Les presque 2 000 licenciements de Bombardier, annoncées le 21 janvier, ne pouvaient plus mal tomber pour le chapelet d’institutions d’enseignement de la région de Montréal, spécialisées dans la formation en aéronautique.
C’est que d’ici quelques semaines, s’ouvrira la période d’inscription pour des milliers d’étudiants de niveau secondaire, collégial et universitaire, qui se verront offrir plus d’une dizaine de programmes d’études liés aux métiers de l’aérospatiale.
«Il est clair que c’est le genre de nouvelles qui risque d’avoir un impact négatif sur le niveau d’inscription des nouvelles cohortes d’étudiants», affirme Serge Tremblay, directeur générale du Comité sectoriel de main-d’oeuvre en aérospatiale (CAMAQ).
Même son de cloche du côté de l’École nationale d’Aérotechnique (ENA), affiliée au Collège Edouard-Montpetit, à Longueuil. «En terme de timing, c’est bien évident que ce n’est pas idéal», confirme son directeur général, Serge Brasset.
L’ENA prépare pour le 9 février prochain, une journée «porte-ouverte» à l’intention des aspirants étudiants de ses trois programmes collégiaux. C’est généralement pour elle l’occasion de vanter la qualité de son enseignement. L’occasion aussi de semer, ce faisant, le goût d’une carrière dans l’industrie aérospatiale chez un maximum d’entre eux.
«Nous pouvons recruter quelque 400 nouveaux étudiants à temps plein par année. Mais avec une telle nouvelle, c’est certain que le recrutement sera plus difficile, s’inquiète M. Brasset, tout de même habitué à faire face à une telle situation.
Aux aspirants étudiants, les professeurs de l’ENA feront valoir que loin d’être exceptionnelles les suppressions d’emplois font partie de l’industrie aéronautique. «C’est une industrie cyclique, rappelle M. Brasset. Il faut vivre avec.»
Mais quoi qu’il advienne, poursuit-il, c’est une industrie qui n’a jamais cessé de croître. À preuve, de 20 000 travailleurs il y a 30 ans à Montréal, cette industrie en embauche aujourd’hui plus du double. Une situation qui permet à la plupart des diplômés de ce secteur de profiter, bon an mal an, de taux de placement à leur sortie dépassant souvent les 90%.
Spécialiste du marché de l’emploi en aérospatiale, Serge Tremblay du CAMAQ confirme que malgré les annonces de Bombardier qui peuvent inquiéter, les prévisions de croissance pour 2014 demeurent inchangées.
«C’est un secteur, assure-t-il, qui continue d’offrir de belles occasions de carrière.» Cela s’avère d’autant plus vrai, que les départs à la retraite des travailleurs les plus âgés libèrent environ 5% des postes à chaque année. «C’est l’équivalent, dit-il, de 2 000 postes à combler à chaque année.»
Le 1er janvier 2013, exactement 41 663 personnes travaillaient dans cette industrie au Québec. Parmi eux, plus de 16 000 travaillent pour le compte de Bombardier.
À midi, le 22 janvier, à la Bourse de Toronto, l’action de Bombardier reculait de 0,10$ ou de 2,53%, pour s’établir à 3,85$. Au cours des cinq dernières séances, le titre de Bombardier a décliné de 0,58$ ou de 13,06%.