La Banque centrale européenne (BCE) va intervenir sur le marché de la dette des États de la zone euro face aux primes de risques élevées réclamées à certains pays, a annoncé jeudi son président, Mario Draghi.
La BCE va lancer un nouveau programme, baptisé «Outright monetary transactions»(OMT), en raison «des perturbations graves observées sur le marché des obligations publiques qui proviennent de craintes infondées de la part des investisseurs sur la réversibilité de l'euro», a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Francfort.
L'organisme achètera sur le marché secondaire des obligations d'État de maturité allant de 1 à 3 ans et ne fixera "pas de limite quantitative" à ces achats, a annoncé jeudi son président Mario Draghi.
Ces achats se feront à la condition stricte que les pays qui souhaiteront en bénéficier formulent une demande d'aide au Fonds européen de stabilité financière (FESF), a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse à Francfort, à l'issue de la réunion de son conseil des gouverneurs.
Plus tôt aujourd'hui, elle a laissé inchangé son taux directeur, à 0,75 %.
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Révision des prévisions économiques
La BCE a aussi révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour la zone euro pour cette année et l'an prochain, prenant ainsi acte de la poursuite de la dégradation économique dans la région.
La BCE s'attend désormais à un recul de 0,4% du Produit intérieur brut (PIB) en 2012, contre une baisse de 0,1% lors de sa précédente estimation en juin. Pour 2013, elle prévoit une croissance de 0,5%, contre 1% en juin.
Ces chiffres sont des moyennes calculées par l'AFP, la BCE publiant ses prévisions sous forme de fourchettes.
La zone euro a enregistré une contraction de son activité de 0,2% au deuxième trimestre, après une croissance nulle au premier, a confirmé jeudi l'office européen de statistiques Eurostat dans une deuxième estimation, un chiffre qui marque de profondes disparités entre les États.
L'Allemagne (+0,3%), les Pays-Bas (+0,2%), l'Autriche (+0,2%) et dans une moindre mesure la France (0%) ont résisté, tandis que l'Espagne (-0,4%), la Belgique (-0,6%), l'Italie (-0,7%) se sont enfoncés dans la récession.
Les signes d'un retour de l'ensemble de la zone euro en récession, qui se caractérise par deux trimestres de contraction du PIB à la suite, s'accumulent après la publication récente d'indicateurs peu encourageants.
Concernant l'inflation en zone euro, que la BCE doit maintenir à un niveau proche mais inférieur à 2% à moyen terme, l'institution monétaire a relevé sa prévision pour 2012 à 2,5%, contre 2,4% précédemment, et à 1,9% pour 2013 (contre 1,6% auparavant).
Malgré la dégradation de la conjoncture de la zone euro, l'inflation a accéléré ces derniers mois à cause de la flambée des prix du pétrole, qui devrait toutefois avoir un effet temporaire, selon les analystes.