Même si Dollarama fait déjà partie des détaillants les plus performants et efficaces du pays, avec une marge brute à 36 % des ventes, une dette en constante baisse et un nouveau dividende, ses dirigeants croient qu’ils peuvent améliorer significativement la productivité.
Pour y arriver, ils misent sur l’utilisation de lecteurs optiques de point de vente (POS scanner). Une technologie qu’on retrouve dans pratiquement tous les magasins depuis plus d’une décennie, mais qui est nouvelle pour Dollarama. Ses caissières ont seulement commencé l’automne dernier à balayer des codes à barres.
L’avantage principal de ce système est la cueillette d’informations. À l’heure actuelle, les employés de Dollarama calculent encore à la main, à tous les jours, l’état des stocks de 220 produits et ce, dans les 667 magasins de la chaîne. Au bout de trois semaines, tous les produits (sku’s) ayant été comptés, le travail est à recommencer.
Étant donné le nombre de personnes impliquées dans cette opération de taille, il y a forcément des erreurs, a expliqué le chef de l’exploitation, Stéphane Gonthier, en marge de l’assemblée annuelle des actionnaires tenue jeudi 9 juin. Quand une caisse est oubliée ou comptée en double, « on envoie trop ou pas assez de marchandise dans le magasin », relate le dirigeant.
Des magasins trop pleins
« Quand tu rentres dans nos magasins aujourd'hui, ils sont jammés, c'est plein à craquer. Ce n'est pas normal. Grâce aux POS scanner (lecteurs optiques de point de vente), on va pouvoir réduire le niveau des stocks », prévoit le président et fondateur de Dollarama, Larry Rossy.
La lecture optique des codes à barres aux caisses permettra d’obtenir en temps réel des informations précieuses sur ce qui est vendu et quand. « Ça va être énorme (comme impact) d’avoir la bonne marchandise, au bon moment », a poursuivi l’entrepreneur de 68 ans.
Larry Rossy confie bien humblement avoir « résisté pendant 15 ans » à l’utilisation de technologies dans son entreprise. Mais aujourd’hui, il embrasse ce changement. Pourquoi une telle résistance ? « J’ai la tête dure ! (…) Je pensais que j’avais une formule assez performante. Mais avec (le système) SAP, j’ai vu ce que l’information pouvait nous donner. »
Pour l’heure, les deux méthodes de calcul des stocks sont utilisées en parallèle. Bientôt, Dollarama fera des tests en utilisant en alternance les deux méthodes. À l’été 2012, on cessera complètement de faire les décomptes manuellement. Il n’est pas exclu que cela occasionne des pertes d’emplois, mais le détaillant en doute. « On ne peut pas spéculer là-dessus. Mais comme nous sommes en croissance et que tous nos postes ne sont pas comblés … », a dit Stéphane Gonthier.
Changement à l’été 2012
Changement à l’été 2012
Les dirigeants de Dollarama sont certains que l’utilisation de données recueillies par les lecteurs optiques vont améliorer l’état de leurs stock, améliorer les achats et même la disposition de la marchandise dans les magasins (planogramme). Mais « l’impact sur les ventes n’est pas quantifiable », dit Stéphane Gonthier, qui n’a pas fait de projections.
De plus, il y a souvent de longues files de clients aux caisses, ce qui pourra être amélioré lorsqu’il sera possible de savoir précisément à quel moment les ventes sont effectuées. Larry Rossy ambitionne de régler ce problème car il dit que les files d’attente, «ça m’enrage beaucoup plus que vous !». Il sait que des gens abandonnent des achats et quittent le magasin quand l’attente est trop longue.
Dollarama a refusé de préciser l’investissement nécessaire à l’installation de lecteurs optiques dans ses points de ventes. « Ce n’est pas une grosse affaire », a dit le chef de la direction financière, Michael Ross.
Des articles à 3$?
Par ailleurs, le détaillant n’échappe pas aux effets de l’inflation dans le monde, ce qui inclut le prix du carburant et la hausse des salaires en Chine. Peut-on s’attendre à ce que les prix augmentent bientôt jusqu’à 3 $ ?
« On est ouvert à ça. Éventuellement, on va aller vers ça, c’est certain à 100 %. Mais on va rester à 2 $ le plus longtemps possible », a répondu Larry Rossy, qui n’envisage pas de cesser de travailler, tant et aussi longtemps que sa santé le lui permettra.
« Il travaille 7 jours par semaine, est toujours le dernier parti. Il fait des voyages en Chine et visite des magasins les fins de semaine. Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi travaillant !», a spontanément lancé Michael Ross lorsqu’il a été question de l’avenir de Larry Rossy. Stéphane Gonthier a alors ajouté – le sourire en coin - que son patron lui faisait souvent « l’honneur » de l’inviter à l’accompagner les week-end.
Effet Target
Concernant l’arrivée des Supercentres de Walmart au Québec (cet été) et du géant américain Target dans tout le pays (en 2013), Dollarama croit que cela aura un effet positif sur ses ventes. Ses magasins les plus performants sont ceux qui se trouvent à proximité des Walmart, puisque ces grandes surfaces attirent beaucoup d’achalandage.
« Si ça amène du monde, c’est positif pour nous », résume Larry Rossy.