Les analystes sont généralement assez confiants quant aux résultats du troisième trimestre que présentera Alimentation Couche-Tard jeudi avant l'ouverture de la séance. Certains vont même jusqu'à prédire une croissance de 36 % du bénéfice par action.
Mais les choses se corsent lorsqu'il est question des prix au détail de l'essence. Si la flambée récente du cours du pétrole a fait monter le montant payé à la pompe, il a aussi diminué au début du quatrième trimestre les marges de profit des stations-service, notent les analystes.
Le troisième trimestre de Couche-Tard s'est terminé le 31 janvier dernier. La crise qui secoue le monde arabe a débuté avant cette date, mais a surtout affecté les prix du pétrole au courant des mois de février et mars.
C'est sans compter que cela peut inciter les automobilistes à moins rouler, ce qui diminue leurs visites à la pompe et aux dépanneurs rattachés aux stations-service.
Le consensus des six analystes sondés par Bloomberg fixe la cible du bénéfice par action à 37,2 cents. Celui qui anticipe la croissance la plus élevée, Martin Landry de Valeurs mobilières Desjardins, vient de revoir à la baisse ses prévisions, à 40 cents par action, ce qui équivaut à une croissance de 36 %. Ce sont les résultats plus faibles que prévu chez deux compétiteurs américains – Casey's et Pantry – qui l'ont incité à revoir ses attentes, a-t-il écrit dans une note aujourd'hui.
Du côté de RBC Marchés des capitaux, Irène Nattel tient aussi un discours assez optimiste. Elle envisage une croissance du bénéfice par action de 32 %, à 38 cents, notamment à cause d'une bonne marge de profits sur l'essence.
Mais pour le quatrième trimestre, elle s'inquiète davantage à cause de l'essence justement. « Pour les cinq premières semaines de leur quatrième trimestre, la marge de profit moyenne de l'industrie est à 9,3 cents le gallon, comparativement à 14,2 cents le gallon pour la même période l'an dernier », écrivait-elle hier. Elle ne revoit pas ses prévisions pour le prochain trimestre, mais en évoque la possibilité si les prix élevés se maintiennent, ce qui peut aussi réduire les achats des clients au dépanneur.
Chris Cockeram de Scotia Capitaux tenait essentiellement un discours semblable dans une note hier. Si le prix moyen du gallon d'essence à la pompe est passé de 2,74 $ l'an dernier à 3,18 $ cette année en février, le prix de l'essence en gros a grimpé plus vite.
Il s'attend à ce que cette tendance se maintienne, affectant non seulement la marge de profit de Couche-Tard, mais aussi le volume des ventes à la pompe et dans les dépanneurs. Il ne revoit pas ses prévisions de bénéfice pour le quatrième trimestre, mais ne l'exclut pas.
Quant à James Durran de la Financière Banque Nationale, il envisageait déjà ce scénario dans un rapport daté du 3 mars. Cependant, il croit que la situation peut profiter à Couche-Tard à plus long terme.
« La solidité de leur situation financière devrait leur permettre de survivre et de grandir dans ces conditions difficiles, en gagnant des parts de marché et possiblement en créant plus d'occasions d'acquisitions », a-t-il souligné.