Dès son arrivée dans l'entreprise familiale, Groupe Autocar Jeannois, au début des années 2000, Stéphane Lefebvre s'est engagé à fond. " J'ai chapeauté trois acquisitions d'entreprises et j'ai développé de nouveaux créneaux ", dit l'homme d'affaires de 34 ans.
Sous son impulsion, le Groupe a développé deux nouvelles activités : le transport scolaire et le transport long courrier par autocars de luxe. L'entreprise dessert les aéroports de Toronto, Hamilton, Québec et Montréal. En peu de temps, le chiffre d'affaires a grimpé de 250 % et le nombre d'employés a été multiplié par deux.
Le processus du transfert de propriété de l'entreprise s'est enclenché en 2008. Un contrat de vente a alors été signé entre le père et le fils. " Je deviendrai actionnaire majoritaire d'ici cinq à dix ans ", précise Stéphane Lefebvre.
Reconnaître la valeur de l'apport du fils
Au départ, le jeune homme n'avait pas les capitaux nécessaires pour réaliser une telle transaction. " Je ne voulais pas faire appel au capital de risque ni à des institutions financières, en raison des conditions de prêts ", dit-il.
La solution : la reconnaissance de la valeur monétaire de sa contribution à la croissance de l'entreprise. Cette reconnaissance lui a procuré un statut d'actionnaire minoritaire. " Mon apport dans l'entreprise a été considéré en quelque sorte en équité, me permettant d'obtenir à la transaction un certain nombre d'actions établi par cette valeur. "De plus, le vendeur a été patient et a accepté d'étaler les paiements sur une période pouvant aller jusqu'à une dizaine d'années. La durée des paiements dépend des indicateurs financiers de l'entreprise. " Plus les choses iront bien, plus le transfert de propriété s'effectuera rapidement ", résume M. Lefebvre.
Laisser mijoter
Le nouvel homme fort du Groupe Autocar Jeannois souligne qu'il est important de " laisser mijoter " le processus de transfert. On ne doit pas vouloir à tout prix des résultats immédiats et définitifs. " Il faut se parler périodiquement, uniquement de la passation, pendant au moins un an ", souligne-t-il.
Les sociétés-conseils ont joué un rôle important dans la réussite de la transaction. " Des experts indépendants ont élaboré des scénarios ayant notamment trait aux transferts d'actions et à la fiscalité. Cela nous a aidés à bien nous entendre, mon père et moi, sur les grands paramètres de la transaction, comme le prix de vente. "
Il faut aussi, avertit M. Lefebvre, que l'ensemble d'une organisation qui a grandi avec son fondateur soit préparée au changement ultime. Stéphane Lefebvre a ainsi été directeur adjoint en 2002, puis directeur général du Groupe en 2004, avant le transfert de propriété.