Le lien familial n'est pas le seul chemin menant au siège de directeur général, comme le prouve l'histoire de Miralis, un fabricant d'armoires de cuisine, de portes en bois, en thermoplastique et en polyester de Saint-Anaclet.
Après avoir sélectionné cinq candidats pour lui succéder, dont son fils Philippe, Jean-Paul Lauzier choisit finalement Daniel Drapeau. Le fondateur de Miralis a misé sur les compétences de gestion avant les liens familiaux.
Cette décision, qui aurait pu se révéler dramatique, a été bien accueillie par Philippe Lauzier, qui est demeuré au sein de l'entreprise à titre d'ingénieur industriel. Il est aussi membre de la direction et fait partie du groupe des cinq actionnaires qui ont racheté la société. Outre M. Drapeau et lui, ce club des cinq, dont l'âge moyen se situe sous la barre des 40 ans, comprend Donald Brisson, Harold Bélanger et Simon Gauthier.
Ingénieur physicien de formation, M. Drapeau savait qu'il avait la fibre entrepreneuriale, mais il ne s'attendait pas à diriger une entreprise manufacturière. Il savait, par contre, qu'il souhaitait un jour revenir dans son patelin (il est originaire de Rimouski) après avoir pris un peu d'expérience. " C'est un de mes amis qui m'a indiqué que Miralis cherchait à pourvoir un poste de haute direction. M. Lauzier, qui avait déjà entamé le processus de relève, m'a tout de suite embauché ", raconte le jeune gestionnaire de 36 ans.
L'importance d'être visionnaire
Depuis son arrivée en 2007, l'entreprise n'a jamais été en aussi bonne position. Elle a doublé son chiffre d'affaires, qui avoisine les 30 millions de dollars, et le personnel s'est accru de 30 %, à 230 employés, un sommet pour l'entreprise créée en 1976. De plus, la direction songe à agrandir l'espace de production, qui occupe à l'heure actuelle une superficie de 125 000 pi2.
Ce succès, M. Drapeau le doit surtout à son côté visionnaire, à son style de gestion, qui se veut très proche des employés et de ses coéquipiers, et à sa grande écoute du marché. " J'ai senti les premiers signes négatifs provenant du marché américain à l'été 2008, lors d'un voyage en Floride. De retour au Québec, j'ai convaincu l'équipe de concentrer davantage ses efforts sur les marchés québécois et ontarien ", raconte M. Drapeau. Son intuition ne l'a pas trompé. Le marché américain, qui représentait le quart du chiffre d'affaires à l'époque, a fondu à moins de 5 %. " Nous n'avons eu que cinq mises à pied saisonnières, du jamais vu en 10 ans. "
Miralis figure parmi les meilleurs fabricants de portes d'armoires de cuisine du Québec. Il est d'ailleurs le seul à offrir du laminé européen dans tout le Nord-Est américain. Un produit de qualité, innovant et livré rapidement. Voilà ce qui a permis à l'entreprise de s'en tirer à bon compte face à la concurrence asiatique.
Miralis fait tout de même face à un défi majeur : celui de recruter de la main-d'oeuvre pour les postes qualifiés. " Plusieurs ignorent que des emplois bien rémunérés existent dans la région du Bas-Saint-Laurent. Je sais que c'est le cas. Pourtant, j'ai longtemps cru le contraire ", avoue Daniel Drapeau.