Tandis que son titre plongeait en Bourse, la direction de Bombardier a continué de se montrer évasive mercredi sur différents éléments cruciaux du développement de son avion CSeries.
L’entreprise avait présenté plus tôt des résultats inférieurs aux prévisions pour le troisième trimestre, en raison entre autres d’une baisse des revenus et profits au sein de sa division aéronautique.
Il n’en fallait pas plus pour que son titre pique du nez à la Bourse de Toronto. À la fermeture des marchés, sur Bay Street, le titre du manufacturier d'avions et de trains s’établissait à 4,74$, en baisse de 0,54$, ou de 10,23%.
Pendant ce temps, le pdg et son équipe ont esquivé la plupart des questions des analystes sur les résultats des essais en vol, le respect des échéanciers, et les coûts de développement de sa nouvelle gamme d’avions CSeries.
Depuis le premier vol d’un premier CS100, le 16 septembre, Bombardier n’a effectué que trois nouveaux envols d’essais, le dernier ayant eu lieu hier, le 30 octobre.
Le pdg Pierre Beaudoin a nié tout retard, soutenant qu’un deuxième appareil d’essai (sur cinq) volerait d’ici «quelques semaines». Par contre, ce dernier a refusé de préciser si «quelques semaines» signifiait que ce vol aurait lieu d’ici la fin de 2013…
Sur l’échéancier de production, la direction a refusé de préciser ledébut de production du nouvel appareil, de même que de la livraison des premiers modèles à ses clients. «Nous sommes en période d’évaluation», s’est contenté Pierre Beaudoin.
Sur ce, le pdg a répété que la production du CSeries débuterait lorsque l’entreprise aura accumulé 300 commandes fermes pour son nouvel appareil et qu’il avait bon espoir d’y parvenir. Son carnet de commandes compte actuellement 403 appareils CSeries, dont seulement 177 sont considérés comme des commandes fermes.
Le même flou entoure la date de livraison du premier appareil. Malgré un carnet de commande encore à combler, Pierre Beaudoin a répété aujourd’hui que la première livraison était attendue, comme prévu, 12 mois après le vol inaugural, soit en septembre 2014. Plusieurs analystes, dont celui de la Financière Banque nationale, s’attendent à ce que la première livraison d’appareil soit reportée au premier trimestre de 2015.
Enfin, après avoir soutenu le 16 septembre que les frais de développement de l’appareil excédait maintenant ses prévisions de 500M$ pour atteindre 3,9G$US, Bombardier a soutenu que les coûts de développement de l’appareil respectait maintenant son enveloppe initiale de 3,4G$US.
Le grand patron de Bombardier a expliqué que le coût de développement visé du CSeries s'établissait toujours à 3,4G$US, mais que des «frais récurrents» et «non-récurrents» pouvaient entraîner une variation des dépenses, tout en niant avoir déjà excédé les prévisions.
Sous les attentes
Pour la période de trois mois terminée fin septembre, Bombardier a dégagé un bénéfice net ajusté de 165 M$US ou 0,09$US par action, comparativement à 173M$US ou 0,09$US l’action à la même période l’an dernier. Dans l’ensemble, les analystes tablaient sur un bénéfice de 0,10$US l’action.
Les revenus de l'entreprise montréalaise ont reculé de 2,4% pour s’établir à 4,1G$ US, comparativement à 4,2G$US au même trimestre de 2012.
Bombardier Aéronautique a vu ses revenus fléchir de 13%. Ils se sont établis à 2G$ US, contre 2,3G$ US au troisième trimestre l’an dernier. Ceux de Bombardier Transport ont cependant progressé, passant de 1,9G$ US à 2,1G$ US.
La marge bénéficiaire avant intérêts et impôts a diminué au sein des deux divisions. Elle est passée de 5,2% à 4,3% au sein de la division Aéronautique, et de 6,3% à 6% au sein de la division Transport.
En cours de journée, l'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque nationale, a revu à la baisse son évaluation du titre, le faisant passer de «surperformance» à «performance de secteur» et en diminuant sa cible, de 5,50$ à 5,00$. À la clôture, ce mercredi, l'action de Bombardier se négociait à 4,74$, après une dégringolade de 0,54$ ou 10,23% à la Bourse de Toronto.