Le futur accord de libre-échange avec l’Union européenne n’ouvrira pas seulement de nouveaux marchés aux entreprises canadiennes. Il permettra aussi d’exploiter et de commercialiser plus efficacement l’immense bassin de ressources naturelles du Canada (incluant le nord du Québec) qui sont en forte demande en Asie.
C’est ce qu’a indiqué Pierre-Marc Johnson, le négociateur en chef du Québec pour l’Accord économique et commercial global Canada – Union européenne, lors d’un forum organisé mercredi à Montréal par l’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec (CPA).
«Le Canada ne peut pas développer seul ses ressources naturelles», a déclaré l’ancien premier ministre du Québec, en soulignant que le territoire canadien est vaste (sensiblement la même taille que l’Europe) et qu’il compte une petite population de 34 millions d’habitants.
Selon lui, la conclusion de l'accord avec l’UE (toujours prévue en 2012) ne peut que corriger le sous-investissement des Européens au Canada. Les statistiques sont éloquentes à ce sujet. En 2010, les stocks cumulatifs des investissements du Canada dans l’UE totalisaient 148,8 milliards canadiens. Or, ceux des 27 pays de l’UE au Canada s’élevaient à 145 G$ CA.
Puisque l’économie de l’Union européenne est 11 fois la taille de l’économie canadienne, les investissements des Européens au Canada sont donc, toute proportion gardée, insuffisants. «Il faut que les entreprises européennes manifestent le désir pour investir ici», a affirmé Pierre-Marc Johnson.
Cela dit, le Canada devra accorder aux investisseurs européens un meilleur accès au marché canadien. Depuis qu’Ottawa s’est opposé à la tentative d’acquisition du producteur canadien d’engrais, PotashCorp, par le géant minier anglo-australien BHP Billiton, il y a une perception à l’international que le Canada n’est pas nécessairement ouvert aux investissements étrangers.
Il y a aussi des restrictions pour investir dans certains secteurs au Canada, notamment celui des télécommunications. Ainsi, une entreprise étrangère peut acheter un opérateur canadien en télécommunications que si ce dernier détient moins de 10% du marché canadien. Si les parts de marché d’un opérateur canadien sont supérieurs à cette limite, un investisseur étranger ne peut pas contrôler plus du tiers de son capital-action.
Enfin, selon Pierre-Marc Johnson, l’ouverture des marchés publics au Canada (l’achat de biens et de services par les différents niveaux de gouvernements, un marché estimé à 120 G$ CA par année) pourrait aussi avoir des retombées bénéfiques au Canada.
Primo, parce que cette ouverture introduirait une saine concurrence dans ce secteur, ce qui pourrait contribuer à réduire la facture des contribuables canadiens. Secundo, parce que la concurrence européenne pourrait aussi contribuer à réduire «certaines pratiques» dans l’attribution des contrats publics.
Sans les nommer directement, Pierre-marc Johnson faisait référence – et l’auditoire l’a parfaitement compris – aux allégations de collusion et de corruption dans l’industrie de la construction au Québec. Ces pratiques feraient en sorte que les contribuables québécois paient plus cher qu’ils ne le devraient pour certains projets d’infrastructures.