Rona, dont les résultats financiers déçoivent les investisseurs depuis des années, annonce des changements majeurs à sa stratégie. Fini, l’ouverture de grandes surfaces de 100 000 pieds carrés ; le quincailler de Boucherville veut se rapprocher des Canadiens avec des magasins plus petits. Son plan a été baptisé « Nouvelles réalités, nouvelles solutions ».
« Nous voulons que les consommateurs soient à un clic de souris ou à dix minutes de route d’un Rona », a déclaré le président et chef de la direction, Robert Dutton lors d’un appel conférence portant sur les résultats du quatrième trimestre.
Pour ce faire, deux nouveaux concepts de magasin testés en 2011 seront déployés. Le premier, dit « de proximité », sera adopté par 20 % des magasins corporatifs cette année. Dans deux ans, les moyennes surfaces d’environ 35 000 pieds carrés compteront pour 70 % du réseau, comparativement à 67,5 % aujourd’hui.
Le plan stratégique de 70 M$ sur 24 mois (financé par la vente de terrains inutilisés) prévoit aussi l’ouverture de « magasins satellites » de seulement 5000 à 10 000 pieds carrés avec une sélection limitée de produits. Ce concept a notamment été testé à Granby dans la dernière année.
Le nombre de grandes surfaces passera pour sa part de 80 à 57 (un mélange de 10 fermetures et de 13 rapetissements). La plupart des magasins dont l’espace sera réduit « de 30 à 50 % » se trouvent dans des édifices loués, mais certains appartiennent à Rona.
Des épiceries « dans » les Rona ?
« À qui pourrons-nous sous-louer ? On ne se limite pas. Mais on cherche des détaillants qui attirent beaucoup d’achalandage. Le secteur alimentaire, ce serait parfait. Ça n’entre pas en compétition avec nous et c’est très complémentaire. Beaucoup d’épiciers cherchent actuellement des pieds carrés », a confié en entrevue à LesAffaires.com Luc Rodier, vice-président exécutif, réseau détail de Rona.
Au cours des dernières années, plusieurs magasins Rona Le Régional ont été agrandis pour devenir des Rona L’entrepôt (Boucherville, Saint-Hyacinthe, Granby).
Malgré l’annonce d’aujourd’hui, le quincailler jure ne pas regretter ces investissements, car ils ont été fait dans des quartiers où cela était « justifié ». Robert Dutton croit néanmoins que les grandes surfaces ne sont pas « le bon format pour l’avenir », que les consommateurs veulent désormais autre chose.
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L’importance du Web
Rona insiste sur le fait que son nouveau site Web qui sera lancé ce printemps est la base de sa nouvelle stratégie.
« Tout nos stocks seront disponibles dans tous nos magasins, explique Luc Rodier. Aujourd’hui, dans nos petits magasins, si quelque chose n’est pas en stock, ça s’arrête là. Il n’y a pas de transaction, malheureusement. » D’ici peu, les commis proposeront aux consommateurs qui désirent un produit non disponible en magasin de conclure la transaction pour eux sur le Web et de leur livrer le produit (en succursale ou à leur domicile).
Les magasins Simons, entre autres, procèdent de cette manière.
Ensuite, au cours de l’été, Rona lancera sa première application pour téléphones intelligents. En ce qui concerne Réno-Dépôt, qui n’a pas encore de site transactionnel, la porte-parole Michelle Laberge confirme qu’une annonce sera faite « avant la fin de l’année ».
Des employés plus compétents
Rona veut aussi améliorer le service à la clientèle dans ses magasins afin d’y attirer les clients. Le détaillant constate qu’il faut leur donner une bonne raison de sauter dans leur voiture et de faire le trajet jusque dans un magasin, dans le contexte où tout se trouve sur le Web.
On se rappellera que l’automne dernier, le géant Amazon.ca s’est lancé au Canada dans la vente d’articles de quincaillerie. Sa sélection de produits est un peu plus vaste que celle de Rona.
Cela suppose de grands changements dans les ressources humaines. Jusqu’ici, les employés devaient à la fois placer les produits sur les tablettes et répondre aux clients. Dorénavant, chaque personne n’aura qu’une seule responsabilité.
« Présentement, les gens ont une tâche double. On va faire la distinction entre ces deux tâches, ce qui va nous permettre d’avoir des pros de la vente. C’est ce qu’on a fait chez Totem [chaîne de l’Alberta acquise par Rona en 2004]. On veut aussi augmenter notre ratio de travailleurs à temps plein. La rotation de personnel nuit à l’expertise », dit Luc Rodier, vice-président exécutif, réseau détail de Rona. Malgré ces changements, les coûts de ressources humaines demeureront stables, prévoit-il.
Nouvelles catégories de produits
Rona mise aussi sur l’introduction de nouvelles catégories de produits pour séduire les consommateurs et faire augmenter ses ventes (croissance du panier moyen).
Le détaillant fera notamment de la place dans ses magasins pour une sélection de vêtements destinés aux travailleurs de la construction. Luc Rodier refuse de dire que Rona entre dans le créneau de L’Équipeur (propriété de Canadian Tire), car son offre sera moins « grand public », explique-t-il. Lisez l'article traitant de la réoganisation de Canadian Tire publié jeudi, qui parle du départ du dirigeant de L'Équipeur
En outre, Rona offrira davantage de rangement, tant pour la maison, les garde-robes que les garages. Le détaillant introduire aussi une nouvelle gamme de peinture qui contient l’apprêt.
Les magasins Rona au Canada
Type de magasin Situation actuelle Dans 2 ans *
Grande surface 80 (10%) 57 (7,5 %)
Moyenne surface 540 (67,5 %) 560 (70 %)
(anciens Rénovateur et Régional)
Petit (anciens Express) 180 (22,5 %) 190 (23 %)
Total 800 815
* En supposant qu’aucun marchand n’est recruté, qu’aucune acquisition n’est effectuée.