Le courant ne passe toujours pas entre CVTech et son deuxième plus important actionnaire. En mai dernier, Guy Aubert avait tenté de virer les membres du conseil d’administration, dont il était membre. Il n’exclut pas de présenter sa dissidence à nouveau, a-t-il confié à LesAffaires.com après l’annonce de sa démission vendredi.
En mai dernier, M. Aubert, qui possède 13,8% des actions, avait tenté un putsch contre le pdg André Laramée et les administrateurs. La proposition dissidente avait recueilli 28% des voix. Deux cabinets l’Institutional Shareholder Services Canada (ISS) et Glass Lewis avaient recommandé de réitérer leur confiance en l’équipe en place.
M. Aubert dénonçait le faible rendement de l’action de l’entreprise d’entretien de lignes de transport et de distribution d’électricité de Drummondville. Il remettait en question les décisions stratégiques de l’entreprise.
«Il n’y a pas grand-chose qui a changé, déplore-t-il. Les choses qu’on dénonçait il y a huit mois, elles sont encore là. En 2005, j’ai obtenu les actions à 1,11$. Maintenant, nous sommes à 1,15$. »
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Une deuxième tentative de putsch ?
L’entrepreneur n’exclut pas de revenir à la charge. « Toutes les possibilités sont envisagées, répond-il. J’ai une plus grande liberté de parole maintenant que je ne suis plus au conseil. »
La participation de M. Aubert au capital de la société remonte à la vente de son entreprise Thirau à CVTech en 2005. Il est resté à la direction de la nouvelle filiale jusqu’à sa retraite en 2010, mais il est resté administrateur jusqu’à sa démission annoncée vendredi.
Le président du conseil d’administration Jacques Joly n’a pas répondu à notre demande d’entrevue. Dans le communiqué annonçant la démission de M. Aubert, aucun conflit ne transparaît.
« Au nom du conseil, je tiens à remercier Monsieur Aubert pour sa contribution à la croissance et au succès de la société de même que pour sa participation au sein du conseil et de ses comités. Nous lui souhaitons du succès dans tous ses projets futurs», déclare André Laramée, pdg.
Au Fonds de solidarité FTQ de trancher
Si M. Aubert décide d’exprimer sa dissidence à nouveau, il ne pourrait probablement pas réussir sans l’appui du Fonds de solidarité FTQ, le premier actionnaire qui possède 23,7% de l’entreprise. C’est l’acteur le plus susceptible de faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Le fonds syndical avait appuyé la direction la dernière fois.
Au Fonds de solidarité, on dit suivre la situation, mais on ne souhaite pas commenter ce dossier qui porte sur une entreprise cotée en Bourse, « surtout qu’aucune proposition n’est présentée en ce moment», a répondu son porte-parole Patrick McQuilken.
En entrevue, M. Aubert a dit que les actionnaires comme le Fonds de solidarité FTQ devraient sûrement réfléchir au rendement de leur investissement puisque « rien n’a changé depuis 8 mois ».
Si le titre n’a pas donné un bon rendement pour M. Aubert depuis 2005, l’action s’est tout de même appréciée de 12% depuis la dernière assemblée des actionnaires.
Le titre perd 4,16% à 1,15$ vendredi suite à l’annonce du départ de M. Aubert.
Deux analystes recensés par Bloomberg suivent le titre, un émet une recommandation d’achat, l’autre suggère de conserver le titre.