D'une seule voix l'Assemblée nationale a condamné, mercredi, la volonté des partis fédéraux de financer les installations électriques de Terre-Neuve.
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Précisément, Québec s'oppose à l'engagement de Stephen Harper d'offrir une garantie de prêt pour financer un câble sous-marin qui permettrait à la province voisine d'exporter l'électricité produite par sa future centrale du Bas-Churchill. Les libéraux et les néo-démocrates ont aussi bondi dans le train, puisqu'ils ont ensuite pris le même engagement.
L'opposition péquiste avait d'abord présenté une motion pour exprimer cette position. Mais sa formulation était plutôt dure et le gouvernement en a déposé une moins accusatrice, qui a été adoptée à l'unanimité.
Elle affirme que "l'Assemblée nationale réitère son opposition à une participation financière du gouvernement fédéral dans le projet hydroélectrique du Bas-Churchill, considérant que le Québec a assumé seul, et dans l'affirmation de ses compétences, le coût total de ses installations hydroélectriques."
En effet, le gouvernement Charest a toujours rappelé qu'il ne s'opposait pas en soi à ce que les provinces voisines développent leur potentiel énergetique. Il s'objecte plutôt à la concurrence déloyale qui découlerait de l'ingérence fédérale.
Ottawa n'a jamais financé les réseaux et infrastructures d'Hydro-Québec. La garantie de prêt fédérale accorderait ainsi un avantage indu à Terre-Neuve sur les marchés de l'énergie, soutient le gouvernement du Québec.
Ce serait une électricité "qui bénéficierait d'une subvention et donc qui entraînerait une disparité et un traitement inéquitable entre le Québec et les autres provinces par l'intervention du gouvernement fédéral", a souligné le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Pierre Moreau, dans le débat sur la motion.
Il a insisté sur l'importance pour le Québec de parler "d'une seule voix" dans ce dossier.
Son interlocuteur de l'opposition, Bernard Drainville, a pour sa part déclaré que "l'objection formelle" du premier ministre Jean Charest avait été "foulée ainsi du pied, bafouée, ignorée".
Il a aussi déploré que les partis fédéraux _ conservateur et libéral _ avec leurs promesses, "font bien peu de cas de l'intérêt du Québec et de l'intérêt des Québécois. Le Québec, ils s'en balancent".
Il a du même coup reproché au gouvernement d'être "trop mou" dans la défense des intérêts du Québec et de ne pas s'engager à accomplir des gestes pour bloquer les velléités fédérales.
Le Parti québécois voulait d'ailleurs saisir la Chambre mercredi après-midi de sa propre motion sur le sujet, qui était plus mordante, mais elle n'a pas été débattue.
Elle "dénonce l'engagement du Parti conservateur du Canada d'accorder un soutien financier au projet hydro-électrique du Bas-Churchill". De même, elle "exige que le gouvernement du Québec prenne tous les moyens nécessaires pour empêcher la réalisation de cet engagement qui va à l'encontre des intérêts du Québec".
Un porte-parole péquiste a reproché à la motion du gouvernement d'être "moins engageante", et de ne pas traduire la dénonciation en geste.