement risquée pour le gouvernement conservateur puisqu'une majorité de Canadiens sont contre ce rachat, selon des sondages, et ce même si plus des deux tiers des actifs de Nexen sont situés à l'étranger.
Depuis 1985, Ottawa n'a bloqué que deux projets de rachat étrangers au Canada, le dernier en date étant celui en 2010 du numéro un mondial des engrais Potash Corp par le géant minier anglo-australien BHP Billiton.