La Société d’habitation et de développement de Montréal est prise avec Catania pour encore « deux ou trois ans » dans le projet Accès Condos du Faubourg Contrecœur, selon la directrice générale Johanne Goulet.
Jusqu’ici, Construction Frank Catania & Associés a construit seulement 483 unités sur les 800 prévues à son contrat avec la Société (SHDM), signé en 2006. L’entreprise a fini de couler les fondations pour les unités de la phase 4 du projet, qui comprend 128 autres habitations.
« C’est certain qu’il y a un certain malaise », convient Johanne Goulet. Mais la gestionnaire assure que la société paramunicipale ne peut pas interrompre son contrat avec Catania. L’entreprise a participé à un système mafieux de corruption et de manipulation des appels d’offres municipaux, selon les déclarations faites à la Commission Charbonneau. Elle est aussi sous enquête pour l’achat des terrains du Faubourg Contrecœur pour 4,4 M$, alors qu’ils en valaient 19 M$.
En vertu du programme Accès Condos, la SHDM s’engage à racheter toutes les unités du promoteur si elles ne trouvent pas preneurs une fois un projet terminé. Elle avance aussi un crédit d’achat de 10 % aux acheteurs sur leur mise de fonds, ce qui facilite la vente des habitations pour le promoteur.
Catania arrêté : la SHDM est tranquille
En mai, l’Unité permanente anticorruption a arrêté Paolo Catania et André Fortin, qui dirigent Construction Frank Catania & Associés, ainsi que l’ancien directeur général de la SHDM lors de la vente des terrains au promoteur, Martial Fillion. L’ex directeur général de la Ville de Montréal, Frank Zampino, était aussi au nombre des prévenus, accusés d’avoir participé à un stratagème pour favoriser l’entreprise.
Si ses patrons sont trouvés coupables d’un acte criminel, comme des actes de corruption ou de fraude fiscale, Catania risque de perdre sa licence de la Régie du bâtiment. Le cas échéant, le promoteur ne pourrait pas terminer le Faubourg Contrecœur.
Dans cette éventualité, la SHDM dit ne pas craindre pour son projet. « Dans nos contrats, il y a des garanties, des cautions, des ententes avec les banquiers », dit Johanne Goulet. Catania vient d’ailleurs de concéder une hypothèque de plus de 2,7 M$ en faveur de la société paramunicipale pour garantir ses obligations liées à la phase 4 du Faubourg Contrecœur.
Procès en 2014
Si le projet du Faubourg Contrecœur continue, la SHDM n’en poursuit pas moins Catania pour des « différends sur les coûts de décontamination du terrain ». Le procès ne commencera qu’en 2014.
En 2008, le Vérificateur général de la Ville de Montréal a dénoncé la vente du terrain du projet à Catania pour 4,4 M$, soit le cinquième de leur valeur. L’ancienne direction de la SHDM disait avoir accordé cet escompte à cause des coûts de décontamination des lots, « évalués » à 14,6 M$, mais le chien de garde des comptes municipaux a jugé la somme largement excessive.
Pour l’instant, la directrice générale assure que les ennuis judiciaires du promoteur n’ont pas nui à l’exécution du chantier. « Tant que ça va bien, on poursuit, dit Johanne Goulet. Mais c’est certain que si des problèmes surviennent, on ne laissera pas tomber les gens. »
Joint par téléphone, Paolo Catania, président du conglomérat, a référé nos questions au cabinet de relations publiques Massy Forget Langlois. Il a été impossible d’obtenir des commentaires avant la publication de l’article.