Le ralentissement dans le secteur minier fait de nouvelles victimes au Québec. La société de génie-conseil WSP, mieux connue sous son ancien nom de Genivar, poursuit les mises à pied entamées au début de 2013, a appris Les Affaires.
Depuis décembre, l'entreprise s'est départie de 30 % de ses effectifs québécois affectés au développement du secteur minier. Ces mises à pied s'ajoutent à d'autres réductions d'importance survenues chez Genivar au cours des 11 premiers mois de 2013.
Résultat : son service de génie minier, qui comptait 165 professionnels au début de 2013, n'en compte plus que 85, soit deux fois moins qu'il y a un an.
«La dernière vague de 40 mises à pied s'est déroulée juste avant et après Noël, confirme Léandre Gervais, vice-président, industrie minière pour le Québec, de WSP. Ce ne sont pas des choses que nous aimons faire, mais comme les affaires ont ralenti dans le secteur minier, nous n'avons guère le choix», a expliqué M. Gervais.
Les principales coupes se sont produites dans les bureaux de WSP de Val-d'Or, Rouyn-Noranda, Amos et Chibougamau. Des bureaux forcément engagés dans les projets annoncés dans le cadre du Plan Nord qu'a lancé le gouvernement du Québec en 2010.
Mais avec la chute du prix des métaux, l'appétit des sociétés minières pour l'exploration et l'exploitation minières a considérablement diminué, compromettant du coup les promesses de prospérité suscitées au Québec par le Plan Nord, de même qu'en Ontario, d'ailleurs.
Brian Saul, vice-président canadien du secteur des mines chez WSP, n'a pas donné suite à nos demandes d'entretien visant à connaître l'ampleur des réductions de personnel effectuées également dans cette province.
Au-delà du secteur minier
En entrevue avec Les Affaires, la directrice des communications de l'entreprise, Isabelle Adjahi, a confirmé que des compressions ont également eu lieu en Ontario depuis novembre, sans toutefois préciser le nombre de personnes touchées. Mme Adjahi a aussi admis que ces coupes dépassaient, comme ce fut le cas au Québec, les seuls effectifs affectés au secteur minier.
Le ralentissement de ce secteur freine notamment les services de génie civil et de génie environnemental, qui participent d'ordinaire à tout projet de construction d'infrastructures routières et industrielles.
Plusieurs dizaines d'emplois de ces secteurs connexes ont été supprimés chez WSP et dans d'autres entreprises. Il y a eu un effet domino auprès d'autres plus petites entreprises de ces régions nordiques du Québec et de l'Ontario, a appris Les Affaires auprès de plusieurs sources.
Des réponses le 13 mars
Quel est le portrait réel des coupes dans l'entreprise ? «Les chiffres relatifs à notre dernier trimestre seront disponibles le 13 mars. Nous ne divulguerons pas d'information relative à l'ampleur ou au coût des mises à pied avant cette date», s'est contentée de nous répondre la porte-parole dans un courriel.
Lors de la présentation de ses résultats du troisième trimestre, le 6 novembre, le président et chef de la direction de Genivar, Pierre Schoiry, avait reconnu que l'impact du ralentissement dans les secteurs miniers et industriels se faisait sentir. «Nos activités au Québec et en Ontario, qui comptent pour les deux tiers de nos affaires au Canada, continuent d'être ralenties.»
Au cours du troisième trimestre, «de 150 à 175» emplois ont été supprimés dans ces deux provinces relativement à ce ralentissement, a confirmé Mme Adjahi, ce qui a entraîné des coûts de 3,1 millions de dollars en indemnités de départ.
En réponse aux questions des analystes, M. Schoiry avait alors annoncé que d'autres coupes étaient à prévoir, principalement au Canada et en Australie, deux pays sensibles aux fluctuations du prix des ressources Pour l'instant, la fusion de Genivar avec WSP ne semble pas avoir entraîné de variation d'emplois majeure dans l'entreprise au Canada, la plupart des postes de haute direction de la nouvelle entreprise ayant été rapatriés depuis ce temps à Montréal.